Après Oprah Winfrey en Afrique du Sud, c’est au tour de Madonna d’ouvrir une école 32 carats pour filles au Malawi. Plutôt que de revenir pour la nième fois sur la polémique des « peoples » qui trustent la couverture par les médias du sujet « Afrique », je me pose une autre question: faut-il attendre que des étrangers s’intéressent à nos sœurs du bled pour que l’on reconnaisse leur valeur ?
C’est l’éternelle polémique lorsque l’on aborde la situation économique du bled. Plus d’un débatteur se plaint que l’on nous a volé nos ressources minières. Les plus modérés nuancent en disant que c’est nous qui avons bradés nos matières premières, pas au plus offrant mais carrément à celui qui offrait simplement un petit quelque chose. Ces ressources qui n’étaient pas qu’un tas de cailloux avant que des prédateurs aguerris aux techniques les plus pointues de négociation nous tiennent un peu près ce langage: « Oyez Messieurs les blédards, ne voulez-vous pas que je vous débarrasse des ces quelques cailloux qui encombrent votre paysage ? Je vous donnerais pour la peine quelques bijoux de pacotille« . Dont acte. Après plusieurs décennies, nos frères blédard se réveillent et se rendent compte que le fameux tas de cailloux était en fait une mine d’or mais c’est trop tard car les circuits de distribution sont déjà en place et sous le contrôle des prédateurs. Ils ne nous reste alors plus qu’à ramasser les miettes d’un secteur qui aurait pu être le moteur de notre révolution industrielle.
La situation décrite avec sensationnalisme et un semblant de défaitisme plus haut est-elle sur le point de se reproduire ? Cette fois-ci en lieu et place du tas de cailloux, il s’agit de jeune écoliers sans le sous et, parfois malades, sans aucun possibilité d’un soutien familial. Ces jeunes sont des laissés pour compte d’un système où l’argent est la clef de pas mal de portes. Puis vient une personne qui voit le potentiel que constitue cette jeunesse. Madonna et Oprah Winfrey sont certes les plus médiatisées mais il ne faut pas oublier toutes ses écoles privés sponsorisés par les émirs du Moyen-Orient ou bien par un Mouhamar Khadaffi. En quoi ce modèle est-il intéressant et neuf ? C’est parce que les jeunes restent dans leur pays. C’est une première car le message n’est plus de faire croire que l’on ne peut acquérir une éducation valable que hors du bled. Autre point intéressant, ses écoles ne sont pas, en principe, en concurrence avec le système classique car elles recrutent dans la masse des rejetés de celui-ci. Seulement à la sortie, il est a se demander si les recruteurs prendront des élèves sortis des écoles de l’état ou bien si ils préfèrerons ceux issus de ces écoles privées. Car ce sont bien là des écoles privées. La tradition voulait que les écoles publiques africaines, elles, forment les futurs fonctionnaires de l’État. Face à la faillite du modèle d’Etat des Fonctionnaire, les jeunes issus de ses écoles doivent entrer dans la vie active avec moins d’assurance de trouver un emploi. Ils en arrivent même à songer s’expatrier faut d’un travail qui répond à leur qualification. Mais voilà qu’il existe maintenant un ou plusieurs autres établissements à coté du leur dont les élèves ont d’entrée de jeu un porte ouverte vers l’étranger. Il n’y a pas à dire, le jeu devient serré et sans s’en rendre compte en autorisant l’implantation de ces établissements scolaires, on a mis un pression ( nécessaire ) sur l’enseignent publique classique.
Oprah Winfrey et quelques élèves inaugurent la Leadership Academy en Afrique du Sud ?
Une autre type d’école business se dessine donc à l’horizon: il s’agit d’une système scolaire dans lequel les institutions scolaires choisissent leurs élèves et pas le contraire. Ce que je trouve d’intéressant dans cette approche c’est que l’école semble investir dans l’étudiant dans l’espoir d’en tirer profit quelque chose de concret. Cela nous change de l’approche actuelle où l’on voit de plus en plus d’écoles entrepôt, véritable pompe à fric pour les parents et la famille toute entière. Ces écoles vivent dans l’immédiat et se disent que au plus il y a d’élèves inscrits au plus il y aura de « droit d’inscription » payés (le fameux minérval pour nos amis belges, congolais et rwandais – ndla). L’arrivée de ce nouveau modèle d’école donne une alternative intéressante dans laquelle ce sont les établissements et les enseignants qui doivent fournir l’effort supplémentaire pour que les élèves soient au niveau voir plus haut. C’est à la qualité de ces élèves à leur sortie que l’on déterminera la qualité de l’établissement et que les gens et les entreprises seront plus enclins à injecter les fonds nécessaire pour assuré la pérennité du système. Il n’y a pas à dire, rien de tel qu’un peu de concurrence pour relancer une machine un peu grippée. Finalement, c’est pas une mauvaise chose ces écoles surtout si elles permettent de tirer l’ensemble du système éducatif vers le haut. Il s’agit à présent de pas rater train à nouveau.
Un commentaire
oniN
Ce n’est pas parce qu’on n’est pas au courant de quelque chose que ça n’existe pas…