L’affaire du Probo Koala est le dernier épisode (connu et médiatisé) d’une longue et triste série: celle du scandale de la pollution industrielle du Nord vers le Sud. Ce qui m’interpelle c’est la persistance de ce phénomène qui dure quand même depuis le début de l’ère industrielle. En cause: les industrielles peux scrupuleux mais également et de plus en plus de dirigeants locaux sans cervelle. Mais comment diable en est-on arrivé à un tel comportement irresponsable ?
On a eu l’habitude ces dernières années de la dénonciation des biens mal acquis et autres enrichissements personnels illicites. La plupart des cas montraient une chaîne d’acteurs allant de l’extraction d’un minerais (ex: Coltan, Pétrole) à la vente de produit dérivé (ex: GSM, Essence) avec tous les acteurs intermédiaires qu’ils soient économiques et/ou politiques. Ici nous avons affaire au même type de ramification mais dans le but direct de ne pas payer le juste prix du recyclage des déchets industriels. Car on a beau argumenter, le recyclage d’un produit fait parti du cycle de vie de celui-ci. Et en cela le producteur et l’acheteur sont responsables. Ce n’est pourtant ni l’un ni l’autre qui nous amènent au sujet du jour. La population d’ Abidjan n’est ni productrice de déchets toxiques (quoique l’on pense de la danse de la grippe aviaire ) ni acheteuse principale de ces biens. Elle est simplement la victime du comportement de cow-boys pollueurs internationaux et de dirigeants irresponsables.
Observez simplement les ramifications internationales derrière le cas Probo Koala: un tanker grecque, battant pavillon panaméen, affrété par une société située en Hollande et dirigée par deux français basés à Londres. Il est impossible d’être plus international que cela. Pourquoi faire si compliquer ? Parce que les régulations internationales sont les derniers bastions d’opacité qu’il reste en ce bas monde. Les pays et sous régions ont blindés leurs lois et régulations pour qu’il n’y ait plus de place pour la triche, pas les organismes intercontinentaux. Que l’on me comprenne bien: ce n’est pas qu’elles ne veulent pas légiférer mais il y a tellement de parties impliquées qu’il faut des lustres pour aboutir. Prenons le cas présent. A la suite des multiples cas de rejet sauvages notamment au Congo Brazzaville et en Angola, un accord fut négocier puis ratifié à Bâle. Face a l’échec pratique de Bâle, l’Union Africaine instaura la Convention de Bamako encore plus drastique. Malheureusement il semble que la Cote d’Ivoire regorge encore de fonctionnaires assez véreux et inconséquents pour faire fi de la loi et permettre à une telle catastrophe de se produire.
Un dernier point qui me chiffonne dans ces tristes affaires. A chaque fois, lorsque l’on demande aux habitants vivant à proximité des lieux pollués si ils étaient au courant du danger encouru la réponse est souvent positive. Bien sur, ils ne sont pas au fait des ramifications internationales de l’affaire. Mais ils savent qu’un jour un bateau est venu, qu’il a déposé des choses sur leurs côtes ou dans leur quartier. Il savent que des officiels bruyants ont exigés qu’ils la ferment sinon gare à eux. On apprend aussi que progressivement les gens tombaient malade et que finalement, quand les conséquences dépassent le simple coin directement touché, quelqu’un risque le tout pour le tout et crie à l’aide.
C’est la l’echec de tout un système d’information. Un système où le tabou et la peur de la repression condament le plus faibles. La catastrophe fini pourtant par rattraper ceux-là même qui ont favorisés ces irregularités. Empoisonner un cours d’eau, une nappe fréatique ou un côte maritime peu avoir des conséquences très lourdes sur la santé de toute un pays et même au delà. Et il ne faut pas être un hippie écologiste pour comprendre ce qui découle du bon sens. A bon entendeur …
2 Commentaires
Roberta
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La population d’Abidjan, peut-être. Mais il semblerait quand même que ces déchets toxiques soient liés à une opération de raffinage sauvage qui aurait permis de fabriquer de l’essence de mauvaise qualité (trop polluante en Europe)… à destination du Nigeria. Produits à destination du sud donc.
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C’est bien la source numéro 1 du problème. Les fonctionnaires/gouvernements ripoux. La corruption, c’est très mauvais pour le développement économique. Très très mauvais. Avec des armateurs ripoux qui ont l’air de cacher la nature exacte des produits en question.
Frédéric Leblanc
Agissons pour que cela ne se reproduise pas dans n’importe quel endroit du monde ! « C’est nous qui écrivons l’histoire de demain »
Modestement nous engageons une volonté de faire des petites actions, cela commence en ce moment par la création d’un groupe sur Face Book sous le nom de : Abidjan Dépollution Compagnons.
C’est juste une idée comme ça…Envie de participer vous pouvez nous rejoindre. Amicalement