Ce billet devait normalement s’intituler « Chronique d’un Scandale Raté » mais après discussion avec le Rédac’ Chef on optons pour quelque chose de plus court mais de plus érudit. Mais de quoi parle-t-il? Je parle de cette initiative qu’ont pris les créatifs du monde de l’art de présenter explicitement des figures divines et/ou religieuses sous les traits de blédards. dans le temps, j’avais prévu qu’il y aurait eu une levée de bouclier des concernés ainsi que du public cible occidental. Et bien on dirait que je me suis planté en beauté. Tentons d’analyser le pourquoi du comment.
Avec à ce jours plus de 400 millions de dollars en poche, on peut dire que le film THOR de Keneth Branagh a rempli son contrat vis-à-vis de ses investisseurs. La banque est contente, le studio est content, les auteurs sont contents et les fans ne sont pas mécontents donc « tout vas bien Mme La Marquise« . Et pourtant ce film qui relate les aventures du Dieu scandinave de la foudre et du tonnerre avait eu droit à une petite controverse alors qu’il n’était qu’en préparation. La faute au réalisateur qui avait opté pour un casting multiculturelle (ndla: vous savez ce truc qui ne marche pas en Allemagne) pour incarner les Dieux du panthéon nordique. Voici donc qu’un blédard, Idriss Elba, endosse le rôle de l’emblématique Heimdall. Et pourtant, lors de sa sortie, le public dans la salle obscure est aux anges car sa personne et sa prestation sont en phase avec le rôle. Du coup on peut se demander qui n’est toujours pas content? Votre serviteur bien sûr parce que pendant plus de 30 ans il a suivit les aventures en bande-dessinée d’un Heimdall blanc. Mais souvenez vous c’est ce même blédard dont la plainte contre la soudaine coloration de Nick Fury joué par Samuel Jackson avait rencontré la même l’indifférence générale.
Léon, le Jésus Noir embrasse Madonna sur le front dans « Like A Prayer » (source Virgin Records)
Mais au fond pourquoi un artiste choisit-il de changer la couleur d’un personnage emblématique? La question mérite d’être posée quand le personnage en question est « une divinité », sujet sensible si il en est. La réponse est donnée via ce scandale qu’avait suscité Madonna en mettant en scène un Jésus noir (ndla: incarné par l’excellent Léon) dans dans son clip « Like A Prayer« .
Le but avoué à demi mot est de créer un buzz par le choc culturel. Il ne faut pas s’y tromper: le public cible est un public occidental bien confortablement installé dans des canons culturels qu’il considère universel. Modifier un seul de ces canons réveille ce public, le pousse à repenser quelque chose qu’il tenait pour acquis et c’est donc en soit une bonne chose. Mais avec le monde mondial dans lequel nous vivons il devient difficile voir impossible de circonscrire l’audience cible.
Le coup du Jésus noir a eu ses détracteurs chez les blédards. Ces détracteurs ont eux même été contre-détracté par d’autres blédard qui preuves « historico-scientifiques » à l’appui estimaient que le personnage ne pouvait avoir été QUE noir.
Ce status-quo ne justifie pas à lui seul l’échec de mon coup de gueule. Non en partant du principe fondamental du hip-hop qui veux que « seul les vrais savent« . J’y ajoute le fait que les « vrais » sont tellement minoritaire et que l’impact de leur coup de gueule est limité à un cercle d’initiés et si on y ajoute la réponse positive du public on comprendra aisément que le choix des personnage recolorés n’a pas été fait à l’emporte pièce. Il a été fait tout en maintenant le fond de l’histoire plausible. C’est en fait une des ces rares fois où le fond a triomphé sur la forme et rien que pour ça j’accepte ma défaite.