Je blogue donc je suis

En me rendant sur le blog de Nadytch, cette semaine, j’ai remarqué qu’elle se permettait des infidélités à son premier amour et tel votre serviteur en son temps, notre blogueuse ivoirienne se mettait au service d’africa2point0.com pour pallier à la lenteur de publication de son auteur principal Etum 😉 .

Dans ces propos, ce qui a retenu mon attention est son explication de la faible représentation des femmes dans l’univers du Web Africain Francophone ou WAF (pour le WAF,  c’est moi qui rajoute :ndla). Sur ce, je lui est fait remarquer que j’étais en désaccord sur le fait que la barrière principale était technique, je suis contre l’idée préconçue que les hommes seraient soit disant plus enclin à maitriser les techniques du net que les femmes. Etamba lui a une explication plus simple en forme d’interrogation que je résumerais ainsi: Quel est la valeur ajoutée apportée par un blog à une femme (ou homme :ndla) du bled ? C’est une autre formulation de la sempiternelle question économique de base, revue et corrigée pour les blogs, est-ce que l’offre est en adéquation avec la demande… si demande il y a ?

Je dois dire que je suis plus proche de la position d’Etamba mais à une nuance près, ce qui explique ce poste d’ailleurs. J’ai remarqué, mais je peux me tromper, et je ne doute pas un instant que mes lecteurs me corrigerons, que la plupart des blogueurs du WAF, du moins les plus lus (je n’oserais utiliser le terme d’influents :D) sont de formation journaliste. En clair, le blogueur servant d’exemple et censé montrer la voie au niveau du WAF est un professionnel de l’information re-convertit aux TICs soit pour avoir un contact plus rapide avec ses lecteurs, soit parce qu’il est plus libre de s’exprimer sur son blog que dans le journal pour lequel il travaille régulièrement.

afrique-web

De ce constat je retire déjà une conclusion qui n’engage que moi: si le blog c’est démocratisé hors bled c’est parce que toutes les couches de la société y avait accès. Au bled, tout laisse donc à penser, malgré des plateformes comme ivoire-blog, que seule une élite d’intellectuels ayant les moyens, peut se permettre le privilège de bloguer. Je ne dis pas cela pour créer une polémique là ou elle n’existe pas mais si on y réfléchit bien vous verrez que je soulève là un lièvre.

Pour bloguer il faut réfléchir à ce que l’on va dire, l’écrire, le corriger puis le mettre en ligne via une interface. S’assurer qu’une fois en ligne ce que l’on a écrit est correctement restitué et enfin le publier pour la joie de vos lecteurs potentiels et accessoirement du monde (via les moteurs de recherche). Bref, pour bloguer, il faut une connexion digne de ce nom et pouvoir aménager un temps non négligeable, à la tenue et au suivie de son billet, dans son quotidien. A l’inverse les sites de socialisation eux sont le domaine de l’instantanée. Je vois quelque chose, je le partage avec ma communauté ou je fais un commentaire dessus et hop c’est en ligne. le site de socialisation est donc plus facile et plus accessible pour une personne dont la connexion n’est pas assurée 24h/24. Du coup, l’écrasante majorité des internautes du bled se rue sur les sites de socialisation et délaisse le blog de par ses multiples contraintes intrinsèques.

Autre paramètre à ne pas négliger: un blog s’adresse à toute personne qui tombe dessus, les sites sociaux, eux permettre de recréer des communautés. De fait, n’importe qui ne peut pas accéder aux profils, aux contenus et aux discussions d’une personne sans son consentement. Les internautes peuvent donc gérer qui accède à quoi dans leur univers virtuel. Ce semblant de protection de la vie et de l’opinion privé est aussi permis dans un blog, mais plus difficilement. Les blédards, sans doute échaudés par des années de dictatures n’ont pas l’habitude de se livrer entièrement sur la toile. Et aussi bizarrement que cela puisse paraitre, pour qui connait réellement le fonctionnement des sites communautaires, il pense être plus à l’abri dans une discussion à bâtons rompus sur les MSN, hi5 et autre Facebook qu’en exprimant leur opinion sur un blog qu’il juge plus ouvert et donc plus visible. Le blédard a peur des éventuels répercussions sur sa vie réelle consécutives à ses actions sur la toile virtuelle, qu’il s’agisse de ses écrits sous forme de postes comme sous forme de commentaires.

Quoiqu’il en soit l’analyse de ce comportement réelle devrait nous amener à créer de meilleurs outils pour permettre au bled de mieux s’exprimer sur le net et de ne pas le transformer comme c’est la cas pour l’instant en une télé mondiale où le navigateur sert de télécommande et les sites sociaux de chaînes thématiques. Qu’en pensez-vous ?

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3 Commentaires

Bonne analyse que je partage entièrement. Cependant la question du: « Qu’est-ce que cela m’apporte de bloguer? » ne semble pas avoir été posée. Ne joue-t-elle aucun role dans cette problématique?

Très bonne analyse…C’est bien dit en tout cas, il faut juste que les « blédards » apprennent à s’assumer et à reconnaitre et considérer ce qu’il peuvent apporter de positif à ce qui a déjà été fait; avant qu’on ne réfléchisse à ce qui les rendrait moins craintifs ou bien ? 😉

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