Le Thermomètre

Quand on a la fièvre, on accuse le thermomètre.

C’est ce dicton nordique qui a inspiré ce billet. Souvenez vous que lepetitnegre se plaît à parcourir les classements divers et variés dès leur sortie uniquement pour constater que les pays du bled sont (encore) mal classés. Souvenez vous aussi que, à chaque fois, les pays concernés se plaignent d’être mal évalués. Qu’à cela ne tienne: voyons ensembles quels sont donc ces fameux critères retenus pour définir l’index de déliquescence des états ou « Failed States Index ».

Pression démographique (Galopante)

C’est un comble je vous le concède, surtout vu que l’on vient à peine d’atteindre le milliard (2010). D’aucun disent que guerres et famines plombent nos chiffres mais il n’empêche que des pays comme le Rwanda, le Burundi ou le RD Congo qui ont été amputé d’une portion significative de leur population se sont « refait » une santé en 15 ans soit une seule génération. C’est beaucoup de monde très vite. Et c’est cela surtout qui nous fait perdre des points car la croissance des ressources disponibles pour nourrir nos nouveaux venus ne suit pas le même rythme.

Mouvement de populations internes (Réfugiés):

La géopolitique ne nous aide pas. En cas de conflit armé nos populations logiquement essaient de fuir. Mais les frontières du pays voir du continent sont devenus forts imperméables. Aussi de nombreuses populations vivent ballotés entre les frontières de pays qui souvent ne sont pas les leurs. Pas un pays au bled ne compte de zones réservées aux réfugiés d’une n-ième guerre civile. Certains en ont même fait un business puisque plus vous en avez plus vous recevez de subsides étrangers.

Cycle de violence communautaires:

Aller contre cet indicateur signifie qu’il y a un pays du bled sans communautés affirmés. J’attends le premier blédard qui osera l’affirmer et puis je perdrais mon temps à m’étendre sur le sujet.

Émigration chronique:

Je ne dirais qu’un seul mot: Lampéduza et sa population cosmopolite.

Développement inégale:

Si mes lecteurs ont déjà passé une semaine dans la campagne au bled ils savent que ceci est le critère économique le plus palpable. Si ce n’est pas le cas, il faut me citer le nom d’une ville du bled qui n’a pas de bidonville. Si là non plus ils n’en connaissent pas c’est qu’ils sont de ceux qui se plaignent du classement injuste d’un pays qu’ils connaissent si bien.

Déclin économique subit ou prononcé:

qui n’a pas entendu ses parents dire « Avant c’était mieux ». Le avant en question ce n’est pas plus de 20 ans en arrière. A peine une génération ou comme j’aime à le dire à peine le temps d’un mandat présidentiel. Vu que l’on a dépassé la cinquantaine, nous en sommes à notre troisième cycle de dégringolade. C’est suffisant pour parler de déclin foudroyant.


La situation du monde en 2010 montre l’Afrique dans le Rouge

Légitimité de l’État:

il est difficile de débattre de cela. Comment aidé un état en lui matraquant jour et nuit qu’il n’est pas légitime.  En même temps un état qui lutte pour assoir sa légitimité prouve par là même qu’il n’en a pas de façon évidente. Ce débat est à mon sens tranché par celui qui ose et peut affirmer que l’état est ou n’est pas corrompu et/ou en faillite.

État des services publiques:

à l’opposé du critère précédent qui concerne plus les politiciens (les patrons), il s’agit ici des agents de l’état (les employés) qui sont la face visible de l’État pour la population. Ce sont ceux que l’on connait directement et non via la télé ou les journaux. Ce critère est plus que pertinent car la majeure partie d’entre nous ne connaissons l’état que au travers d’eux et l’image qu’ils en donnent au bled parle d’elle même.

Droit de l’Homme et de la Loi:

C’est à priori un index en lui même. L’homme moderne a hérité de la revendication de tellement de droits qu’il devient difficile à un état quel qu’il soit de tous les garantir. Au bled, on préfèrera donc en limiter leur nombre,  pour avoir une plus grande facilité de les honorer, bien sur.

Appareil sécuritaire:

Les récents événement au Burkina nous ont montré que quand un dirigeant traine trop longtemps au pouvoir il se forme un pouvoir dans le pouvoir. Une caste de personne qui sont là depuis si longtemps qu’ils en ont oublié que le poste ne leur est pas du de droit divin. Cet index aurait pu se fondre dans les deux précédents.

Montée de faction dans l’élite:

Comme on dit dans l’IT la redondance est une bonne chose surtout en cas d’incident. Avoir beaucoup de chefs est donc un signe de bonne santé. Mais voilà chez nous on a le droit que à un seul chef (vivant). Le fractionnement se retrouve donc chez des sous-chefs qui ont formé une véritable cours autour du Grand Chef. Cet index complète le précédent en y ajoutant une couche religieuse/culturelle/régionale et/ou économique.

Ingérence extérieur:

Et quand l’on parle ingérence c’est surtout à l’ingérence armée à laquelle on fait allusion. Seul celui qui n’a pas de voisin peu se prémunir contre ce fléau. Mon impression du bled a toujours été que où que l’on habite, on se trouve systématiquement sur une ou plusieurs frontières d’où la pertinence d’une mesure de la capacité de nuisance des voisins.

En fin de compte tous ces critères sont pertinents et méritent de faire partie des gradations du thermomètre. A mon avis ce qui froisse nos pays et leurs dirigeants c’est plutôt cette accumulation d’indicateurs qui aboutissent au tableau fort sombre. Au fils des ans, de « situation de départ » ils deviennent « bilan d’exercice ». Dès lors, l’exercice devient  très difficilement défendable devant les bailleurs, les créanciers qu’ils soient étrangers ou locaux.
Une manière d’adoucir l’effet piqure de rappel de telle publication serait de la séparer en autant de publications qu’il y a de critère au courant de l’année. Cela aurait également le mérite d’amener nos dirigeants à réagir et à ce justifier pas une fois mais plusieurs fois dans l’année. En attendant, bon courage à ceux qui veulent faire carrière dans la politique.

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