C’est bien connu, au bled la vie privée des chanteurs populaires ne nous intéresse pas. Soit ils sont bons et on écoute religieusement leur musique, soit ils sont mauvais et on les ignore superbement. En fait le seul cas où on s’intéresse c’est quand le dit chanteur touche à la famille (petite sœur, cousine, femme, fille etc … ) si vous voyez ce que je veux dire. Mais en occident, c’est tout autre chose. Être une star signifie avoir eu un parcours extraordinaire et donc ça mérite d’être relaté, dans une livre d’abord puis dans un film.
Je ne m’en cache pas je n’ai jamais apprécié Youssou N’dour du temps où je vivais au bled. Je reconnais que ma présence au RDC (ex-Zaïre) durant la génération Mobutu de la fin des années ’80 y est pour beaucoup. Puis j’ai migré plus au Nord et j’ai vécu l’ascension du griot de Dakar de sa position de leader du Super Étoile à celui de Super Star ( je me répète un peu, désolé) international. Et bien, je ne l’ai pas plus apprécié. Pour moi je l’avais rangé dans la catégorie des « chanteurs noirs pour blancs », avec d’autres gars comme Ray Léma, ambassadeurs d’une World Music qui ne faisait absolument pas recette au bled, sans doute à cause de son incapacité à faire danser. Et puis un jour, sur un coup de tête, je suis allé au Sénégal et j’ai changé d’avis. C’est que avant de se lancer à la conquête du Monde, le gars Youssou avait pris la peine de verrouiller une base solide au bled. Le gars est inattaquable, même lâchement, sur sa personne et son œuvre. Mieux encore, j’ai découvert que Youssou l’International et Youssou le Sénégalais étaient deux artistes légèrement différent avec des répertoires différents. Et je me suis retrouvé à apprécier des tubes sénégalais de Youssou, des trucs vraiment 100% bledards, comme ce son sur les lutteurs-stars sénégalais Bombardier et Tyson datant d’après les gros succès internationaux.
C’est cette capacité à capturer des publics aussi différents que la réalisatrice Elisabeth Chai a voulu saisir sur pellicule. Elle a suivi pendant 2 ans le griot moderne dans ce qui a été son nouveau tour de force. En effet, Youssou a sorti contre tout attente un album intitulé « Egypt« . Pour ne pas faire simple, il a été enregistré en… Égypte avec le concours d’un grand orchestre local. Cette démarche n’est pas sans rapeller celle de Ray Léma qui avait enregistré un album avec les Voix Bulgares. Mais là où Youssou tape fort c’est en créant une synergie entre deux style de musiques africaines (chose qui devient de plus en plus courante). Plus fort encore (commercialement parlant ), c’est quand il décide d’interpréter des champs religieux tirés du coran. Il faut dire que le gars est un fervent musulman soufiste ( qui soutient même la polygamie, ce que je retiens contre lui – ndlr). Il va plus loin et les chante live pendant la période de jeune du ramadan. Catastrophe au bled. On assiste au Sénégal à une véritable levée de bouclier maximale face à ce sacrilège. Mais Youssou ne lache pas l’affaire et réussi le tour de force de faire accepter son point de vu.
On va donc, dans ce film fait pour les blondins, voir comment Youssou, l’artiste africain le mieux conseillé, fait pour maîtriser ses publics, qu’ils soient internationaux ou locaux. La leçon a en tirer pour les fans de musique est que si tu ne l’aimes pas c’est que cette chanson ne t’ai probablement pas destinée et il faut attendre ton tour. C’est cette stratégie qui lui vaut aujourd’hui le respect de tous et lui permet de vivre sa vie et son œuvre sans faire de concession à l’une ou l’autre facette de sa personnalité.
2 Commentaires
paki
bonsoir !!! super l’article …..
je cherche desesperement le nom du tube sénégalais de youssou de 2002 pour le combat bombardier tyson …
tu peux peut être m’aider ???
je n’arrive pas a la trouver !!!! nulle part…. 🙁
merci d’avance
MastaP
Salut et Merci Paki,
La chanson de Youssou N’Dour s’apelle « Lamb Ji« .
Tu peux l’ecouter sur ce site.
Pour l’album j’ai bien peur qu’il faut aller le chercher à Dakar.