L’un des problèmes lorsque l’on prend de l’age et que l’on est un mélomane c’est que au bout d’un moment on a l’impression d’avoir déjà tout entendu. Surtout depuis que le secteur professionnel du showbizz encourage le recycle permanent de tout ce qui à vingt ans d’age. Aussi pour éviter de se répéter des gens comme moi se sont tourné vers le rap. Mais le rap lui aussi a fini par atteindre sa vitesse de croisière. Ultime solution, changer de tropique. Il me faut quitter le rap us et/ou européen et voir ce que nos frère blédards on fait de ce style musical. Il y a quelques années ils en étaient encore à copier/coller les Ricains et les Européens, bref à chercher leur marques. Mais aujourd’hui tout à changer. Les blédards se sont détacher de ces influences qui ne correspondent pas à leur langue, leur contexte social et leur historique et n’ont gardé qu’une chose fondamentale la technique de production. Et pour quel résultat ? C’est ce que Jovi va nous montrer dans ce qui suit.
Mboko God – Positioning (feat. Reniss, Shey and Tilla): Ça démarre tranquillement avec des chants afro sur un air « ambiant music ». Déjà le mélange de langue se fait entendre. Le pidgin mélangé au français, à l’anglais et à des langues que je n’arrive pas a identifier fait mouche. La rappeuse en feat pose trop bien et en profite pour ajouter des vocalises de qualité. Le son est du rap mais reste afro et très rythmé grace à une guitare électrique. Jovi amène la chanson dans un trip plus moderne à grand renfort de distorsions vocales.
Nyongo Money (feat.Abracadabra): cette fois ça démarre sur une animation rumba congolaise mais sur un rythme traditionnel. Jovi prend le relais en sautant de l’anglais au pidgin avec un essence déconcertante. Enfin un mariage réussi entre rumba et afrobeat, et ce grace au hip-hop: qui l’eu cru.
B.A.S.T.A.R.D (feat Reniss): Sonorité plus urbaine pour ce son. Ici le rap de Jovi a des accents de rap sénégalais en wolof. On note le retour de la rappeuse du premier son sur le refrain.
Beat Taoe Session (feat Tilla, Teddy Doherty, Pascal and Inna Monney): Une tonne d’artiste en feat est ce que ça peut marche. Pas vraiment mais ça reste maîtrisé techniquement. Le beat rappel le rap/neo-soul des debut des années 2000. Intéressant d’entendre des africains rapper 100% en anglais et en français. Cela sonne plus … artistique que les trappeurs qui domine le rap occidental de nos jours.
Comme Moundi (feat Shey): Ah , on revient sur des sonorités du bled. Un petit soul pseudo makosa bien des chez les Camers. Superbe refrain suave de Shey en feat. J’espère que ce son sera clipé car il met bien sur le dance flore.
Mboko God – Status: Premier son en solo et premier son en style pseudo trap de l’album. Il tombe en 6 eme position de l’album c’est donc un record. Evidemment comme c’est du trap c’est moins travaillé dans le fond et tout est mis dans les effets vocaux et dans des punchlines à 200 FCFA.
Top Level: Encore un beat urbain mais avec des vocalises afro donnant dans le vaudou. Ici par contre il semble que tout est dans le fond. Il faut que je trouve un camer pour qu’il me traduise les paroles
CASH (mets l’argent à terre): Le son qui m’a fait découvrir Jovi. avec un clip de la mort qui tue que je vous propose de regarde plus bas. La sœur qui lâche les « mets l’argent à terre » est tellement vrai que je comprend directement ce qui manque au rap européen : l’authenticité.
Man Pass Man Part 2: J’imagine que la première partie de ce son est sur le premier album que je n’ai jamais entendu. Jovi rentre dans le son en anglais. Son posage en anglais est legit. Il aurait pu rester dans cette langue si il voulait sans avoir à rougir. Mais voilà , il ajoute son pidgin au truc et tout de suite le son prend des couleurs.
Et P8 Koi: Le son qui m’a mis d’accord avec Jovi. Entendu l’an passé pour la première fois et directement j’ai été conquis. On en a déjà fait beaucoup de bruit sur LPN donc pas la peine de se répéter. Je dois juste ajouter que le son a été semble-t-il censuré au Cameroun: ce qui au bled est un gage de qualité.
Jungle Book (feat Shey): On approche de la fin de l’album alors Jovi choisit de calmer un peu l’ambiance qui était survolté par le trap music. Pour cela il rappel Shey pour un refrain très emprunté à la nouvelle pop du Nigéria. .
Mboko God – Reality: Pour ne pas faire oublier que c’est un rappeur, Jovi met le point finale à son second opus avec un gros son plein de kick, de snare et de sub-bass. Ca parle sèchement mais clairement, ça passe de l’anglais au pidgin en un clin d’œil (encore une fois) et en plein milieu il change encore de rythme et la boucle et bouclée car on retombe sur l’ambiance planante du début de l’album. Chapeau monsieur.
(Bonus) Big Vulture (feat Rachel): A peine l’album lâché le 19 Mai 2015 passé Jovi enchaîne avec un single et son clip. C’est tellement frai que je n’ai pas eu le temps matériel de le digérer. Alors je vous balance le lien et je vous laisse apprécier.
Conclusion:
Jovi propose avec Mboko God un album lourd de chez lourd. La production est tellement bonne que c’est choquant. C’est d’autant plus louable que le gars saute d’un style à l’autre avec une aisance déconcertante. Rumba, Afrobeat, Worldbeat, EDM, Trap, Soul : tout y passe. Mais à la fin de l’album on se rend compte que c’est la sincérité artistique du projet qui gagne. Car si l’influence et les sonorités américaines sont bien présent il s’agit ici bien d’un album de musique camerounaise et même africaine en générale. Je recommande Mboko God à tous les mélomanes et attends de pieds ferme sa suite: Kankwe vol.2 .
Titres conseillés: Et P8 Koi, CASH, Comme Moundi et MJungle Book
Un commentaire
Aj
Revue intéressante 🙂
Pour écouter HIV, c’est ici => https://jovilemonstre.bandcamp.com/album/h-i-v
Et si j’ai bonne mémoire, Kankwe Vol 2 est sortie avant l’album Mboko God ( http://newbellmusic.com/release/kankwe-vol-2-fren/ )
Sinon Mboko God est un délice sonore, bien que les textes semblent moins variés que HIV (quoi que, même la …Peut etre comme je ne comprends pas tout aussi ) ,Mais bon,il y a plusieurs façon d’envoyer un message à travers l’art 🙂
Jovi = Authentique , Period.
S’il fallait un point de désaccord ce serait peut être le côté trop egotrip de ses textes (avis perso), alors qu’il a montré pouvoir écrire sur autres choses…
Bref, album Original. :).
Aj.