Lorsque l’on parle informatique au bled 2 gros projets émergent: Le One Laptop Per Child Project et M-Pesa. Le premier défend l’accès à l’informatique pour tous et le second est le buzz du moment s’appuyant sur le réseau de téléphonie mobile. A eux deux, ils proposent de révolutionner et développer le bled. Heureusement pour le bled, l’informatique ne se réduit pas qu’à cela.
Ce week-end en lisant slashdot, comme tout bon geek, je suis tombé sur un article assez intéressant. L’idée principale qu’il défend, si elle était appliquée au bled, rendrait les choses plus simple pour nos gouvernants et pour le bled. Mais d’abord une explication de texte pour les non geeks qui suivent ce blog.
En informatique lorsqu’un projet est complexe (comprendre est réalisé par plus d’une personne OU par un professionnel), on met en place des garde fous pour pouvoir le préserver. Quand 2 personnes travaillent en même temps sur un même projet, certain évènements peuvent avoir une influence néfaste sur le bon développement du projet. On peut citer en vrac :
- l’introduction de faute(s) ou d’erreur(s) par un programmeur
- l’effacement d’un fichier par mégarde,
- une fonctionnalité peu ou pas aboutis,
- etc…
En réaction, les informaticiens ont mis en place un système de vérification continuelle du projet pour en préserver l’intégrité et permettre au cas échéant de revenir en arrière pour corriger les erreurs ainsi introduites. Pour les projets bien aboutis, il est fréquent que l’on en crée un nouveau qui dérive du premier. Eh bien ici une simple commande permet de créer la base de ce nouveau projet sur le modèle du projet en cours de développement ou de déploiement.
Le rapport avec le bled et nos dirigeants? Ne nous voilons pas la face lorsqu’il s’agit de lois, de constitutions, nos dirigeants blédards sont devenus les champions toutes catégories des modifications des lois. Oui, en occident on le fait aussi, d’où l’article dans slashdot, mais chez les blédards, les modifications des lois et de la constitution, depuis la fin des « grands régimes mono-partis » des années 80 et devenu quasiment un sport national aussi prisé que la CAN. De fait, les constitutions du bled ont été très malmenées, et ce, généralement à la veille de chaque grande élection au bled. Le résultat de ces multiples manipulations, à plusieurs mains et pour des intérêts divers, est que les pays du bled possèdent aujourd’hui des structures de lois que quasi plus personnes ne comprend. D’où une difficulté à les mettre en pratique sur le terrain. Récemment, j’ai appris par exemple qu’au Cameroun il existait un sénat.. sauf que celui-ci n’a jamais été réellement mis en place. Comment sortir d’une telle impasse ? C’est la que l’informatique vole au secours de la politique.
Le parlement kenyan (source)
Si toutes nos lois/règlementations/constitutions étaient inscrites comme dans un projet informatique, le problème serait à moitié réglé.
- Primo: toutes ses lois seraient plus facilement accessibles. Qui peut me dire où et comment je peux consulter la Constitution du Sénégal, du Rwanda, de la Mozambique ?
- Deuxio: on saurait enfin ce qu’il y a réellement dedans. Mise à part 2 ou 3 magistrats du coin (si ils n’ont pas été, entre temps, limogé par le Capitaine Dadis), qui sait ce qu’il est écrit dans les lois fondamentales de Guinée ou même dans le code pénal de son propre bled ?
- Tercio: toute modification/ajout/retrait serait alors mieux documenté. Le Mali est occupé à réaliser un important travail de refonte de son code la famille et un tel outils est à mes yeux indispensable pour que chaque acteur de cette refonte sache de quoi il parle et de quoi il en retourne et surtout puisse comprendre l’effet de tel ou tel modification et par qui elle est apportée.
Existe-il actuellement un outil capable de remplir ces missions? Honnêtement, je ne le pense pas. Ils est encore à créer ou plutôt à adapter sur base d’un premier jet. Mais clairement cela vaut la peine, à mes yeux du moins, d’y consacrer le temps qu’il faut… en n’oubliant pas que même le plus parfait des textes n’empêchera jamais nos dirigeants de le bafouer à partir du moment où ses intérêt sont en jeu 😉 .
11 Commentaires
oniN
Au lieu de « Existe-il actuellement un outil capable de remplir ces missions? Honnêtement, je ne le pense pas. », la question est:
« Pouvons-nous construire un tel système? honnêtement, je pense que oui » 😉
LPN
@oniN je suis d’accord avec toi… un tel système est faisable le tout est de savoir si il y a des développeurs près à relever le défi, es-tu preneur ?
Etum
Lol pas mal l’analogie mais il faut aussi faire avec les bugs et les erreurs de programmation http://www.la-constitution-en-afrique.org/
Eddy
Si j’ai bien compris ce que j’ai compris, alors oui, cet outil existe déjà et se nomme wiki. Pas besoin de développer quoi que ce soit.
Ce qu’il faudrait c’est un serveur, avec php et mysql dessus, puis on y installe un wiki. Après quoi, il ne restera plus qu’à trouver des volontaires pour saisir toute les législations.
Wiki garde toutes traces des modifications effectuées.
nyamsprod
@Eddy donc tu n’es pas contre l’idée en soit ?
Le seul point faible que je vois moi n’est pas technique mais plutôt mentale ? J’ai beau chercher, j’ai rarement vu nos députés ou nos dirigeants (ce qui proposent et qui votent les lois) avec un ordinateur sur leur bureau 🙂 . En fait c’est surtout cela qui m’inquiète.
Roberta
CVS gère du texte. Les lois c’est du texte, tout comme le code source…
Il n’y a donc plus rien à inventer, juste se rendre compte que les gouvernements ne sont pas constitués de geeks.
nyamsprod
@Roberta … il parait que Subversion c’est mieux et que GitHub ça pue car c’est trop libre 😉
oniN
@Eddy a peut-être la meilleure solution, un wiki pourquoi pas. Wikipedia fonctionne pas mal à priori..
Je ne suis pas un développeur, mais l’idée m’intéresse et je garde ça dans un coin de ma tête!
nyamsprod
@Roberta en plus si les gouvernements étaient constitué exclusivement de Geek on aurait à faire aux même individus de la communauté de Debian… Ahhh qu’elle horreur!! Ce serait passer de Charybde à Scylla
nyamsprod
je pense que LPN va te demander des droits d’utilisation de son idée… il a du l’a breveté quelque part 😀 . Sauf si bien sur tu le tiens au courant du développement de ton projet. Il faut que ce soit ouvert à max ce genre de projet. L’idéal c’est de lancer une fondation.
Mais il faut aussi que cela reste sérieux… tout le monde ne doit pas avoir la possibilité de tout modifier comme dans Wikipédia, c’est pourquoi je rejoins plutôt l’idée de Roberta, un CVS ou Subversion me paraissent plus adaptés. De plus dans ce genre de texte, le changement ne serait-ce d’une virgule ou d’un mot par un autre à son importance et c’est 2 logiciels savent faire la différence jusqu’à ce niveau.
LA CONSTITUTION EN AFRIQUE
Permettez-moi d’inviter tous les internautes de rendre régulièrement visite à LA CONSTITUTION EN AFRIQUE pour s’informer sur le texte des constitutions africaines mais aussi – c’est capital! – pour les comprendre et en comprendre l’application.
Au plaisir d’échanger