Nous voilà de retour dans les salles obscures… ou du moins pas très loin car le film que je vous propose aujourd’hui n’est pas encore sorti. « Invictus » est le dernier opus de Clint « Inspecteur Harry » Eastwood. Le film a été tourné dans le plus grand secret (???) en Afrique du Sud et la bande-annonce vient à peine de paraitre. Revue de ce film que je n’ai, évidement, pas encore vu.
« Invictus » est le mot latin signifiant « Invincible« . Il est également dans la littérature anglaise le nom d’un très célèbre poème de l’auteur du XVIIIe siècle William Ernest Henley. La légende veut que l’auteur a écrit ces lignes sur son lit d’hôpital après avoir subit l’amputation d’un membre. C’était là une manière très noble, quoique très rétro je vous l’accorde, d’évacuer la douleur et de montrer que la force de son mental pouvait l’aider à vaincre la douleur physique et l’adversité qu’elle a engendré. Clint Eastwood qui c’est révélé être un réalisateur prolifique, avec quasiment un film par ans depuis plus de 30 ans, a trouvé un parallèle entre ce poème et une épisode de la vie de Nelson « Madiba » Mandela. Le vieux Madiba est connu et reconnu pour avoir cherché à rapprocher les communautés en limitant les clashs post apartheid et permettant au pays de ne pas prendre le chemin du Zimbabwe. L’épisode relaté ici montre justement un de ces moyens que Madiba a utilisé pour créer un sentiment d’union chez ses concitoyens. Il n’a pas réinventer la roue, il a plutôt injecté une dose homéopathique du nouvel opium du peuple: le Sport. En Afrique du Sud, les Sport Roi sont le rugby (pour le biblos) et le football (pour les blakos). Même si ce film ne traite que du premier, à tort à mon avis, Mandela a bien eu recours aux deux. Le foot avec la CAN 1996 organisée et remportée par l’Afrique du Sud avait permis un rapprochement des deux communautés séparés par tant d’années de ségrégation. C’est à cette occasion également que l’on avait vu briller un jeune défenseur blanc du nom de Mark Fish qui allait devenir la star incontesté des « Rainbow Warriors » devenus « Bafana Bafana« et qui allait gagné le respect et l’admiration des blédard au delà même des frontière de son pays.
François Pienaar reçoit la Coup du Monde des mains de Madiba (source)
Mais voilà, « Invictus » et un film américain et le Rugby est plus proche du Sport Roi au Etats Unis, le Football Américain, que le « vrai » Football. Exit donc Mark Fish et bonjour Francois Pienaar, le capitaine de l’équipe des Springboks, l’équipe nationale de Rugby d’Afrique du Sud. Exit la CAN 1996 et bonjour la Coupe de Monde de Rugby un an plus tôt, et toujours en Afrique du Sud. Ce qui va décevoir immanquablement dans ce film c’est qu’on va nous faire passer près de 2 heures dans une salle obscure juste pour arriver au moment de la reconstitution de l’instant où Morgan Freeman sapé en Springbok va remettre la coupe à Matt Damon devant une population multicolore en liesse. Ce moment est reconnu comme étant l’une des plus important image du Sport-Politique mondial à l’instar du poing levé des J.O. de Mexico 1968. J’espère que le réalisateur ne va pas occulté les soupçons d’empoisonnement des All Blacks lors de la finale du tournoi, ça donnera encore plus de poids à la thèse que Madiba devait faire gagner les Springboks « by any means necessary« . Une chose qui m’amuse c’est que la bande annonce du film a pour fond sonore un Mandela qui déclame les vers du poème de Henley. On dirait que Eatswood voulait donner de l’eau au moulin de ma thèse comme quoi Mandela n’a jamais eu de punshline personnelle (ce qui n’est pas un mal en soit – ndla).
Cinématographiquement rien de neuf donc. Toujours de belles images mais ça on commence à en avoir l’habitude, un casting impeccables, une bande son thématique qui ne marque pas spécialement par son originalité. En fait, le « film sur l’Afrique australe » est devenu un genre à part entière avec ses canons visuels et sonores. Quelque part c’est tant mieux car on peut vraiment se concentrer sur l’histoire. Vu d’ici la tache la plus difficile pour le réalisateur reste celle de réussir à nous intéresser à des personnages assez ordinaires, à leur donner une profondeur suffisante pour que l’on croit que tout ce qu’ils ont vécu était prémédité. Le message justifiera alors le parallèle avec le poème: ce sont bien les hommes qui font l’histoire et non pas l’inverse.
Bande Annonce de « Invictus » de Clint Eastwood