Bienvenu à la deuxième tentative de ma part pour vous éloigner durant cinq minutes du décompte finale pour la Coupe du Monde 2010. On entend tous les jours certains blédards bassement conservateurs défendre l’exception culturelle et LPN répondre en montrant que le monde est mondial et que tôt où tard certains phénomènes sociaux finissent également à s’imposer au bled. Fidèle à cette tradition, nous avons au menu d’aujourd’hui l’évolution de la notion de Place Publique.
Comme souvent ma réflexion est née au détour d’une boutade ou plutôt de la lecture d’un comics que je lis régulièrement. Cette blague illustre l’évolution de la société dans laquelle on vit. D’aucun pense que l’excès de confort a transformé les hommes en « lopettes » incapables de se révolter de manière musclée face à une injustice. Le fond de cette blague relativise cette information. Il affirme que le « besoin » et la « pulsion » de se révolter sont toujours là mais que les « moyens » de le faire on changer. En d’autre termes, la place publique sur laquelle on allait revendiquer et « tout casser » ne se trouve plus au centre ville mais bien sur le Net.
Notre égo est tel que l’on ne pourrait pas publiquement affirmer qu’un coup de gueule sur Facebook nous procure le même plaisir que de jeter une pierre contre un char mais les faits sont là. Mon complément à cette réflexion est le suivant: jusque là, on se focalisait sur les « révoltés » pour prouver l’existence de ce phénomène. J’affirme que les « victimes » de ces coup de gueules se sont elles même mises au diapason. C’est comme si, un jour, elles étaient sorties dans la rue pour en découdre et qu’elles n’y avaient trouvées personne. Après être sagement rentrées chez elles, elles se sont demandées où tout le monde était passé. Quelle n’a pas été leur surprise de retrouver toute ces haterz sur la toile. Une fois rassuré, elles ont pu retomber dans leurs fondamentaux et créer des CRS du Net et parfois des milices privées d' »Internet Thugs » (Voyous du Net) pour contrecarrer ces tentatives de déstabilisation.
Prenons le cas d’école qu’est la politique. Au bled, les manifestations sont globalement interdites sauf, bien sur, les manifestions de soutient au pouvoir. C’est bien connu à chaque décision cruciale du pouvoir on sent monter en nous une envie irrésistible de courir dans la rue et de crier sa joie. Les mécontents se sont donc réfugiés sur la nouvelle place publique qu’est le Net.
Le côté positif de la chose est que les coups de gueule, quand ils marchent, sont plus suivis et ont une portée internationale. Ah bon? Pour moi le plus c’est que, en cas de répression, c’est beaucoup mais alors beaucoup moins sanglant. On interpelle au maximum un petit geek ou un webmaster novice et la lutte se déplace sur un autre site en un quart de tour.
Autre secteur: la musique ou plutôt les musiciens. Face à la prolifération de « dossiers » les concernant exposés sur la place publique, la star se doit de réagir instantanément. Si une campagne de dénigrement sur le Net prend trop d’ampleur ça pourrait être préjudiciable aux chiffres de ses ventes de disque ses entrées en concert. Même les « battles » et autres « beefs et/ou clash » ne se font plus que par internet interposé car se rencontrer dans un club tout pourri c’est salissant.
La morale de l’histoire est double. D’une part le fait de retrouver nos acteurs de la vie publique sur cette nouvelle place est une victoire car l’expression libre y est relativement plus aisé. Je dis relativement car comme le vote par SMS, cette expression suppose au préalable d’avoir du crédit sur son compte. La révolte sur le Net est donc interdite aux pauvres gens qui, elles, continueront à se faire écraser dans la rue.
D’un autre côté, les pouvoirs publics et autres « victimes » vont pousser pour diminuer le vide juridique qui entour le Net et qui en a fait son succès. Mais ils devront le faire avec des pincettes car maintenant que les blédards y ont goutté si vous leur couper le Net, se sera le retour à la case départ c’est à dire à jeter des cailloux sur les bâtiments publiques et les forces de l’ordre. Sur ces bonnes paroles je vais de ce pas chercher des trucs à redire sur la cérémonie d’ouverture de la CM 2010. Il faut bien que je l’utilise à fond cette place publique, tant qu’il est encore temps 😉 .