Revue Cinéma: Vénus Noire

Une fois n’est pas coutume chers lecteurs: je vais vous parler d’un film que j’ai effectivement vu. Tout arrive dans la vie et, en l’occurrence ici, j’ai obtenu des places VIP (ndla: comprendre gratos) pour la première du nouveau film de Abdellatif Kechiche: Vénus Noire. Il est vrai que au prix où j’ai payé mon parking (9 euros) l’avantage était tout relatif. Il est donc normal voire même légitime que je me défoule sur ce qui s’annonce être un film barbant car on est que six blédards dans une salle pleine à craquer.

Le Synopsis:il a fallut 10 ans à Abdellatif Kechiche pour tourner son film sur la Vénus et, à en croire tous ceux qui le côtoient, le projet l’obsédait. Le déclic a été sa rencontre avec l’actrice principale d’origine cubaine Yahima Torres (ndla: présente dans la salle et dont le ramage se rapporte au plumage si vous me permettez l’expression). Durant trois heures (ndla: vous avez bien lu trois heures) nous allons suivre le destin de Saartjie Braatman. Celle ci va être promenée de foires, en salons mondains, en laboratoires et en musés entre Londres et Paris sous le sobriquet de la Vénus hottentote (ndla: qui aurait du s’appeler « vénus khoïkhoï » selon monsieur je-sais-tout).
Je ne m’étends pas plus longtemps sur le fond de l’histoire que les lecteurs trop intellos de ce blog connaissent sans doute trop bien. Pour les autres, je vous invite à aller lire d’autres revues du film écrites par de vrais journalistes car n’oublions pas que si vous lisez ces lignes c’est que vous cherchez comme moi à voir et parler de ce que les autres n’ont pas vu  ou dit.

« Vénus Noire » d’Abdelattif Kechiche – Bande Annonce

VENUS NOIRE – Bande-annonce HD posted by MK2diffusion

Le Bon:

Tous les acteurs de ce film sont excellents. Je dis bien tous: aussi bien le premier rôle qui était a son premier essai au cinéma que tous les autres y compris le dernier des figurants. Le film est aussi servi par de bons dialogues et une restitution de l’ambiance tellement fidèle qu’elle en est parfois froide de vérité. Les plus observateurs auront notés que même en ce 18e siècle trouble, l’Europe est déjà une réalité.
L’avantage d’un film sans star (ou superstar) est que aucun coup n’est téléphoné: tout le monde est là pour servir l’histoire et pas l’inverse.
Autre point positif: je n’ai jamais ressentis que ce film était un n-ième exposé bateau sur le racisme, c’est d’ailleurs en ça que je le trouve universel. Il s’agit plutôt de nous entretenir encore une fois sur la condition humaine et l’exploitation absurde de l’homme par l’homme. Les personnages ne sont pas monolithiques ou stéréotypés mais plutôt complexe à tel point que même les méchants le sont avec leur nuance.
Je n’ai vu aucun autre film de Mr Kechiche mais ce monsieur a l’art de capturer l’humanité des personnages: on vit, aime, déteste, haït et souffre avec eux. Cette force de l’auteur, me dit-on, transparait également dans ses films précédents encensés par la critique et primés. Il est malheureusement aussi l’élément qui nous amène à la section suivante

Le Moins Bon:

Ceci n’est pas un film classique. Je le dis parce que un film a une mission première qui est de divertir le spectateur. J’utilise le mot divertir dans le sens le plus noble et le plus large qui soit. A la sortie de ce film je ne me sens pas amusé, pas triste ni ennuyé. Je ne me sens pas plus instruit non plus mais pas pour autant lobotomisé. En fait il y a eu un brillant étalage d’émotions de toutes sortes mais pas de réel message fort qui agirait comme une ligne directrice pour ce film. Cela ne veut pas dire que ce type de cinéma ne doit pas exister mais il est important de prévenir les spectateurs qui risquent de crier à la tromperie sur marchandise car ce qu’ils ont vu est loin d’être ce à quoi on s’attend quand on voit la campagne de promo de l’œuvre. Dernier point, certaines scènes sont longues, tellement longues même, que certains membres du public perdaient leur concentration et lâchaient un rire maladroit ou étaient gagnés par une gène compréhensible.

Conclusion:

« Vénus Noire« , le film, doit être rebaptisé en « Saartjie Braatman« . Le réalisateur s’est tellement rapproché de l’être humain derrière le mythe qu’il lui a enlevé toute portée symbolique. En démythifiant la Vénus hottentote Abdellatif Kechiche a tué une légende pour rendre son honneur à un être humain qui en a bavé de par la bassesse de certains de ses semblables. Si vous aimez un certain cinéma d’émotions et que vous avez trois longues heures à bruler, je vous recommande chaudement ce film. Je donne à  « Vénus Noire » un solide 6 sur 10 pour m’avoir fait couler une larme.

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