La Chine vient d’annoncer la mise à disposition de 10 Milliards de Dollars pour l’Afrique. Cette somme est un montant globale débloqué pour son nouveau partenaire économique. « Globale » parce que l’Afrique n’est pas un seul pays, n’en déplaisent à certains, mais bel et bien un zone géographique sur laquelle on retrouve des pays aussi nombreux que divers et il en va de même pour leurs besoins et leurs plans. Alors, qui va emporter le pactole ?
Le temps passe et les cartes sont distribuées autrement dans cette partie de poker interminable que se livre les pays qui constituent notre globe. Les anciens pauvres joueurs d’hier sont aujourd’hui en position de force et augmentent la mise pour voir si les joueurs traditionnels vont pouvoir suivre. Wen Jiabao, le premier ministre chinois a donc profité du sommet Chine-Afrique qui a eu lieu à Charm El Cheik en Egypte pour annoncer cette nouvelle mise. Il n’en fallait pas plus pour attirer la convoitise des chefs d’état du bled car eux des « projets » sans financement il en ont à la pelle.
Que retenir de ce sommet ? Tous d’abord et c’est mon nouveau plaisir secret, il a fortement énervé les européens qui voient de plus en plus s’éloigner leur main mise sur le bled. Il est vrai que entre des réunions stériles où l’on ne parle que d’intentions et de philosophie et des sommets concrets où l’on évoque directement le sonnant et le trébuchant: il n’y a pas photo.
Dans les grandes lignes, la Chine propose une aide dans tous les secteurs mais surtout ciblée sur les infrastructures. En un sens c’est malin: les politiques du bled ont besoin de montrer du concret à leurs administrés et une route, un hôpital, une station d’épuration, des bâtiments rien n’est plus concret. Le plan chinois est habile car ils ont réussi à mettre le doigt là où cela fait mal. Mal à qui ? Au concept traditionnel de coopération Nord-Sud. Après plus de 50 ans d’indépendance et plus encore en colonisation, on en est encore à construire des éléments primaires de développements tels que ceux là. C’est un constat d’échec cuisant pour la coopération technique qu’elle soit française, belge, anglaise ou autre. Qu’ont-ils bien pu faire pendant tout ce temps ? Qui ont-ils formés ? Rien et personne… ou quelque chose qui a été détruit depuis. Quant à leurs élèves, soit ils sont morts avant l’heure (ma première hypothèse), soit ils sont allés chercher fortune plus au nord (ma seconde hypothèse), soit enfin ils sont encore sur place mais ont été neutralisés par l’immobilisme que nous avons érigé en institution au bled (hypothèse de mon compère LPN – ndla).
Ce que l’on a également observé au cours de ce sommet, c’est l’opposition manifeste entre les 2 Afriques: l’anglophone et la francophone (les pays du Maghreb étant rangés parmi les francophones – ndla). Chacun a essayé maladroitement de tirer la couverture dans son camps alors que la Chine est neutre dans ce débat linguistique stérile. Les blédards sont donc sur un même pieds d’égalité (à la teneur en matières premières de leur sous-sol près –nlda) auquel ils ne sont pas habitués et c’est tant mieux.
Mais on ne m’ôtera pas de l’esprit que tout ce beau monde sorti de Charm El Cheik avec un grand sourire n’est pas conscient qu’il s’agit d’un prêt à tempérament. Un prêt à taux plancher certes mais un prêt quand même: il va donc falloir le rembourser. De plus, ce prêt est là pour financer des travaux réalisés par des entreprises chinoises au bled. Là encore la Chine ne fait que reproduire le modèle européen en résorbant son trop plein de chômeurs grâce au bled. Dernier point, enfin, 10 Milliards d’euros sur trois ans a répartir entre 49 pays c’est de la rigolade. Le budget de la ville de Paris pour une seule année est de 12 Milliards d’euros: on est très loin d’un Plan Marchall africain à sauce aigre douce. Je dis ça pour calmer les ardeurs de ceux qui pensaient voir le bout du tunnel à la lueur de ces Milliards chinois.
Face à une Europe donneuse de leçons et à une Amérique qui la joue perso, les bledards ont préférés une Chine donneuse d’argent: le choix est fait, tentons de vivre avec. Il est cependant important que nos signataires se mettent dans la tête une fois pour toute que ce sont les chinois qui ont besoin du bled et non le contraire. Sinon nous sommes en passe de voir le scénario des 50 dernières années se reproduire à nouveau… pour les 50 prochaines années.
4 Commentaires
Mâh
« Qui va emporter le pactole ? » oh, ce n’est question d’optimisation … richesse du sous-sol, logistique maritime, amitiés politiques …
L'AFRICAIN
Une très bonne analyse. Mais le pire de tout ça c’est la finalité de cette aide chinoise et ces modalités. Ils( les chinois ) sont les plus grands gagnant de cette partie de poker, l’Afrique ne peut fixer ces conditions et se trouve donc contrains d’accepter cet argent la mort dans l’âme. a quand l’indépendance?
LPN
@L’AFRICAIN je te cite
Je ne suis pas d’accord avec un tel raisonnement, il faut arrêter le fatalisme. Rien n’empêche les africains, ou du moins leurs leaders de s’affranchir de ce genre de marché. Ils savent que c’est un marché de dupe et pourtant il le signe… donc nous avons nous aussi notre part de responsabilité.
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