Si on m’avait demandé mon avis, c’est le titre que j’aurais donné à ce documentaire, ne fut-ce que pour rendre hommage à une de mes comédies préférée « Coming To America » (Un Prince à New-York). En lieu et place, la production a décidé d’appeler ce documentaire en forme de Reality Show: « Bronx Princess » (La Princesse du Bronx). Analyse et critique d’un documentaire que je n’ai, biens sur, pas (encore) vu.
Après un démarrage difficile, le concept de la « télé réalité » est à présent bien encré dans les mœurs et us de la télévision. Il avait été au départ plombé par les biens pensants et les puritains qui n’y voyaient rien d’éducatif ou pire un invasion indécente de la vie privée. Mais voilà, dans une société où tout le monde à de plus en plus tendance à se cloisonner, il s’avère difficile de savoir ce qui se passe chez le voisin, or comme tout le monde le sait c’est paradoxalement une des principaux plaisirs de la condition humaine.
« Bronx Princess » est donc un documentaire filmé en mode télé réalité et qui suit le parcours de la jeune Rocky ( sans doute une abréviation de son « vrai » nom africain: Rokiatou ). Rocky vient de terminer ses études secondaires et s’apprête à affronter la jungle du « college » avec tous les petits adultes américains. Mais voilà, sa mère en vrai blédard ne l’entend pas de cette oreille et lui rappelle les réalités de la condition de la femme noire africaine qu’elle est en passe de devenir. Comme toutes les ados occidentales, Rocky trouve une solution à la « prise de tête » imposée par sa mère dans la fuite, pour un été, chez son père qu’elle estime plus coulant.
Son père, n’est autre qu’un chef coutumier dans un patelin du bled, au Ghana plus précisément. La suite je vous la laisse deviner est un choc de culture entre une jeune fille qui va se rendre compte à quel point elle est américaine et à quel point son africanité affirmée au USA n’est qu’un façade qui avait besoin de ce voyage au bled pour acquérir de la substance. Un des dialogues clefs qui résume bien le documentaire: une Rocky dépassée lance à son père: « j’ai envie de rentré à la maison » et le père de répondre « mais chez toi, c’est où ?« .
Une chose qui marque dans ce documentaire c’est qu’il est très… beau. La cinématographie est très soignée ce qui est me diriez vous normale vu que c’est le domaine de compétence des réalisateurs Yoni Brook et Musa Syeed. Le casting aussi me plait par son authenticité. On a pas affaire à Miss Afric USA en visite au Palais de Zamunda. Rocky est un fille tout ce qu’il y a de plus commun et ses parents renvoient bien l’image du bled à laquelle on est habitué dans « la vraie vie ».
Le documentaire fait 28 minutes et est rallongé en environ 40 minutes pour les besoins de concourir au divers festivals du cinéma. C’est bien peu pour traiter un sujet aussi profond. En effet, le documentaire pose les bases d’une situation sans entrer dans les détails qui pourraient nous intéresser. Qui est vraiment Rocky, je veux dire quelle est sa personnalité ? On la voit évoluer plutôt à l’aise aux USA, aller dans une école tout ce qu’il y a de très bien avec blancs et noirs mélangés. C’est une américaine type avec des rêves d’américaine mais qui, comme tous les blédards expatriés se réfugie dans ce qui leur reste d’Afrique au moindre problème. Qui sont ses parents ? On apprend que son père , le chef, a fait un passage aux States avant de revenir au bled. Ça c’est un truc que l’on voudrait creuser en profondeur. Pourquoi est-il rentré et resté au bled ? Pourquoi la mère, elle, est-elle resté aux States ?
Ce documentaire a en fait toutes les allures d’un pilote de série TV ou mieux encore de base pour le scénario d’un hypothétique « Coming To America 2« . Mais ceci n’est pas une fiction d’où le fait que les auditeurs attentifs restent un peu sur leur fin. Quant aux autres, vu la misère de la représentativité audiovisuelle africaine ambiante, ils auront l’impression d’avoir vu le plus grand chef d’œuvre documentaire sur les africains … jusqu’au prochain. Je vous laisse en compagnie de la bande-annonce de « Bronx Princess« .
Un commentaire
Eddy
C’est exactement le genre de réalisations dont je raffole. J’espère que le DVD sera disponible sous peu.