Et hop, cette fois-ci, c’est le président du Cameroun Paul Biya qui s’y colle et qui vient de remanier une bonne partie de son équipe gouvernementale. N’importe quel blédard qui lit cette colonne me dira que ce genre d’évènements se passent régulièrement dans son bled dans l’indifférence générale sauf, sans doute, pour les ministres remerciés. De quoi se poser des questions sur les méthodes de composition des gouvernements au bled, parfois même quand tous les rapports nous disent que tout va bien?
A la base, comme vous le savez tous, nous vivons pour la plupart dans des systèmes <sarcasme>démocratiques</sarcasme>, il est donc normal qu’à la suite d’un processus électoral majeur à l’échelle nationale l’on opère si ce n’est un changement, un réajustement de l’équipe en charge de la gestion du pays. Cette exercice vise à ce que la composition de l’exécutif reflète mieux la nouvelle tendance qui vient à se dégager des urnes.
Si le changement est bien visible en cas d’alternance du pouvoir, c’est à dire, quand l’opposition sort gagnante des élections. Dans le cas d’une continuité de pouvoir, le gouvernement est toute de même retouché ce qu’il faut pour montrer à l’électeur que l’on a compris son message. Le parti en profite alors, d’une part, pour mettre sur la touche les aventuriers du gouvernement, les trublions, les erreurs de casting et autres ministres en poste ayant raté leur prestation. D’autre part, il récompense les chasseurs de voix, celui ou celle qui a, de par son job sur le terrain, permis de garder la majorité. Mais alors que penser d’un remaniement en dehors d’une période électorale ? Ça me laisse perplexe et je cherche avec votre aides des pistes de réponse.
Sans élection pas moyen de savoir dans quel sens penche le peuple. Donc la composition du gouvernement va devoir utiliser d’autres outils de mesure des tendances. Je pense directement à des outils qui ont fait leurs preuves comme la vitesse et le sens du vent, le bruit des osselets, ou bien la distance parcouru par un coq fraichement décapité. Plus sérieusement, on constate que tout se joue à celui qui à le mieux fait la cour au président dans le trimestre qui précède les nominations.
Le remaniement ministériel « à la gabonaise » tel que croqué par Pahé
Le processus peut aussi prendre une tournure cocasse. Regardons le cas du Gabon ou le gouvernement démissionnaire à été reconduit à l’identique par la présidente par intérim. Cela a laissé un arrière goût d’impuissance de la dame.
On m’a aussi raconté l’histoire de ce gars brillant étudiant blédard, coincé en Europe à faire un thèse sans fin, et qui avait interpellé le Président d’une question pointu lors d’un de ses passages au Nord. Celui-ci ne trouvant rien à répondre lança du tac au tac, « Et toi comment tu aurais fait? ». Et le gars zélé et excédé sort de but en blanc la solution défendu dans sa thèse. La semaine qui suit il a reçu un appel lui disant qu’il venait d’être nommé Secrétaire générale au Ministère des Finances. Comme ça sur un coup de tête. Sur une inspiration du moment. Attention qu’on me comprenne bien je n’aborde pas ici la question de la compétence des personnes nommées mais la méthode de sélection. Vous connaissez sans doutes, chers lecteurs, mieux que moi ce dossier. Non. Ce que je souligne ici c’est la nomination à un poste politique d’un personne n’ayant aucun profile politique.
Pas mal de nos dirigeants, et de nos dirigés, sont partisans d’un exécutif avec un pouvoir présidentiel fort, là où le président se mêle de tout plutôt que de se protéger avec des ministres-fusibles. Ce genre de système est géré comme une entreprise où le président nomme et vire qui il veut, dans le meilleur des cas sur base d’un cahier de charge et sur une évaluation des performances. C’est ce genre de système qui adore les profiles comme celui de notre thésiste. La seule vrai élection dans un tel pays est alors la Présidentielle et elle catalyse toutes les attentes et frustration de la population, candidats ministres compris.
Dernière recette maison que je vous livre comme je l’ai constaté: l’équilibre régional. Si mon pays à 6 régions géographiques, je vais nommer 2 ministres issues de chacune des régions et le tour est joué. Seulement voilà , il s’agit du gouvernement et pas de l’assemblée nationale. Peux importe si je nomme 12 bamilékés aux 12 postes ministériels à partir du moment que c’est politiquement justifié (je vois les bétis, doualas et autres bassas ruer dans les brancards – hé hé hé ) .
Mais si la politique me force à choisir dans les groupes géographiques/ethniques/sociaux/religieux ou que sais-je encore, c’est que mon pays n’a pas encore acquis la maturité politique nécessaire pour jouer à la démocratie … comme les grands.