Le paradoxe du jour: imaginez une compétition doté d’un prix conséquent et consistant de plusieurs millions de dollars. Imaginez en plus que ce jeu soit uniquement réservé aux blédards. Ce sont la vraiment des conditions exceptionnelles pour qu’un gars à nous empoche la cagnotte à la régulière. Et bien pour la seconde année consécutive il n’en ait rien. Autopsie volume 2 de cette affaire…
Cela commence à bien faire! On classe tout et tout le monde, mais une fois que le classement est publié personne n’est jamais satisfait des résultats. Soit parce qu’on estime que l’on avait le « vrai » classement et que ce ne sont que des usurpateurs qui ont été retenus, soit parce que, de prime abord, on n’était pas d’accord avec les règles (ndla:avec les règles et non le principe du concours, notez la nuance). Mais ici nous avons un cas d’école où l’on peut cumuler les deux complaintes et y ajouter un « twist » imprévu qui aurai pu contenter tous le monde: le fait qu’il n’y ai aucun vainqueur.
Pour nos amis et frères blédards qui sont de véritables compétiteurs c’est une situation un peu délicate. Nous avons déjà évoqué dans quels termes cela était le cas l’an passé lors de la « non-remise » du dit prix Mo Ibrahim pour la Bonne Gouvernance et nous ne reviendrons pas dessus. plutôt que de s’éterniser sur le bilan stérile de 2010 essayons de nous projeter dans le futur et voir comment créer de nouveaux « challengers ». Pour rappel, pour être pris en considération il faut avoir été démocratiquement élu (ça c’est facile) et avoir quitté le pouvoir au terme de ce mandat, ça c’est un peu plus difficile.
C’est pourtant simple selon Tiken Jah Fakoly et Didier Awadi : Quitte Le Pouvoir
Tout d’abord le fait qu’il y ait aucun gagnant deux années de suite c’est parce qu’on a pas beaucoup de monde à la retraite et que ceux qui le sont n’ont rien fait de remarquable en terme de bonne gouvernance alors qu’ils étaient en poste. Écartons donc ces candidats malheureux et concentrons nous sur ceux qui sont encore en poste. Encore en poste et ayant été élu bien sur. En jouant sur cette expression on peut déjà éliminer pas mal de monde car le degré de « démocratibilité » ( © LPN) des élections ayant porté ceux-ci au pouvoir va intervenir. Mais soit cela est comme je l’ai dit un petit problème car il y a moyen de mettre de l’eau dans son vin: par alliance post électoral comme au Togo, par invalidation pre électorale des candidats « dangereux » comme au Rwanda et par désistement de ces même concurrents comme au Burundi. Non, être élu est un « petit prérequis ».
Le vrai challenge c’est de quitter le pouvoir ce qui se révèle être de plus en plus difficile quand bien même l’on se trouve à la tête d’états parmi les plus mal lotis du bled. Ceci dit, certains ont quand même pris des options pour les prix futurs. Et la nouvelle initiative de Mo Ibrahim qui consiste à organiser une « Star Academy » des futurs leaders afin d’artificiellement « coacher » des leaders novices afin d’en faire les vainqueurs de demain n’est pas faite pour les rassurer. Ces « jeunes » futurs dirigeants vont être placés dans la ligne de mire des gars en place grâce à Mr Ibrahim et vont voir leur futur hypothéqué plus vite qu’il ne fallait. Certes je joue là carte la plus pessimiste qu’il soit mais il y a un fond de vérité qui s’appuie sur le fait que Mo Ibrahim doit soigner son image de sponsor lobbyiste à l’américaine. Le type d’action politique qu’il mène est pourtant proche du business auquel il doit sa fortune en ce que lui aussi craint d’être exposé à la lumière du jour.
Quoi qu’il en soit, il est clair que l’appât du gain n’est pas suffisant pour motiver un chef d’état blédard à quitter le pouvoir. Le calcul de Mo Ibrahim était malin mais pas assez car il a oublié un paramètre fondamental de la culture du bled: il n’y a qu’une chose qu’un blédard craint plus que la pauvreté c’est la honte. La honte de ne plus être le maître chez lui alors qu’il l’a été un jour. Et tout l’or du monde et à fortiori tout l’or de Mo Ibrahim ne semble pas être suffisant pour motiver quiconque élevé sous cette culture à affronter une vie sans honneurs.