C’est bien connu, aucune école ne peut vous apprendre la charisme. Aucun enseignement ne peut vous apprendre à devenir un leader même si vous en avez les idées, le programme et la force. Cependant disposer d’un bon petit diplôme attestant d’un passage sur les bancs de l’école, ça peut aider et cela permet de ne pas vivre à la merci de ses conseillers et des cabinets d’experts. Mais puisque nous y sommes, profitons en pour passer en revu le cursus scolaire de quelques chefs d’États du bled, on ne sait jamais qu’il y aurait de bonnes surprises.
Récemment la junte militaire « provisoirement » au pouvoir en Niger a essuyé des critiques suite à un article anodin qui est apparu dans le code électorale. L’article établissait l’obligation pour tout candidat au poste de représentant de la nation d’être titulaire d’un baccalauréat. Si cela peut paraître évident pour un publique habitué à une certaine conception de la politique plus proche du technique que de l’idéologique, cela n’est pas aussi évident dans un pays ou les performances de l’enseignement publique ou privé ne sont pas glorieuses. Bien que cela ne présage en rien de la qualité humaine et du charisme des candidats potentiels, il est évident qu’un diplôme universitaire de surcroît est un gage certain de crédibilité dans la pure tradition du « il sait de quoi il parle parce que c’est un [insérez un gros diplôme au choix ici]« .Chez nous au bled on distingue trois type de profiles:
1. Les sur diplômés:
Ces personnes ont un diplôme tellement « gros » qu’on se demande pourquoi ils se sont embarqués sur cette galère qu’est le jeu politique. Prenez par exemple Ellen Johnson Sirleaf du Liberia diplômée en art de son état avant de souscrire à un MBA en administration publique: la politique serait-elle un art? Prenez les Président et Premier Ministre de Tanzanie tous deux bardés de diplômes en Économie et Droit. Ou encore Wade du Sénégal sans oublier Robert Mugabé le Président aux sept (7) diplômes. En fait ce sont les profiles qui pré-disposent le plus à la fonction « publique »: Économiste, Juriste ou cette invention française que l’on appelle Science Politique mais qui, en fait, est un Diplôme en Histoire comme celui que détient Laurent Gbagbo. Il y a également l’École Militaire mais ses « diplômés » sont dans une autre catégorie.
2. Les sous diplômés ou anciens sur diplômé.
Ils ont des diplômes qui date de l’époque coloniale et qui à l’époque faisait sensation parmi les blédards. Aujourd’hui ce papier ne vaut plus grand chose mais l’expérience sur le terrain, ou en poste comme on veut, à pallier cette inadéquation. Heureusement au bout de 50 ans, c’est une espèce en voix de disparition. On y trouve essentiellement tous les militaires de formation (ndla: trop nombreux pour être tous nommés ici) vu que les autres Présidents bacheliers ont cassés leur pipe.
A-t-on réellement besoin d’un diplôme pour diriger une nation ? (source)
3. Les SDF ou sans diplôme fixe
ils n’ont pas de diplôme en tant que tel. Rien du tout. Ils ont préféré suivre le modèle de Bill Gates et quitter l’école pour ne pas rater le train de l’histoire qui comme on le sait ne s’arrête qu’une fois à chaque station et ne revient jamais. Il y a bien ceux qui par remord ont pris un petit certificat au détour d’une « formation » (ndla: attention ceci est le langage des centres de travail intérimaire eux même étant un concept essentiellement occidental car au bled tout travail est intérimaire sauf …). On y trouve généralement des leaders des « grands » pays du bled comme Joseph Kabila le « taximan/mecano » du RD Congo, Jacob Zuma le « plombier » autodidacte d’Afrique du Sud ou DJ Andry de Madagascar.
Quelle que soit leur qualification, il semble acquis au bled que une fois en place les présidents tirent un trait sur cette période de leur vie. Comme si elle ne devait en rien influencer leur action présente. Ils veulent être évaluer au regard de leur action en place et non pas sur leur « alma mater ». Du coup ça valait bien la peine d’user ses fonds de pantalon sur les bancs de l’école. Les plus vicieux se défendent avec l’argument massu qui marche bien chez certains esprits faibles: « vous suivez bien Jésus aveuglement alors qu’il n’avait aucun diplôme universitaire lui« .
Que ce soit clair, la politique n’est pas une religion: c’est un travail sérieux. On ne demande pas aux décideurs politiques d’être physiciens nucléaires vu que tout le boulot technique est pris en main par son équipe (ndla: j’ose émettre le postulat que ces personnes ont un cabinet compétant). Tous ce que l’on veut c’est qu’ils ne nous tapent pas la honte en publique, est-ce trop demander ?
2 Commentaires
Eddy
Pre-requis pour les chefs d’etat. Ah le controversé sujet que voilà. Je ne sais pas si on peut dire comme ca de facto, que le bacc est un prérequis.
je ne sais pas pour vous, mais j’aurais quand même un petit pincement au coeur si j’entendais « mon » président nous sortir des « je l’a dit que », lors d’interview télés. Bien sûr cela ne signifie pas que parce qu’on a le bacc, on s’exprime mieux.
J’ai entendu des « je l’a dis que » venant de bacc + n, avec n >2.
Je pense que le plus important c’est pas tant son niveau d’études, mais la personne du candidat, sa personnalité, son experience humaine. Est-il à même de s’exprimer simplement et correctement, d’appréhender la problematique de la gestion d’un pays?
Peut-t-il gérer la critique? Sait-t-il écouter, même ceux qui sont d’un avis contraire au sien??
Mais, le plus important de tout, aime-t-il son pays et ses habitants?
jean Rony Duvelsaint
nous estimons important diriger un pays c’est d’avoir l’information nécessaire pour permettre aux dirigeants d’intervenir au moment opportun et agir en conséquence.