Merci à tous nos visiteuses qui ont suivi le lien menant à cette article mais nous n’allons, hélas, pas parler d’un régime amaigrissant révolutionnaire venu du bled qui vous permettra d’être au top de votre look avant l’été. Je remercie aussi ceux qui ont impulsivement fait la blague du « régime de banane »: c’est un classique dont on ne se lasse pas. En fait le régime dont nous allons parler ici est tout sauf amaigrissant à en croire les photos de ceux à qui l’on fait référence lorsque l’on en parle. En effet, chers lecteurs, ne trouvez vous pas étrange que alors que tous ces messieurs (et ces dames) siègent à égalité à la table du concert des nations certains sont à la tête de « nations » voire de pays et d’autre à la tête de « régimes » ? A moins qu’il ne s’agisse de l’Organisation des Régimes Unis.
« Le régime » est une expression revêtue d’un parfum dramatique dont usent (et abusent) médias et hommes politiques. Le phénomène n’est pas récent car de tout temps il y a eu des structures gouvernantes auxquelles l’expression « collait bien« . Mais c’est justement sur ce point de détail que je voudrais m’étendre: à partir de quand cela colle-t-il bien ?
Tous les jours nous suivons vous et moi les infos dans tous les organes de presse possibles et imaginables et partout l’expression revient pour qualifier l’ennemi du monde libre du moment. On passe d’un continent à un autre (ndla: notez l’universalité de la dénomination), d’un pays à un autre et à chaque fois on nous martèle « Le régime de [insérer ici un nom de capitale]« . Ce signale nous l’interprétons inconsciemment par « on est actuellement en guerre/conflit ouvert avec ce pays« . Mêmement le jour où le nom est retiré devant celui de la dite capitale on en conclu que le conflit est terminé et que ce sont maintenant nos amis/alliers qui sont aux commandes là bas.
Ce qui nous amène à penser que en fait que dire « Le régime de Khartoum » est la version diplomatiquement correcte de « Le régime de Omar Al Bashir« . D’ailleurs une fois que le conflit devient ouvert, la transition vers cette deuxième forme est immédiate. Là encore il y a un message subliminale qu’il convient de déceler. Nous ne sommes pas en conflit avec le peuple entier du Soudan, ambiguïté présente dans la première forme de l’expression, mais bien avec la bande du sieur en question.
Si l’on a parlé du Régime de Tripoli puis du régime de Khadaffi, peut-on déjà parlé du Régime Wade ?
Mais alors comment font nos communiquant pour étalonner leur « régimomêtre » ? A mon humble avis ils ne disposent pas d’un tel appareil. Il y a certes les stratégies politico-politiciennes qui permettent de voir un régime dans toute manifestation d’autorité même au plus bas niveau (ndla: le régime du rédac’ chef de LPN est particulièrement oppressant en ce moment). Mais au delà de cela les médias pratiquent plutôt l’essai-erreur. Je te prend un bon pays bien dodu par exemple le Zimbabwe, je te colle un étiquette régime dessus (« Le régime de Harare« ) et je balance ça à mes lecteurs en guettant leur réaction. Si ils crient au scandale je me rétracte. Mais si il ne disent rien je pousse un peu plus loin jusqu’à parler du « régime de Robert Mugabe« . Évidemment, dans certain cas comme celui du Zimbabwe justement je fini toujours par tomber sur un troll qui va m’expliquer que ce n’est pas si simple et tranché que ça là bas. Pire, il y a ces situations confusent où le chef n’est pas connu ou n’est pas encore une star du coup la précaution pousse les média à rester évasif mais a apposer quand même le label: « le régime des talibans« .
Ce constat m’amène au dernier point qui m’agace dans cette expression. C’est un point qu’il partage avec le mot « racisme » et ce uniquement dans les médias car dans le dictionnaire la définition, elle, est clair. Le régime est un expression qui ne fonctionne que dans un sens. Je m’explique: si un média ou un politicien africain s’aventure à parler du « régime de Bruxelles« , du « régime Cameron (UK) » ou du « régime de Washington« , une fronde médiatique internationale mais aussi locale s’abattrait aussitôt sur lui. Une fois encore je ne juge pas là la véracité des propos: il ne s’agit pas de dire si oui ou non untel ou untel au nord ou au sud est un dictateur, il s’agit juste du droit d’utiliser l’expression dans le même contexte que ci-dessus pour signifier que l’on ne s’entend actuellement pas avec ces personnes.
Là où le bas blesse c’est que nous autres blédards sommes trop souvent victimes de notre excès de politesse lorsque l’on s’exprime dans les langues diplomatiques (ndla: Anglais et Français – il en va autrement quand il s’agit de parler dans le langue nationale, croyez moi). On ne dit pas le « régime de Paris » on dit « la France » avec un F majuscule. On ne dit pas « le régime Sarkozy » on dit « Sarkozy » tout cours comme si c’était un gars qu’on croisait tous les jours au bistro. Le résultat c’est que l’on est jamais pris au sérieux et nous rentrons systématiquement perdant dans le champs de la bataille médiatique. A bon entendeur , salut.
Un commentaire
vincent ague
j’apprecie bien votre sursaut d’africain. seulement je voudrais vous dire que ce n’est pas la faute aux medias intrenationaux. c’est simplement le langage des médias et puis meme les médias du Bled sont obligés d’adopter ce langage dans la mesure ou ils ne font que copier. d’ailleurs le jounalisme en afrique francophone n’est il pas le prototype de ce journalisme d’opinion de la france?