Z-News ce sont les Guignols de l’Info version sud africaine. Le show en développement depuis un an a déjà englouti 1 million de rands preuve du sérieux mis dans la production. Cependant, il ne sera pas retenu dans la grille de programme de la première chaîne du pays. Ce triste épisode nous amène a nous demander si les politiciens africains peuvent réellement encaisser une blague à leur dépend.Z-News reprend à son compte la formule introduite en Europe par les anglais de « Spitting Image« . Pour mettre en situation comique des figures publiques on a recourt à des poupées animées. Le choix de poupées n’est pas innocent: elles signalent au spectateur le caractère humoristique du show. Mais c’est là où ça coince car il semble qu’on ne peut pas rire de tout et de tout le monde.
Les shows comiques comme les Guignols d’Abidjan font l’unanimité chez les téléspectateurs africains car ils se moquent des gens dans leur vie de tous les jours. Mais ils évitent soigneusement de toucher aux politiciens… dans le cadre de leur mandat. Pourtant ce sont des personnages publiques au même rang que les stars de la chanson ou du petit écran. Le problème c’est que ces personnes tiennent très mal la critique voire une simple allusion même involontaire. Le chansonnier comique Francis Bebey en sait quelque chose. Mal lui en a pris quand il a chanté son tube Agatha devant l’ex président rwandais Habyarimana sachant bien que c’était le prénom de sa femme. Son concert s’arrêta là et il fut reconduit à la frontière le lendemain.
Ce qui me désole dans le cas particulier de Z-News, ce sont les raisons officielles avancées par la SABC. « Le public Sud Africain n’est pas prêt pour un show de cette nature ». Vous rigolez ou quoi ? Affirmer cela c’est faire fi des blagues sur les politiciens qui fusent à tout va sur les places de marchés, les bars, les dancing et les bureaux du continent. Par exemple, a l’instar des chanteurs et des footballeurs, la plupart de politiciens africains ont un surnom: c’est là la forme première de la satire car ce surnom découle d’un trait de caractère ou d’une action réelle. Le public serait donc prêt pour les ATT (Mali), les TGV (Madagascar) , les M7 (Ouganda) et autres Mollah Omar (Gabon) et pas pour une petite pique sur un de leur discours ?
Mais que craignent ils donc tous ? Pour les uns c’est la diffamation. Relax les gars: ce n’est pas possible puisque ce sont des blagues, ce n’est pas du sérieux! Ceux qui veulent du sérieux, regardez le journal. Les autres craignent une atteinte à leur vie privée. Encore une fois c’est infondé puisque le studio et le diffuseur sont là pour valider en amont que le spectacle ne viole pas le code d’éthique. Tous, enfin, craignent que leur superbe en prenne un coup. Et c’est là, pour moi, le nœud du problème. A force de s’ériger en chef du village voire en demi-dieu nos politiciens se déclarent de facto infaillible et irréprochable. Or, ce sont des femmes et des hommes comme tous le monde avec leurs défauts et leurs qualités. Pour une fois que quelqu’un se propose de les aider, il en prend plein la gueule. Car ce sont effectivement les créatifs, caricaturistes, humoristes et chroniqueurs, qui sont attaqués rarement les télés ou journaux. Ce qu’ils oublient c’est ce que peut leur rapporter une telle exposition quotidienne. Tous les analystes politiques s’accordent à dire que les Guignols de l’Info français sont à la base du second mandat de Jacques Chirac. Et bien, le SudAf Zuma pense, lui, gagner les élections vu que Z-News est annulé.
Zapiro, l’auteur, et la production des Z-News n’ont pas baissé les bras après le coup bas de la SABC. Ils cherchent à présent un diffuseur moderne, comprenez « basé sur internet ». N’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur le Facebook de Z-news et vous comprendrez que le succès populaire et assuré pour ce show. SABC comprendra alors qu’il a raté un train qui aurait pu lui assurer des rentrée substantielles.
2 Commentaires
nyamsprod
Tiens, la remarque de la télévision sud-africaine laisserait sous entendre que
– soit les africains sont tellement débiles qu’il ne peuvent pas faire la distinction entre humour, satire et jugement politique.
– soit les médias sont tellement refermés sur eux-même qu’ils ne connaissent pas suffisamment leur audimat ce qui serait un comble pour une chaîne télévisée.
Bref, dans tous les cas, le bled est mal partie avec une auto censure aussi grossière et primaire.
Eddy
Pour vous dire les choses franchement, quand je vois comment sur le net par exemple, nous réagissons (ou certains d’entre nous réagissent) à la critique, eh bien ca ne m’étonne pas que ceux d’entre nous ayant un peu de pouvoir, tirent à boulet rouge sur ce genre d’émissions satiriques.