CINEMA: Les Tremblements Lointains

Décidément ma rentrée cinématographique semble pleine à craquer. Cette fois-ci je vous invite en balade au Sénégal pour un film Belgo-Sénégalo-Français dont rien que le titre donne la chair de poule. Non, il ne s’agit pas d’un film d’horreur (quoique) mais ce genre de titre est prémonitoire d’un certain cinéma francophone. Mangeurs de popcorns, s’abstenir.

Si l’on en croit le synopsis: Les Tremblements Lointains de Manuel Poutte suit le parcours du jeune Bandiougou dans les fins fonds du pays afin d’y trouver le remède au sort qui lui a été jeté. Si on en reste là, je pense que l’avenir budgétaire du film est menacé. Il faut donc ajouter plus d’une carotte sur le bâton pour nous faire franchir les portes de la salle obscure. Qu’à cela ne tienne, on nous dit que Bandiougou entraine trois européens dans son périple. Ce détail plutôt que de nous attirer nous braque car on craint tout de suite le film de type safari en brousse. Et le somptueuses images renforcent ce sentiment.  Je sais pas pour vous mais la cinématographie des films sur le bled est devenu incroyablement impeccable ces dernières années: les films sont tous beaux, reste donc à soigner le contenu. Car comme le titre le laisse deviner, ça va introspecter un maximum. Ce film permet, nous dit-on, de mettre en valeur une qualité du réalisateur: le capacité à mélanger fiction pure et documentaire. Exemple : le but dans la vie du jeune sénégalais est de fuir le bled pour l’Europe dans le plus pur style Malcolm X ( « Par tous les moyens possibles » – nlda). Parmi ces moyens, « enrouler » une femme blanche et revenir dans ses baguages. Mais hélas le film démarre sur un premier constat d’échec de Bandiougou qui vient de se faire jeter par une femme, malédiction. Comble de malchance c’est une autre femme (Amélie Daure) qui lui lit la lettre de rupture car le gars est analphabète, double malédiction. Il faut à tout prix qu’il se fasse « démarabouter » car à se rythme là, il est pas prêt de marcher dans les pas de Senghor. Entre alors en jeux, un biblos fraichement débarqué d’Europe (Jean-François Stévenin) qui veut profiter du voyage et échange l’accès aux secrets des sorciers africains contre … un visa en or pour l’Europe. Comme deux précautions valent mieux qu’une, Bandiougou « enrouler » la jeune lectrice des fois que le « plan visa » du vieux blanc tombe à l’eau. Seul gars à tenté de garder la tête froide, le médecin blanc (Daniel Duval), père de la fille et ami du vieux baroudeur. Mais mal lui en prend car, comme il est français, tous les évènements seront propice à une interrogation sur le sens de sa vie et autres considérations qui auraient du rester dans sa tête plutôt que de nous souler. Je m’arrête un instant car je remarque que je suis toujours dans le documentaire et que la fiction n’a pas encore répondu à l’appel.

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Ce film m’interpelle sur plusieurs points. Tout d’abord on ne quitte pas l’Afrique et l’Europe est un lointain mirage. C’est un choix que j’approuve. Le réalisateur évite le misérabilisme et se concentre sur les humains et leurs interactions. plus intéressant encore c’est ce chasser croisé entre cette vague d’européens qui déferle sur le bled, désabusés et à la recherche de « la vrai vie » et ce flot de frangins qui sont prêt à tout vendre même leur âme pour monter au paradis européen. Au delà de la porté sociale qui est surtout présente dans le contexte de l’histoire, l’auteur semble privilégier le parcours personnel des personnages car, in finé, partir c’est un choix personnel. Un dernier point: l’histoire culmine lors d’un retournement de situation inattendu où l’on apprend que le jeune femme a trafiqué le contenu de la lettre afin de casser le coup et de garder Bandiougou pour elle seule. Damned ! Il a de ces jours où on se demande si c’est la vie qui inspire le cinéma ou si c’est le contraire.

Tremblements lointains de M.Poutte posted by Cinergie Cinergie.be

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