Cette article m’a valu un gifle « verbale » quand j’étais plus jeune et que j’étudiais dans le secondaire. Il faut dire que, à cette époque, mes profs, qu’ils soient biblos où pas, avaient du mal à gérer mes soudaines crises de « blédariose« . Surtout que celles-ci pouvaient apparaitre à n’importe quel moment et à la faveur de sujets, somme toute, anodins. Dans le cas présent il s’agissait de l’Hymne Nationale.
Tous d’abord je voudrais mettre de côté un point: je suis un fan musique classique. Je ne suis pas un spécialiste et je ne connais pas la différence entre une clé de « sol » et une clé de « fa », mais, il n’empêche, la musique classique me « parle ». Je ne cherche donc pas à me la faire expliquer, je me contente de la ressentir. C’est sans doute pour cela que je fais depuis longtemps attention aux hymnes nationaux. En effet, ce symbole « moderne » des états a progressivement évolué d’une musique de fanfare avant de connaitre sa forme définitive en une orchestration classique. Même dans les rares cas où cet hymne était au départ un chant guerrier barbare (cf: la Marseillaise française) l’orchestration classique lui a donné un cachet « stylé » comme disent les jeunes. Ce cachet fait presque oublier la nature guerrière et crue des paroles qui en choque toujours plus d’un lors de rencontres sportives placées sous le signe de l’amitié entre les peuples.
Personnellement, mon hymne préférée est l’hymne russe (la reprise de l’International soviétique remixée par DJ Vlad Poutine). Elle avait même un très bon remix blédard utilisé au petit Congo durant sa période « coco » où on l’appelait alors la République Populaire du Congo. A l’opposé, l’hymne que je supporte le moins tellement il est mauvais est La Bannière Étoilée des États-Unis. Les Ricains ont bien essayé de nous mettre de la poudre aux yeux en la faisant interpréter par les plus belles voix de l’arsenal de la RIAA mais rien n’y fait: quand c’est pas bon c’est pas bon.
L’hymne nationale sud africain massacrée par Ras Dumisani.
Ce qui nous amène à la cause de ma remontée de bretelles. Je me suis naïvement étonné en classe du fait que les hymnes nationaux du bled étaient de la musique classique. Si l’on part de l’hypothèse que à l’origine il s’agit de chants guerriers ça doit être viril et rempli de tambours vu qu’on est au bled, mais ce n’est pas le cas. Si au contraire il s’agit de champs inventés à l’indépendance ça doit être joyaux et rempli de punshlines qui attaquent explicitement l’ancien colon: rebelote, ce n’est pas le cas. La preuve, « Indépendance Tcha Tcha » du Grand Kalé n’est pas l’hymne du RD Congo.
Sur le tas, le prof a soupçonné que je cherchais une nouvelle fois la petite bête au détour d’une polémique qu’il n’était pas encore prêt à relever mais je vous assure que cette question m’interpelle toujours. D’autant plus que certains pays du bled avaient des hymnes très bien mais qui ne faisaient pas … bled. Et je me dis que si au début (comprendre à l’indépendance :ndla) on avait été pressé par le « modèle européen », on a eu mainte fois, à la faveur de coups de communication populiste bien de chez nous, l’occasion de rectifier le tir, par exemple, lors du passage de la Haute Volta au Burkina Faso ou lors des différents changements de drapeaux des pays blédards. A croire que l’hymne nationale est blindée contre ce genre d’initiatives.
Je me souviens du bon vieux temps où des orchestres/fanfares prenaient place sur les terrains de compétition internationaux et échouaient lamentablement dans l’interprétation de l’hymne national des pays présents. Lors de la coupe du monde qui se déroule actuellement en Afrique du Sud (je précise dans le cas hypothétique où vous ne seriez pas au courant :ndla) les organisateurs ont opté pour le playback histoire de ne pas se casser la tête et surtout de ne pas se taper la honte devant 2 Milliards de téléspectateurs. Car, pour la plupart, les hymnes sont considérés comme une chose complexe. Et pourtant imaginez une seconde une Hymne Sud Africaine interprété à la Vuvuzela (je sais, celle-là était facile à faire :ndla). Mêmement une hymne Malien jouée à la kora donnerait du boulot à pas mal de musiciens mais laisserait sans nul doute une forte impression lors des déplacements du président malien au quatre coins de la planète. Et, cerise sur le gâteau, introduirait l’instrument emblématique dans le panel des instruments officiels d’un orchestre digne de ce nom. Comme quoi pour exister dans ce monde de brutes, il faut parfois ne pas hésiter à chercher la petite bête.