« It’s all about the Benjamins » – P.Dddy,Lil Kim, The LOX and The Notorious B.I.G
Encore une fois des gars qui n’ont rien compris à ce 21 siècle (et à celui d’avant d’ailleurs) ramène sur la table le problème de la prétendue crise du cinéma africain. Il me semblait que le public avait été clair la première fois en refusant de se déplacer pour regarder des films d’auteur. Mais non, ça n’a pas suffit. Les intellos du 7ème art sont revenus de plus belle avec leurs pleurs et lamentations. Alors pour la bonne cause je vais leur expliquer une dernière fois.
A l’origine le cinéma en Afrique comme partout ailleurs était une curiosité. Des images qui bougent, du son, un grand écran, des décors qui ressemblent à la réalité, c’était magique. Et puis, peu à peu, on reconnaît les visages et on découvre que tout cela raconte une histoire, intéressant. Mais avec le temps, la magie s’estompe et on s’intéresse vraiment à cette histoire et très vite le verdict tombe: les histoires racontés par ce cinéma là prennent la tête. Et pour cause, le cinéma proposé au africain est un cinéma d’auteur à l’européenne. Les directeurs/réalisateurs/scénaristes sont tous des grands maîtres avec de grandes thèses et de grandes idées à défendre. On les voit exhiber leur bébés dans tous les festivals du monde entier non sans fierté. Et les dits festivals leur font (parfois) honneur. Mais voilà entre temps le public d’origine a lui aussi passé la frontière. Il est allé voir d’autres cinémas et il les a trouvé… passionnant.
Parce que il ne faut pas se leurrer. Le public africain est africain mais est surtout un public. Et comme tous les publics d’aujourd’hui il veut aller au cinéma pour s’amuser. Et, reconnaissons le, les films d’auteurs ne sont pas très fun. Très vite les investisseurs ont repérés le phénomène qui s’installait dans le public. Ils ont retirés leurs billes des grosses productions d’auteur et on commencé à importer des blockbusters étrangers. Tous les films des majors de Hollywood y sont passés mais également ceux de Bollywood.
Et puis des aventuriers munis de 2 sous et une fausse caméra ont tenté l’impensable avec des acteurs locaux tout aussi aventuriers. Et là l’effet a été immédiat. A l’instar de ce qui se passe avec la production télé où un Ma Famille bat tous les records, les cinéastes populaires ont détrônés les grands maîtres. Très vite toutes les sous régions culturelles du continent ont eu leur petite industrie du rêve. Il y a Nollywood au Nigeria, Hillywood au Rwanda, l’Afrique de l’ouest Francophone oscillant entre Ouagadougou, Bamako et Abidjan et bien sur l’ogre Sud Africain. J’ai d’ailleurs personnellement déjà mis de coté assez pour payer mon ticket de District 9 mais le dernier Soulaymane Cissé il devra attendre. Avec ça vous n’allez quand même pas me dire que le cinéma se porte mal ? Le cinéma d’auteur, peut être, mais faut-il résumer le cinéma africain à ce secteur ?
A mon humble avis, le péché du cinéma d’auteur est qu’il est victime de sa hauteur. Il en a oublié que pour faire un film d’auteur il faut avant tout de l’argent. Et que celui-ci ne vient que si ont à la preuve de la banquabilité de l’œuvre réalisé. Hors il est vraiment difficile de vendre un film d’auteur, africain ou pas, même si celui-ci est auréolé de 4 oscars, 2 étalons et 3 palmes.
Qu’on ne se trompe pas sur mes propos. Je pense que tous les genres de cinémas méritent de subsister, films d’auteurs compris. Mais les auteurs et producteurs de ce genre de film doivent aussi comprendre que seul un cinéma populaire peut générer les fonds dont ils ont besoin. Mon conseil serait qu’il descende de son piédestal et qu’il comprenne que le cinéma populaire est son ami car seul lui peut dégager les lards nécessaires pour sa survie. A bon entendeur …..