A plusieurs reprises nous avons chez lepetitnegre.com mis l’accent sur les subtilités du langage français tel qu’employé par les blédards. Certaines expressions idiomatiques se trouvaient détournées de leur sens premier, ou devrais-je dire, de leur sens français. Pourtant quand on y réfléchit, le sens que les blédards donnent aux choses est tout aussi pertinent. J’en veux pour exemple l’expression du jour « avoir le bras long » que les français expliquent par « avoir de l’influence« . Pour les blédards c’est encore plus concret: cela signifie pouvoir atteindre physiquement n’importe qui quel que soit l’endroit où il se trouve.
Revoyons la scène au ralentit. Je regarde tranquillement les infos quand soudain Lamia Chakkour, l’Ambassadrice de la Syrie dans l’Hexagone, sur une envolée lyrique indignée se décide à claquer la porte à la face du gouvernement qui l’a appointé. Directement moi et tous les blédards dans la pièce on se dit regarde et on comprend tout de suite la manœuvre. Ce qui se déroule devant nos yeux c’est un bon plan pour obtenir le statut de « réfugié VIP de luxe » en Europe. Mais v’là t’y pas que quelque heures après la même dame apparaît sur une autre chaîne, prétend être le vrai ambassadeur de Syrie et affirme toujours être à son poste à Paris.
Cette scène là, nous autres blédard nous la connaissons bien. Sans présager des tenants et aboutissants de cette affaire syrienne, nous avions de concert convenu avec mes potes qu’un appel téléphonique opportun venant de Damas avait remis les choses en place. C’est ça que l’on appelle chez nous avoir le bras long. Ce n’est pas simplement « influencer » mais montrer explicitement (et physiquement ) que l’on a le pouvoir d' »atteindre » tout ressortissant du pays même si il se trouve à l’étranger. Un tel fait amène toujours un blédard à l’étranger à relativiser son positionnement sur la place publique. En effet, le blédard à l’étranger vit dans le mode du pays qui l’héberge, quoi qu’en disent ceux qui se plaignent de leur intégration raté. Quand ce pays est un pays occidental, région où les gens ont tendance à l’ouvrir à chaque fois qu’ils en ont envie, il est normale que nos soeurs et frères se laissent aller à la tendance générale. Mais voilà, le pays qui semble les avoir laissé partir tiens régulièrement à leur rappeler qu’ils ne sont pas à l’abris de la main-au-bout-du-bras-long. Les opposants maghrébins en savent quelque chose. Dans les plus sombres heures de leur histoire, leur pays envoyait des hommes de main les mettre dans des conteneurs pour les ramener au bercail. Mais cette fâcheuse tendance ne s’arrête pas là et les autres régions du bled ne sont pas sans reste.
Si « avoir le bras long » peux en premier lecture donner une impression de toute puissance, il traduit en seconde lecture l’aveux d’une certaine vulnérabilité et principalement une vulnérabilité aux mots. Idéalement la conséquence d’un geste posé par la Main au bout du bras long doit être positif. Un pouvoir fort n’a donc normalement rien à craindre de cela. Mieux encore il peut mener une contre campagne de presse pour prouver le contraire de ce qui est dit. Ceci dit de telle stratégies de communication supposent que ce que l’étranger pense de nous peut avoir une conséquence quelconque sur nos relations. On arrive donc à la situation paradoxale où un symbole de puissance devient un symbole de faiblesse. C’est sans doute face à ce constat que ce dicton blédard est né:
« il a le bras tellement long que son pieds a rétréci »
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