revue: Tokooos par Fally Ipupa

Fally fete ses 40 ans en nous sortant un nouvel album. En plus de 20 ans il est passé de danseur à choriste pour Koffi Olomidé puis à star africaine en solo. Je dis bien star africaine car Fally est résolument un des plus grand produit d’exportation de l’art du showbizz rd congolais. Avec une moyenne de trois minutes et des poussières par chanson c’est résolument un projet différent de ce que les congolais proposent d’habitude. Les radios auront de quoi remplir les playlists dans risque de perdre des annonceurs. Je mets mon casque de suite et écoutons nous tout ça.

Kiname feat Booba: ça démarre avec une hymne de soirée de Kinshasa à Paris (Paname). Fally chante en français, en tout cas le premier couplet et le refrain, quel choc. Booba est en mode service minimum:aucune de ses punshlines ne me marque et on dirait même que son nouveau flow le met en contre temps. Ce son a eu droit à un clip et est désormais disque d’or. Comme quoi tout est possible grace à un bon marketing un titre moyen peut être récompensé.

Fally Ipupa feat. Booba – Kiname (Clip officiel) posted by Fally Ipupa

Esengo: « La vie est panoramique » ? Ah non, « la vue est panoramique ». J’ai des difficulté avec l’accent RD congolais de Fally d’entrée de jeu. Heureusement que les parties en lingala rattrapent le truc. La production est une fusion ambiant/electro/soukouss passe bien c’est une bonne surprise. Le refrain prend bien aussi.
Na Lingui Yé feat MHD: Le rappeur malien rend la politesse à Fally qui avait été featuré sur son projet. Ce titre est un son dans le style de MHD en fait, et Fally est en feat sur son propre album. ça fait trois titres et ça danse toujours. Alley tu vas avoir droit à un clip toi aussi.

Fally Ipupa – Na Lingui Yé feat. MHD (Clip officiel) posted by Fally Ipupa

Yakuza feat. Wizkid: Ouverture vers l’Afrique de l’Ouest anglophone. Wizkid le petit naija qui n’arrête pas de monter est ici en feat sur un afrobeat bien de chez lui. ça fait étrange d’entendre la voix de Fally passer dans des filtres de distortion: le garçon avait quand même percé parce que justement il avait une voix qui n’a pas besoin de ça.
Mannequin feat. KeBlack & Naza: Ok c’est bon j’ai compris la stratégie de ce projet. On a ici un son typiqye de KeBlack et Naza avec en plus la voix de Fally. D’accord ils sont entre Z mais clairement c’est une tentative de « vendre » Fally au nouveau public français friend de l’afro trap.
Tous le monde danse: on dirait un son de Maître Gims. « la bibi coute cher mais tout le monde en veux »: clairement Fally n’a pas écrit ce texte. Je sais qu’il fait très jeune visuellement mais c’est quand même un tonton.
Guerrier feat Shay: On continue la tournée des boites de prods et on arrive chez les belges qui produisent la rappeuse Shay. C’est une chanson que je qualifierais de rapide. J’avais une apréhension vu que je soutiens le projet Shay mais je suis rassuré car elle s’en sort bien. Polémique cependant: la chanson s’appelle seulement « Guerrier » maintenant et on a dropé le « Bantou ». Qui ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Il y a là matière à polémiquer pour vous faire perdre du temps.
Siamois: Enfin un son posé à la guitare sêche. On dirait un texte de Christophe Mae. Ca colle avec la voix de Fally donc j’adhère à la chanson. C’est d’ailleurs le premier son qui exploite vraiment toute l’étendu des capacités vocales de Fally.
Posa: Encore un beat trance/house/electro. Fally descend dessus en lingala donc ça passe crème. Je crois que un album entier dans ce style aurait vraiment été un message fort. Les DJ electro d’Afrique du Sud vont se régaler avec ce titre.
Ca va aller: produit par Double X qui a même le droit de signer son blaze dans la chanson. D’habitude ils font du rap mais ici ils s’essaient au cool jam. Cette chanson n’est pas mauvaise en soi: texte et instru sont de qualité. Mais je ne sens pas qu’elle colle avec la voix et la style de Fally.
Jeudi soir: On dirait un son rumba mais écrit et interprété en français. Tout comme les chanson de zouk qui ne sont pas en créole: ça gène. Heureusement au milieu de la chanson Fally s’en rend compte et repasse en lingala. Trop tard hélas car le mal était déjà fait.
Bad boy feat Aya Nakamura: Sans doute le son de la promo qui m’a le plus plu. Plus que Kinamé ci-dessus. Ce qui m’a énervé par contre c’est la video où le réalisateur refuse systématiquement de montrer les pas de danse en filmant tout en plan américain.

Fally Ipupa – Bad Boy feat. Aya Nakamura (Clip officiel) posted by Fally Ipupa

Boulé: Double X revient une seconde fois en mode mellow (puis up tempo). Cette fois il nous fait du R&B français des années 90. Encore une fois c’est bien dans le concept mais je vois un Fally trop vieux pour ce style.
Belle-fille: 14eme titre, ça commence à faire long. Encore une dose de afro trap à la française. Je soufre les couplets en français jusqu’au refrain en lingala qui lui passe crème. Ce son aurait encore mieux marche sous forme de featuring avec un de ces chanteurs de Wati-B.
Champ: Sans doute une hymne à un sportif quelconque. Musicalement c’est le premier son de l’album qui est du vrai Fally. Mais hélas les paroles françaises (sans ghost writer cette fois on dirait) ne pèsent pas lourd.
Nidja feat R.Kelly:« Money not talk », vraiment. Fally en anglais sur une rumba sulfureuse. J’aurais tout entendu dans ma vie et c’est formidable. Robert « Pied Piper » Kelly rentre très (trop) bien dans le son, sans aucun effort. Mes appréhensions sur ce feat périlleux sont levées.
Juste une danse: Alors là j’attendais cette chanson plus tôt. Elle est fraîche et moins artificielle, moins électronique que tout ce que nous avons eu jusqu’ici. Elle a un parfum rétro que j’apprécie vraiment.
Eloko Oyo: La reprise de la chanson d’anthologie Mabele Elisi est une bonne conclusion à cette album. Comme pour dire que l’intermède de chansons formatées pour le public francophone est close et que l’on repasse aux choses sérieuses du pays.

Conclusion:
Fally Ipupa vient de nous livrer une experience intéressante d’immersion dans la musique populaire francophone/française moderne. Cette ouverture à l’internationale était obligatoire après la parenthèse congolo/congolaise du double album « Power/Kosa Leka ». Ceci dit c’est un pari osé de s’adressé à un public beaucoup beaucoup plus jeune que son publique traditionnel. C’est sans doute pour cela que l’on retrouve des titres « pour les vieux » au delà du 10eme son.

Titres conseillés: Bad Boy, Nadjia, Juste Une Danse, Eloko Oyo

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