Ngozi Okonjo-Iweala et Joyce Banda sont deux noms bien de chez nous qui sont revenus dans l’actualité ces jours-ci. Et pour cause, ces deux dames jouent depuis un certain temps dans la cour des grands. Et quand je dis la cour des grands il ne s’agit pas d’un vilain jeu de mot. Non, je parle de la Champion’s League Politico Economique du Monde, là où il y a un pouvoir réel de décision. Ces deux personnages atypiques nous donnent l’occasion de nous intéresser à un autre aspect des « femmes de pouvoir » du bled et surtout à ce que les blédards eux même pensent de leurs sœurs une fois que celles-ci tentent d’accéder au pouvoir.
Traditionnellement quand on parle d’une « femme puissante » au bled on sous-entend « la femme d’un homme puissant« . Comme si il fallait systématiquement la caution « musculaire » d’un homme pour valider les ordres donnés par une femme. Et puis on a vu progressivement apparaître des « success stories » au féminin. C’était généralement des réussites économiques de femmes d’affaire averties. Et puis, finalement, le temps a fait son oeuvre et les sœurs sont enfin apparues dans tous les autres postes à responsabilités et fatalement dans des postes à responsabilités politiques. Je ne vais pas m’aventurer à relater l’histoire des femmes dans la politique africaine: c’est un exercice que j’imagine énorme et pour lequel je n’ai aucune compétence. Mais force est de constater que le parcours de ces deux dames est pour le moins
remarquable.
Ngozi Okonjo-Iweala, comme tous les habitants Nigéria, est la fille d’un roi locale. Elle a excellé dans le système éducatif américain avant de revenir à deux reprise servir son pays. D’après les bruits qui courent on a du lui supplier de venir s’occuper du dossier « Nigeria ». Dans le hip-hop on dit que « seuls les vrais savent« , il semble donc que les vrais ne ce sont pas posé d’autre question que celle de savoir qui était la personne la plus qualifiée pour le job. Certes les attaques sur un poste aussi exposé (ndla: Ministre des Finances) n’ont pas manqué mais elles étaient presque toutes portés sur les actions et non la personne. Je crois que seul le soupçon de corruption au profit d’un de ses frères constitue l’exception à la règle. Joyce Banda quand à elle n’est pas née avec une cuillère en argent dans la bouche mais cela ne l’a pas empêché de construire une carrière économique et politique exemplaire jusqu’à devenir Président de la République du Malawi. La encore ce ne fut pas sans l’intervention de quelques irréductibles « haterz » à commencé par son prédécesseur. Ce dernier avait intrigué, à l’encontre de ce que prévoit la Constitution, pour être succédé par son frère allant même jusqu’à « renvoyer » Mme Banda. Mais à la fin de la journée le poids politique réel des uns et des autres à fait la différence. Comme vous avez pu le constaté dans les deux cas il y a certes eu opposition à l’accès au pouvoir et même quelques attaques personnelles comme seul les blédards savent les faire. Mais jamais au grand jamais le fait que ces deux personnages soient des femmes n’est intervenu dans la discussion si ce n’est en Europe où on s’étonne de voire une femme apparaître sur le radar. Croyez-moi cher amis blédards c’est une bonne chose pour les habitants des pays concernés et les autres devraient en prendre de la graine.
A l’heure où je termine cet article la logique politicienne a triomphé de l’histoire: Ngozi Okonjo-Iweala a perdu le vote d’investiture à la tête de la Banque Mondiale au profite de l’américain Jim Yong Kim. Le fait que ce dernier se soit senti menacé dans sa candidature par la candidate de l’alternance ne fait que renforcer le mérite de celle-ci. La compétence de Mme Okonjo-Iweala dans le domaine financier était non seulement un de ses principaux atouts mais face à un spécialiste de la Santé Publique cela devait être décisif. Aussi comprend-t-on sans y adhérer la discrétion de l’annonce de l’issue de ce vote. Les USA et leurs alliés de circonstance européens ont honte que la raison politico-diplomatique a triomphé sur le bon sens. Bien fait pour eux car ils partagent désormais le sort de tous les faux frères du bleds qui ont osé contester la pertinence de la présence d’une femme aux commandes.