CECI N’EST PAS UN BILLET SUR HAITI. Le titre n’est là que pour appâter les moteurs de recherches et autres agrégateurs d’informations si chers à LPN. Non, ceci est un billet sur un genre musicale particulièrement visible en temps de catastrophe humanitaire, un état quasi permanent sur notre planète en général et au bled en particulier, et donc à fortiori, en ce moment où le peuple haïtien tente de se sortir de la mouise.
Ce genre musicale trouverait ses racines dans les années 80 suite à la catastrophe humanitaire qui avait sévit en Éthiopie. Pour d’autres, c’est le mouvement hippie des année 70 contre la guerre au Vietnam qui a montré la voie de la sensibilisation par la chanson de masses qui, d’en d’autres circonstances, n’aurait jamais été au courant des enjeux (et c’est là son plus grand tort). Officieusement, c’est pourtant « Do They Know It’s Christmas ? » qui a lancé le genre.
Do They Know It’s Christmas ?
L’idée est simple: on réunit en un temps record le top des charts musicaux et du box office cinématographique (les acteurs savent chanter semble-t-il :ndla) sur une chanson à thème afin de récolter des fonds supplémentaires pour venir en aide aux victimes d’une catastrophe extraordinaire. Toutes les cameras et micros qui perdaient leur temps à suivre ces stars jusqu’au petit coin se retrouvent finalement en train de couvrir un « vrai » événement: la dite catastrophe. Ce système a fonctionné pour toutes les catastrophes des années 1980 (Ethiopie des Chanteurs Sans Frontière), 1990 (Irak Episode 1 avec Voices That Care) et 2000 (Ouragan Katrina et « What More Can I Give« ) mais à connu son point d’orgue en 1985 avec « We Are The World » de USA for Africa.
Mais nous sommes aujourd’hui en 2010 et les choses ont bien changé. Les stars des années 80 sont à présent des légendes et on ne touche pas aux légendes alors à fortiori on ne touche pas à leur patrimoine. Il devient donc de plus en plus difficile pour un producteur contemporain ou un artiste philanthrope de mettre sur pied une telle initiative. Tout d’abord il y a un problème de casting. Peu importe qui l’on sélectionne, il y aura toujours des haterz, votre serviteur en tête, plus ou moins bruyants pour remettre en question le présence de tel ou tel « artiste ». Un exemple aiment pris au hasard: 1 Geste Pour Haïti initié par Bisso na Bisso Passi.
Un geste pour Haïti
Premier point: J’en vois dans le casting qui sont soit sur le retour, soit des has been, soit en panne d’inspiration ou pire inconnus de 99% des français. Ce sont pourtant eux (les français) qui sont ciblés. Cela ne devrait pas les priver de chanter (très bien même) pour Haïti mais le but premier de l’exercice c’est de ramener du « flouz » et de l’attention médiatique. Il aurait donc était plus efficace de privilégier des artistes médiatiques au dépend, hélas, de bons artistes (ndla: oui, ce ne sont pas les même).
Deuxième point: En parlant de Passi, le hip-hop a sérieusement directement et indirectement affecté la pertinence politique et sociale du message. Ce genre de chansons contient généralement un constat de la « cata » puis une liste de bonnes intentions. Mais le hip-hop a habitué les gens à aller plus loin que le simple constat: en expliquant les tenants et aboutissants tout en citant les noms des responsables quand il y a lieu. Du coup les chansons caritatives sonnent très « molles » voire angéliques pour décrire une situation qui ne l’est pas.
Troisième et dernier point, car l’exercice anodin n’est pas aussi simple qu’il y parait car il ne faut pas oublier que cela doit rester une belle chanson. Les gens doivent l’aimer et pouvoir la reprendre à leur compte au bureau, dans la rue et en karaoké. Or la plupart de ces chansons ne tiennent pas le poids des ans et ne possède pas le hook ou le refrain accrocheur que m’imposerait un devoir d’action.
En clair, Chanter, même (très) mal, pour un cause ce n’est pas un mal en soit. L’intention est louable même si je reste convaincu que la plupart des gens aujourd’hui n’attendent pas d’être motivé par une chanson pour contribuer financièrement. Le message est tel qu’il clou le bec des haterz quelque soit l’entorse faite au genre. Mais il reste que le mélomane en moi ne peut s’empêcher de regretter que de tels rassemblements d’artistes ne permettent d’accoucher que d’une souris.
We f**ck the World – Les guignols