(Encore) Plus D’Afrique

On s’en plaint à chaque article: les blédards sont sous représentés dans le paysage audio visuel francophone. Aussi quand une initiative voit le jour, je me rue dessus comme un bédouin qui vient de tomber sur un oasis après trois jours d’errance dans le Sahara. Cette fois si l’initiative vient de Canal+ Afrique et s’appelle tout simplement « + d’Afrique ». Disons le de but en blanc: cette émission reprend la recette d’un format qui a fait et continue à faire les bon jour de Canal+ France. Voyons si la version tropicalisée fonctionnera.

Pour déroger à la règle je ne vais pas casser du sucre gratuitement sur cette émission. La raison étant que, comme je l’ai dis plus haut, j’appelle ce genre d’initiative de tous mes vœux. De tout façon la sagesse veut que vous lorsqu’on ne sait pas comment faire un truc on est très content de voir quelqu’un d’autre s’y coller. Avec « + d’Afrique » donc, nos « amis » de Canal+ nous proposent leur « La Grande Émission » (que l’on appelait de mon temps « Nul Par Ailleurs« ) remixé à la sauce blédards pour blédards. Comment je le sais ? Parce que la direction de Canal+ elle même a annoncé que l’émission était ciblée pour l’Afrique, pardon pour les Africains. Mais de quels Africains parle-t-on ? S’agit-il de nous les « expats » ou bien des continentaux ? J’introduis volontairement une nuance entre les deux « marchés » car j’estime que à partir d’une même population il s’est développé des différences quand à la demande de produit TV. Canal+, pourtant, semble courageusement vouloir défendre l’idée contraire c’est à dire que les deux publics peuvent être fédérés. Je m’en vais lui prouver le contraire.

Robert Brazza parle de son émission

TV: Canal+, Lancement de + d’Afrique – Robert Brazza, présentateur posted by BalancingActAfrica

1. La production:

La production est localisée à Paris, la capitale de l’Afrique libre (ou libérée, ou pensait comme telle, ou… bref vous le définisserez tout seul – nldr). Las, cette capitale est géographiquement mais également socialement excentrée par rapport au reste du continent.
Les équipes techniques sont les même que pour l’émission mère donc la qualité est au rendez-vous. Mais l’esthétique est tout sauf blédarde. C’est un choix que je ne remets pas en question mais qui pourrait casser la proximité recherchée avec un blédard du bled. En effet, celui-ci pourrait regarder l’émission comme il regarde la Champion’s League européenne, c’est-à-dire en sachant pertinemment bien que ça ne se passe pas au coin de sa rue. L’expat, lui, n’aura pas ce problème. Pour lui, c’est « La Grande Émission » dans laquelle on a changé les couleurs du décors et des présentateurs.

2. Les présentateurs:

A chaque fois que je débarque fraichement au bled et que je me met à parler français, les gens me regardent avec les yeux écarquillés comme si j’étais un extra terrestre. Non qu’ils ne comprennent pas ce que je dis mais plutôt à cause de la façon dont je le dis. Heureusement, une fois que j’ai activé le mode « langue français du bled » la conversation peut reprendre sainement (ndla: le problème inverse se pose quand je retourne au Nord). C’est ce même problème qui frappe l’émission et son casting 32 carats. Il y en a vraiment de la qualité regroupée autour de Robert Brazza a.k.a La Voix de Africa n°1, mais ce sont tous des blédards avec une « coloration » européenne ce qui casse encore une fois l’effet de proximité recherché et/ou désiré.


L’équipe (de g à d): Mamane, Emma Adiei, Robert Brazza, Maryse Ewanje-Epée et Bibi Tanga.

3. Les invités:

C’est sur ce chapitre que la faiblesse du paysage médiatique blédard se révèle. Premièrement, il faut faire venir l’invité sur Paris ce qui n’est pas évident tant que le fameux « visa d’intérêt culturel » n’est pas une réalité. Ensuite il faut trouver une star africaine. Pour rappel, l’Afrique est un continent et pas un pays. Donc nos amis va se retaper la démarche titanesque de casting à l’instar de celle qui a donnée naissance au projet One8. Pour éviter cela, on va donc faire simple et inviter le tout Paris blédard. En quatre ou cinq émissions on aura vite fait le tour des « vraies » stars et on commencera à inviter d’illustres « inconnus ». Je dis « inconnus » du bled parce que j’imagine qu’ils sont bien connus sur Paris.

Dans ce contexte difficile comment sauver rendre attractive une émission qui, je le répète, est d’utilité publique ? C’est simple et je vais livrer la solution gratuitement à Canal+. Il faut des séquences intermédiaires 100% bled. Si Canal+ est connue, ce n’est pas grâce à son émission vitrine mais plutôt par les petites décrochages sous forme de sketchs qui parsèment ces émissions. Si ils sont capables d’externaliser ces séquences au bled avec des petites équipes locales dans tous les pays où ils sont implantés alors c’est le jakpot assuré. Cerise sur le gâteau: c’est une situation ou les blédards ainsi choisis pourront eux aussi bénéficier de l’exposition qui a lancé des stars créer par la formule Canal+ France comme Jamel Debouz, Antoine De Caune , José Garcia, Les Nulls, Omar et Fred, le Kayra Shopping et j’en passe.

Dans la même veine

Un commentaire

Moi aussi je saute sur ce genre d’initiative audiovisuelle comme un assoifé sur un verre d’eau fraiche ! je trouve moi aussi que ce genre d’initiative est bien trop rare ! Aussi, je salue bien bas chaque petit pas effectué par la TV francophone !!

Laisser un commentaire