Nneka: Concrete Jungle

Je ne sais pas si je suis le seul à faire cela mais je possède un frigo virtuel dans lequel je conserve des artistes « à écouter plus tard ». Ce comportement est dû à un sentiment à cheval entre le « je n’ai pas la tête à ça » et le « j’ai un mauvais pressentiment au sujet cette œuvre« . Et bien c’est le cas avec Nneka. Depuis ces débuts en 2005, j’ai son nom dans les oreilles mais juste son nom. Et voilà que, forte de 5 années de présence en tête d’affiche, elle sort un nouvel opus goupillé pour le marché américain: « Concrete Jungle« . Voyons ou plutôt écoutons ce qu’elle a à nous dire.

Showing Love:  ça démarre en mode hip-hop. Je ne peux m’empêcher de penser à Neneh Cherry voir à Lauren Hill en écoutant ce mélange de vocalises et de paroles rapées. Neneh qui ? Zut ça fait déjà  plus de 10 ans qu’elle a disparu: je suis décidément trop vieux. Bref, heureusement pour Nneka, le champs est à présent libre pour exister artistiquement car il n’y aura qu’à profiter de l’amnésie collective qui caractérise les mélomanes.

The Uncomfortable Truth: maintenant elle chante dans un air groovy à la frontière entre le blues de la Nouvelle Orléans (pour ce que j’en sais) et le jazz. J’apprécie les parties musicales, assez rares par les temps qui courent, les chanteurs ont tellement de choses à dire que les « vrais » musiciens se font rares.

Mind vs. Heart: on reste dans une ambiance feutrée mais on descend d’un ton en énergie. L’atmosphère musicale est beaucoup plus douce et c’est en accord avec le thème.  L’arrangement devient plus live vers la fin et le travail sur la voix est vraiment impressionnant. Nneka a comme la capacité de gommé son accent nigérian quand il le faut.

Heartbeat: On a beau être qu’au quatrième son, on a l’impression que les morceaux sont musicalement collés les uns aux autres. C’est ici le single qui a été choisi pour lancer l’album outre atlantique où Nneka doit encore se construire un nom. Je pense que la cible est européenne et urbaine car l’arrangement a l’air éléctro même si ce sont de « vrais » instruments qui sont utilisés.

Le clip de Heartbeat

Nneka – Heartbeat posted by Four Music

Come With Me: Nneka joue de la guitare et elle peut totalement le montrer sur ce morceau. C’est étrange comme il est difficile de définir le style musicale de Nneka tellement il y a un mixage entre différents styles . Mais maintenant que je suis à la moitié de l’album je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec l’album de Féfé.

Kangpe: Nneka réactive son accent blédard. En featuring l’artiste ragga hip-hop canadien Wesley Williams. Ce cocktail enjambe encore les frontières des styles: reggae, hip-hop, ska et même pop. Cette chanson détend l’atmosphère de cet album en offrant un son moins prise de tête et plus club.

Africans: Tout se calme et Nneka reprend sa guitare pour parler du bled. Comme il s’agit ici de (encore) casser du sucre sur les babyloniens qui ont mis les blédards dans la mouise, quoi de mieux qu’un jam reggae (vu que le hip-hop a déjà été utilisé plutôt). Parler du bled dans son entièreté (l’Afrique) c’est sympa dans une chanson mais ça ne correspond pas trop à sa réalité hétéroclite. <stygmatisation>En même temps on va demander à l’allemande Nneka de connaître les nuances du bled</stygmatisation>.

Le clip de Africans

NNEKA – Africans posted by Maker63

Suffri: Bon là ça devient claire qu’elle baigne dans le même univers musical que Féfé. Il est aussi évident que la plupart des sons de cet album son ciblé pour la performance en public.

From Africa 2 U: Enfin une rythmique du bled. Le pourcentage de pidgin du Nigeria augmente aussi significativement. Mais encore une fois mettre « From Nigeria 2 U » aurait été plus juste. Mais Africa est une marque qui se vend mieux que « Nigeria« .

Walking: L’usage que Nneka fait de son flow, parfois chantant, parfois rappant et parfois « toastant » à la manière des chanteurs de reggae est à remarquer. Plutôt que de la rendre hardcore cela la rend au contraire plutôt sympathique. Et cette chanson comme « Kangpe » peu être réutilisée dans les écoles primaire sans problème grâce à son refrain en mode « Musical Youth – Pass The Dutchy« .

Focus: Le coté biblos de Nneka ne demandait qu’à s’exprimer alors on a branché la guitare électrique sur celui-ci.  Nneka est très sérieuse dans sa transmission d’un message politiquement chargé mais ça reste encore un énoncé de grands bonnes intentions positives à la mode « yéyé ». Mais en même temps je me demande si des paroles moins « langue de bois » auraient fait mouche étant donné les choix musicaux de l’artiste.

God Of Mercy: On termine comme on a commencé avec une touche urbaine. Un discours hip-hop semi chanté avec une flow entre Laureen Hill et Macy Gray.

Nneka sort un album qui est un pure régale musicalement parlant. L’ambiance qu’elle propose dans cette « Jungle Urbaine » est plutôt une « Jungle Musicale » qui n’est pas sans me rappelle l’album de son compatriote Féfé. Nneka dispose cependant d’un  éventail de possibilités vocale et musicale beaucoup plus large.
Cependant, la musique est trop bien, tellement bien qu’on en oublie d’écouter le paroles (moi en tout cas). J’ai du ré-écouter l’album pour y faire attention et me rendre compte que cela reste très en surface. Sans doute une limitation de la maison de disque qui veut ratisser large ou bien un conseil avisé que la sœur a suivi avec raison à la lettre. Quoi qu’il en soit cette collection de 5 années d’existence de Nneka vaut le détour pour qui a des oreilles et du temps pour l’apprécier.

Les bons sons: Kangpe, Come With Me, Suffri, Heartbeat

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3 Commentaires

Quelle part de cette « réalité hétéroclite » a été créée de toutes pièces par des gens qui voulaient diviser pour mieux régner?
En tout cas, moi cet amalgame ne me dérange plus. Au contraire, ca pourrait arranger mes affaires..

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