Toujours à l’affût de sujets chocs pour faire modestement monter nos audiences lepetitnegre vient de décrocher une perle. Tous autant que nous sommes, enfin plutôt tous ceux qui ont vu le film en question, nous nous sommes déjà demander que se serait il passé si Borat avait été un ressortissant de notre pays plutôt qu’un kazhak. Généralement la réponse se décline sous la forme de blagues les plus grivoises les unes que les autres. Mais par simple exercice intellectuel il est tout aussi intéressant de se mettre dans la peau des Etat-Unis. Quel aurait été notre réaction si c’était notre pays qui était ainsi parcouru par ce curieux personnage ? Ni une ni deux, le danois Mads Brugger a tenté l’expérience et c’est le bled qui en prend pour son grade.
L’idée générale:
Mads Brugger s’est toujours demandé comment malgré les nombreux messages indignés le commerce du « diamant de sangs » fonctionnait et continuait à prospérer. Pour élucider ce mystère, il acquiert pour une bouchée de pain le statut d’Ambassadeur de la République Centre Africaine et s’envole pour le Libéria avec la ferme intention d’en sortir avec une valise pleine de diamants. Pour que ce « non-exploit » soit immortalisé il s’arme d’un maximum de caméras cachés afin de documenter son périple. En fait de périple il va vivre la plus terrible des aventures qu’il soit et nous faire passer du rire gêné aux larmes toutes aussi gênées. Son récit culminera même lorsque sa propre vie sera mise en danger car on peut se douter que avec autant d’argent en jeu, les individus qu’il croisera sur son chemin ne seront pas tous des plaisantins.
Ce qu’il y a de bien:
Alors que Borat était semi-scripté ici le reporter est quasi en roue libre. Pourquoi ce détail a t-il de l’importance ? Regardez les émissions de télé réalité : parce que nous savons que c’est plus ou moins mis en scène on excuse les moments les plus débiles ou les plus surréalistes car on sait que ce n’est pas vrai. Ici comme tout est « vrai » cela renforce le côté surréaliste de ce qui passe à l’écran. Les blédards aux doubles jeux son réels, les étrangers embourbés jusqu’au coup dans les magouilles sont plus vrais que nature. Et surtout le fait que les interlocuteurs de notre guide semble traiter régulièrement avec des diplomates en dit long sur la profession.
Le problème abordé ici est très grave. Le commerce des diamants est l’un de ceux qui révèle le plus l’hypocrisie de la nature humaine. Cependant Mads Brugger se garde de juger qui que ce soit. Il ne fait que nous rendre témoins de ce qui est possible. A nous de garder les yeux et les oreilles bien ouverts afin de glaner ci et là des infos sur le côté obscure de ce commerce.
Ce qu’il y a de moins bien:
Comme tout personne à qui l’on vient d’annoncer qu’elle a été filmée par une caméra cachée la première réaction de tout blédard, que dis-je de tout être humain normalement constitué, est de se repasser le film dans la tête afin de voir si il n’a pas perdu la face de manière irrémédiable. C’est dans cet état que ce documentaire laisse le spectateur blédard. Il y a néanmoins des manières de surmonter la honte ainsi causée. On peut se dire, je ne suis ni libérien ni centre-africain donc celà n’aura pas pu m’arriver. On peut également se dire que le réalisateur est tombé sur les deux brebis galeuse du pays. On peut enfin réagir en faisant le même documentaire en jouant le diplomate africain en Europe afin d’universaliser l’humiliation subit et ainsi atténuer sa propre honte. J’invite nos lecteurs qui ne connaissent pas ces sketch à découvrir les guirlandes de l’Ambassade ou bien le Consulat de Cote-d’Ivoire en Flandre Belge. Tout ça pour dire que ce documentaire demande beaucoup de temps pour être digérer par un blédard.
Conclusion:
Mags Burgger nous livre un documentaire plein de sang froid et d’à propos sur un sujet difficile. Il permet de mettre un nom et un visage sur des pratiques mafieuses sur lesquelles trop de monde ferme les yeux. Ayant personnellement déjà vu passer des choses peu légales dans des valises diplomatiques je ne peux qu’applaudir quand une personne ose crever l’abcès. Cependant l’égo blédard plaide pour qu’un journaliste et/ou un réalisateur blédard fasse le même exercice de l’autre côté de la méditerranée. Je lui souffle un pitch gratos au passage: vendre des diamants libériens à Anvers. Je donne à THE AMBASSADOR un 8/10 pour la performance de cette tête brûlée de Mads Burgger.
Le film:
- Genre: Documentaire
- Réalisateur: MADS BRUGGER
- Acteurs: MADS BRUGGER
- Durée: 93 minutes