Et voilà, c’est de nouveau la rentrée des classes avec son cortège de gamin bruyants et parents stressés. Ce matin justement, je me trouvais à l’Aéroport International en train de m’occuper des mes affaires perso i.e trouver un DHL gratos en direction du bled lorsque quelque chose me frappe. Il y a avait là un nombre impressionnant de parents qui revenaient du bled avec tous leurs enfants. Qu’un blédard ait la nostalgie du bled, je le conçois aisément mais pour quelles raisons tient-il à casser la tirelire un peu plus pour y amener ses rejetons ? Tentons de déchiffrer les évènements qui se déroulent devant nos yeux.
La convention veux que je commence ce billet par un « de mon temps, vous savez bla bla bla ». De mon temps, vous savez les choses étaient légèrement différentes. On était 2 familles blédards maximum en Europe et les enfants étaient tous nés en Afrique (ndla:donc techniquement aussi des blédards). On était si peu nombreux qu’il était impossible d’avoir plus d’un blédard par bande de jeunes. Mais je digresse. De mon temps donc, les vacances aux bleds c’était obligé et possible car semble-t-il il y avait plus de moyens que maintenant. En tout cas pour l’une des deux familles qui était généralement celle de l’ambassadeur ou d’un fonctionnaire international.
Aujourd’hui, le nombre de blédards « expatriés » a augmenté significativement, les profils sociaux économiques sont plus variés, mais le prix du billet lui est resté très très élevé. D’où la question de se demander pourquoi les blédards insistent pour payer leurs vacances au prix fort. Ce n’est certainement pas pour aller chercher du soleil. Je rappelle en effet que la plupart des blédards « occidentaux » ont accès aux sites estivaux de la Méditerranée (Espagne, Turquie, Maghreb) au cinquième du prix d’un voyage au bled.
Serais-ce la pression de la famille qui veut voir les enfants de leurs enfants à tout prix? C’est logique quand l’enfant est né au bled et qu’ils l’ont déjà vu au moins une fois. Mais réclament-il avec autant d’insistance ceux nés à l’étranger ou les métis ? C’est à voir. Je connais un petit du bled qui une fois revenu du bled croyait que tout les blacks étaient ses cousins. Le pauvre gars avait vu tellement de membre de sa famille en une semaine qu’il était déboussolé. Serais-ce alors plutôt des parents qui estiment qu’en baignant l’enfant régulièrement pendant une semaine dans le fleuve Congo il va devenir congolais? Cela ressemble à un rite de passage, une cérémonie top secrète qui amène le gamin a ne faire qu’un avec le bled. Pourtant ses parents eux aussi ont aussi prêté ce serment et cela ne les à pas empêché d’aller voir ailleurs si l’herbe n’est pas plus verte.
Et les enfants dans tout cela ? Je pense que c’est en eux que réside la réponse à mon interrogation. Il me semble maintenant que la culture des blédards ne consiste pas, comme je le pensais au départ, à façonner les enfants suivant un modèle pré-établi. Je pense plutôt que leur devoir est de mettre le gamin en situation, sans rien lui indiquer, sans aucune instruction et alors advienne que pourra. Le lien avec le bled n’est finalement pas une chose physique ou administrative: c’est purement sentimentale. Les parents sont des sortes d’entremetteurs dont le devoir sacré se limite à l’organisation du « blind-date ». Si la sauce ne prend pas, ils repartiront le devoir accompli et ce sera sans regret pour les uns comme pour les autres. Mais si coup de foudre il y a, alors tu sera un blédard, mon fils.
Un commentaire
Pec
D’expérience, le retour au bled n’a certainement pas la même signification que celle de l’époque du diplomate et de sa famille. Mais il y a d’autres considérations qui rentrent en jeu: l’air de rien, le blédard est devenu un million de fois plus intelligent, et il est conscient qu’il ne maitrisent pas grand chose de ce qui se passe autour de lui. Il sait aussi que ces moutards auront à gérer le problème d’appartenance à une société en perpétuel changement. Le blédard voit les roms, le deuxième tour de Le Pen contre Chirac et la victoire de Bart de Wever. Ses rejetons doivent donc être préparés à tout, et le retour au bled n’a à mon avis rien à voir avec quelque « blind date », mais est plutôt une étape d’apprentissage de ce que le fils de blédard doit connaitre. Et le blédard lâche le pognon de 5 club meds parce qu’il juge ce voyage essentiel