Des Goûts et Des Couleurs

depigmentationL’autre jour ma belle sœur est revenu scandalisée de Matongué-Bruxelles, le quartier afro officiel de la capitale européenne. Le motif de son coup de gueule:  six (6) femmes noires sur dix (10) qu’elle a rencontré étaient décapées, comprendre: avaient subis un traitement d’éclaircissement de peau. Pire que cela, la chose se propageait dans des niveaux inquiétants vers la population masculine. Retour sur une mode controversée.

Certains disent qu’au départ c’était par simple vanité. D’autre affirment à qui veut l’entendre que c’est la conséquence de l’intrusion malsaine des médias occidentaux ( « blancs » ) dans notre paysage culturel qui nous a forcé la main. La vérité doit se trouver quelque part entre les deux car le phénomène bobaraba suit la même logique est n’est pas jusqu’à preuve du contraire une conséquence d’un matraquage médiatique venu d’Europe. Quelle que soit la raison réelle donc, le résultat est là. Le phénomène du décapage puisque c’est son nom est loin de s’estomper. Les produits éclaircissant sont dans mon souvenir d’abord apparus sous le couvert de produits pharmaceutiques puis sous la forme de « savons » et autres « crèmes » et « laits de beauté » dans les échoppes spécialisées. Les produits arrivaient dans un vide législatif qui rendait les utilisateurs méfiants et « discrets ». Il s’est donc développé, à destinations de ceux qui n’avaient pas accès au point de vente top secret, tout un circuit parallèle de produit « artisanaux » extrêmement dangereux sur le plan sanitaire. Puis les plus gros groupes pharmaceutiques ont fini par peser le poids financier réel de ce marché et les produits sont devenu plus professionnels, plus sûr mais aussi …plus cher.

Je vois tout de suite deux conséquences fâcheuses. La première est l’arrivée en force de gros groupes anglo-américains ayant pignon sur rue comme Johnson Products et autres labos parisiens comme HT26. Ils sont donc sortis des tabous et apparaissent au grand jour à tel point que les salons cosmétiques en proposent en vitrine et plus sous le manteau. Mais ce mouvement a en quelque sorte légitimer leur usage. C’est la porte ouverte pour une flopée de jeunes filles et jeunes hommes qui hésitaient encore avant de tenter l’expérience. Je compare la perversité de cet effet à celui des stars de la rumba Congolaise qui du jour au lendemain se sont toutes décapés envoyant un feu vert lourd de conséquence à leurs fans ( Bozi Boziana , King Kester, JB Mpiana et ses amis de Wenge Music et j’en passe – nlda).  Le deuxième effet de bord et que qui dit commercialisation professionnelle dit gradation dans la qualité des produits proposés. La qualité des produits augmente avec leur prix. La jeune étudiante de Bamako aura beaucoup de difficultés a se payer la gamme complète des produits offerts par la boite de cosmétiques de Iman. Elle va donc se rabattre sur des produits bas de gamme de qualité et de garantie plus douteuse. De plus les personnes qui la croiseront pourront directement la catégoriser socialement sur base de la qualité de son décapage. Quelle ironie:  le produit utilisé pour cacher sa condition s’avère en être son révélateur.

Je me souviens d’une joute verbale entre ma sœur ainée et ses copines décapées ou en route vers le décapage. A un moment de la conversation l’une d’elles lui a lancé: « mais tu ne peux pas comprendre, toi tu es claire« . C’est que m’a sœur, à l’opposé de moi qui suit noir comme ma mère, est claire comme mon père et l’absence de soleil en Europe « aggravait » son cas. Cette épisode m’a amené à penser que plutôt que de lutter par la loi ou la terreur contre le phénomène il faut plutôt, en plus de fournir l’information sanitaire obligatoire, offrir une alternative crédible. Bombarder des clips de Akon et Seal à la télé ou organiser des concours de Miss Non Décapés ou Miss authentica comme en Côte d’ivoire récemment sont sans doute des moyens extrêmes. Mais plus généralement, c’est tout ce travail pour combattre le déficit d’image des africains qui va à la longue se révéler payant en donnant à nos frangins et à nos sœurs les références nécessaires pour être fières de ce qu’ils sont.

Reportage de la Radio Télévision Canadienne sur le sujet

Téléjournal – Changer de teint au péril de sa vie posted by Radio-Canada

Dans la même veine

8 Commentaires

Les blancs cherchent a devenir plus noirs (bronzer) ; les noirs plus clairs. Jamais content l’être humain !

Que la couleur de peau soit utilisée en Afrique comme marqueur social ne m’étonne guère. Au 19ième en Europe, on faisait tout pour éviter de bronzer. La peau claire était à la fois signe de beauté et indicateur social ; celle d’un bourgeois qui ne participait donc pas aux travaux des champs.

C’est dans les années 60 & 70 que le bronzage est devenu à la mode en Europe : alors qu’il n’y avait plus de paysans, être bronzé (surtout en hiver) démontrant qu’on avait les moyens financiers d’aller se payer des vacances au soleil.

Les comportements ont l’air semblables de part et d’autre, mais à première vue seulement, car en y regardant de plus près, il y’a comme une nuance ..qui fait toute la différence.

Le blanc qui bronze ne le fait pas parce qu’il a un quelconque complexe avec sa couleur de peau. Son bronzage, comme tu nous l’expliques si bien, c’est juste pour montrer que lui « aussi » était en vacance. Une sorte d’attribut social si on veut, un peu comme la bmw dans le garage.

Le noir qui fait du khessal A un probleme avec la couleur de sa peau, believe me. Il/Elle pense devenir un(e) tout autre homme/femme, parce que dans sa tête, et c’est pour cela que je parle de dommage psychologique, une peau sombre, c’est une malédiction dont il faut s’éloigner au plus vite.
D’ailleurs, aux Antilles, ne parle-t-on pas de « peau chapée » pour les peaux claires? « Chapée » ici dans le sens de « tu as réchappé » ou tu l’as échappé belle.

De ce point de vue, il n’y a pas tant de similitudes que cela, à mon avis.

Objection votre honneur. La plupart des filles « rose bonbon » que je connais bronzent ou se mettent de la crème pour brunir le teint même en dehors des périodes estivales. D’une part c’est parce qu’elles sont elles aussi victimes de l’image des médias qui veulent des teint bronzés mais également afin de ne pas « avoir l’air malade » me disent-elle. Ils semble que les 2 extrêmes, blanc et noir, veulent converger vers un juste milieu. Pour les jaunes, rouges et autres gris je n’ai pas encore développé d’hypothèse (lol).

Objection rejetée !
Priere de relire mon commentaire à tête reposée.
La nuance est subtile, mais elle vaut son pesant de kassava.

euh bonjour  » MASTAP » sache que en inde le décapage existe aussi car les femme plustot « sombre » labas sont victime de l’image de « bollywood » c’est à dire les stars de Cinémas clair . et que les soidisant les femme plutot « foncé  » sont les plus pauvre blabla donc stp s’a existe belle et bien. et en Asie aussi . S’a se fait partout pour des Différentes raisons !

@wawata – Merci pour l’info – Le problème à l’air plus Universel que je ne le pensais. Mais cela n’en demeure pas moins un problème préoccupant.

eh Ouaais ! en france les blanc veulent bronzer parce qu’il n’aime pas etre blanc , quelques chinois ne veulent etre « jaunâtre » foncé d’une façon donc pâle hein , quelques noirs veulent changer de beau pour plusieurs raisons que sa soit estétique ou pas , les indou pour la célébrité et les Mari idéal. =)*le monde est fait ainsi

Laisser un commentaire