En cette période de misère politique, on est en vacances pour ceux qui ne l’auront pas remarqué, et de vaches maigres économique, la crise est passée par là, nos dirigeants du Nord comme du Sud se doivent de montrer l’exemple. Cet ainsi que ces derniers temps, ceux-ci multiplient les rencontres dans des groupes informelles style G7 ou dans des groupes formelles comme avec le sommet à Syrte, en Libye, de l’Union Africaine (UA).
Mon grand-père, agriculteur et éleveur encore en activité au bled, m’a toujours dit:
Le lait que tu as toi même trait de ta vache aura toujours meilleur goût que celui que l’on viendra t’apporter, quelque soit son origine ou son raffinement.
En résumé, seul le fruit de ton propre labeur a des chances de te faire bouger, pas le fruit de l’effort d’un autre, et tel est, à mes yeux, le problème récurrent de l’UA. Je parle de l’UA, comme j’aurais pu parlé de toute ses organisations régionales ou sous régionales qui pullulent au bled et qui ont pour seul critères d’adhésion la position géographique des pays membres. Je suis sure que si l’on faisait un recensement de ce type d’organisation, régionales ou sous-régionale du continent, certains pays se retrouveraient dans tellement d’organisation qu’on se demande comment ils font pour trouver le temps et les ressources nécessaires et suffisants pour y participer de manière constructif. Je l’ai déjà dis je pense, on est en période de crise.
Récemment je lisais un papier qui disait que l’UA avait vécu et qu’elle devait disparaitre. Au début je pensais que la personne avait tort, mais en y réfléchissant un peu plus, je me suis rendu compte de la pertinence du propos. L’OUA (Organisation pour l’Unité Africaine, ndlr), à sa création, avait une mission claire et la carte de membre pour l’obtenir, à l’époque, il fallait faire quelque chose d’incroyable… devenir ou obtenir son indépendance.
Mais voila, 60 ans plus tard, l’OUA a atteint sa date de péremption car mise à part le cas du Sahara Occidental, l’OUA a rempli avec succès sa mission principale. Donc comme tout produit devenu impropre à la consommation, nos dirigeants se sont retrouvés devant un choix visiblement douloureux pour eux recycler le produit ou rendre publique son acte de décès.
Nos dirigeants, bien inspirés et toujours en avance sur leur temps, ont opté pour le développement durable avant l’heure et se sont mis en quête d’un bon procédé de recyclage, inodore, indolore et qui ne pollue pas. Mais visiblement leurs conseillers et consultants les ont, soit mal renseigné ou soit leur ont fourgué une solution bas de gamme car l’UA est né de ce recyclage. Et cet ainsi, qu’un machin vide a succéder à un projet obsolète. Bref on a repeint la façade mais les problèmes d’isolations de la demeure africaine persistent. L’UA attend simplement au guichet son ticket pour le musé des bonnes idées sur papier pour le bled mais jamais concretisée.
Finalement c’est à se demander si il ne faudrait faire comme pour les projet Open Source. On devrait faire un fork, de l’UA ou de l’autorité africaine (c’est comme ça qu’on l’appelle depuis Syrte si j’ai bien tout suivi 😉 ) ou mieux encore ré-écrire le programme à partir du page blanche. Prendre la partie fonctionnelle de l’UA, si cela existe, et créer un truc bien à membres réduits avec un but précis (c’est important les objectifs!!). Seuls les meilleurs ou ceux qui on réellement envie de faire partie du groupe, parmi les meilleurs, se regroupent. Ils forment alors une équipe réduite sur base de l’excellence économique, juridique et sociale et non exclusivement sur un critère géographique. Une fois le fork établi et stable (oui cela prendra du temps), il devrait mettre en place un vrai système d’intégration avec des critères claires et contraignant pour l’adhérant. Que celui-ci sache qu’il est en train de entrer dans un système fondé sur la méritocratie et non sur le copinage. Il doit savoir d’emblée à quoi il s’expose si il veut joindre le projet. (Toute ressemblance à un projet européen en perte de vitesse ou en manque de souffle n’est que fortuite et involontaire… je vous assure je parle informatique là :ndla).
Car si il y a bien une chose positive à retirer du dernier sommet des chefs d’États Africains. C’est que le bled ne parlera jamais de la même voix tant que nos dirigeants et nous, leur population, nous ne lieront pas librement mais fermement nos destinées. Et vue comme les choses sont parties ce n’est, hélas, pas demain la veille.
Un commentaire
Eddy
J’ai la faiblesse de croire qu’au bled nous n’avons pas d’autres alternatives que de lier nos destinées, et ces identités artificielles que le drame colonial a faconnées en chacun de nous, nous devons les gommer.
Le bled parlera d’une seule voix dès que nos dirigeants seront l’émanation de nos volontés, et non le souhait d’obscurs intérêts étrangers.
Le bled parlera d’une seule voix, parce que tôt ou tard, nous comprendrons que c’est notre UNIQUE chance de salut.