Soyons franc, si on n’est pas français ou on ne réside pas en France, à priori, on en a rien à cirer de la HALDE. Mais les auteurs et lecteurs de LPN qui sont habitués à se préparer au futur en observant le présent ne peuvent s’empêcher de s’arrêter devant cet objet administratif non identifié.
La Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité ou HALDE en sigle (cela devait se prononcer « al-dé » mais je ne sais plus qui m’a dit que c’était une insulte dans une langue du bled – ndla) puisque c’est de elle dont il s’agit, est une « autorité administrative indépendante française, compétente pour connaitre et combattre toutes les discriminations, directes ou indirectes, prohibées par la loi ou par un engagement international auquel la France est parti« . Ce n’est pas moi qui le dit mais le nouveau temple de fait du savoir absolu, j’ai nommé Wikipédia. Derrière cette description il y a certes un texte de loi bien épais mais également de la matière à discussion pour les modestes commentateurs de l’actualité que nous somme.
Sans revenir sur le caractère franco-français de la chose, je note l’insistance sur le côté indépendant de cet institut. C’est généralement une précaution que l’on rajoute pour s’assurer qu’aucun des trois pouvoirs traditionnels ne va la récupérer à son compte. Libre de l’état et du parlement mais adjoint à la justice quand même, car elle a la possibilité de recevoir des plaintes, d’auditionner en bref d’enquêter en vu de balancer les fautifs quand il y a lieu. Le prix de cette liberté est donc bien l’absence de tout pouvoir de sanction. Cela tranche avec d’autres autorités comme par exemple le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) qui peut sanctionner les télévisions en cas de manquement.
La HALDE est donc l’endroit où il faut se rendre lorsque l’on s’estime victime de pratique discriminatoire … et que l’ont est encore en vie pour s’en plaindre, cela va sans dire. Mais qu’est ce qu’une discrimination? « Discriminer, c’est interdire ou limiter l’accès d’une personne à un emploi, un logement, à des biens et des services ou à une formation en raison de critères interdits par la Loi. » Cette fois-ci la définition vient de la Halde elle même. Rien que sur base de cet énoncé on imagine que les guichets (??) de la HALDE doivent être saturés de monde. Mais quand on observe les débats sur la place publique, on constate que le sujet n’est pas là. La HALDE est en effet attaquée par des députés qui l’estiment « trop » chère et peu efficace.
Trop chère? J’ai souvenir d’un Louis Schweitzer qui avait fait des mains et des pieds pour en prendre la tête. Directement j’ai pensé à un bon boulot bien payé à l’instar du poste de PDG d’un gros constructeur automobile français qu’il allait quitter. Mais quand j’apprends qu’il est payé 6700 euros brut, soit moins que mon supérieur hiérarchique direct alors que je travaille dans une modeste PME, j’ai des doutes. A coté de lui, il y a un conseil qui regroupe tout ce que la France compte comme associations de lutte contre l’exploitation abusive des différences qu’elles soient raciales religieuses ou même sociales. Cela va de SOS Racisme à Ni Putes Ni Soumises en passant par les associations de jeunes et les syndicats. C’est là une bien belle brochette de spécialistes de la stigmatisation/discrimination mais qui ont tous par conséquent un autre job à plus où moins plein temps. Ils sont ici en temps que consultant payés au prorata des jetons de présence. Non, ce qui casse vraiment la tirelire c’est … l’immobilier et les frais de fonctionnement.
Campagne de publicité de la HALDE
L’immobilier, c’est normal quand on décide de s’installer à Paris mais les frais de fonctionnements sont plus intéressants à creuser. C’est que, comme je l’ai laissé entendre plus haut, le nombre de dossiers a explosé: près de 9.000 pour le seul 2009. Ces dossiers ne sont pas fabriqués: ce sont des cas réels et avérés qui doivent et sont traités par la crème des experts (€€€) en la matière. Est-ce que cette débauche de moyen est surfaite ? je ne le pense pas car le problème est tellement important et stratégique en terme d’image que l’on ne peut se permettre de foirer le traitement de ces dossiers. Même les détracteurs de ce « petit service » sont les premiers à le reconnaitre. Pas étonnant donc que la HALDE demande une petite rallonge à l’assemblée afin d’honorer toutes ses factures à venir en 2010.
J’aurais été tenté de dire comme à l’accoutumée dans la rubrique « A quoi ça sert » de conclure que La HALDE ne sert à rien de concret. Mais je ne le ferais pas car comme pour ces députés qui voulaient lui couper les vivres, force est de constater que l’existence même de la HALDE est le signe qu’il y a des « différences » qui sont manifestement encore « visibles » en France. La mise en place de cette autorité est une réaction épidermique de la République à ce qui pourrait être perçu comme un échec relatif du modèle d’intégration à la française qui vise à gommer les différences. Celles-ci sont plus tenaces que prévues et La HALDE sert donc de vigile super spécialisé dans la traque de toute pratique destructrice du sacro saint modèle, et plus particulièrement les pratiques en passe de prendre la forme d’un véritable système. Comme pour tous les corps ou systèmes de sécurités perfectionnés dont l’on désire se doter, on grogne quand on voit la facture mais on sait que si on ne la paie pas les voleurs feront leur lit dans la maison le lendemain de l’échéance du paiement.
2 Commentaires
Roberta
Les salaires d’ex grand patrons qui virent dans le public / la politique baissent toujours drastiquement. Mais l’intêret est ailleurs : la politique ça permet de se faire un très bon carnet d’adresses, et d’occuper quelques fauteuils qu’on ignore à coté (par exemple administrateur d’une PME spécialisé dans le payement sur internet), aussi bien pendant qu’on occupe le poste qu’après. C’est certain qu’on aurait pas pu donner à Louis Schweitzer son salaire de PDG de constructeur automobile à la HALDE. Mais il a un capital image très mauvais auprès des français (encore son passé chez le constructeur automobile…), donc ça lui permet de se refaire une image, en plus du carnet d’adresses (que tu as cité)…
Mais revenons aux hautes autorités en France. Il y en a quelques centaines. Pourquoi sont-elles créés ? Par une loi sur un sujet controversée (HADOPI par exemple est une haute autorité… DADVSI en a créé une autre, qui parle de redondance ?). Au lieu de laisser les députés & sénateurs faire une loi qui serait nécessairement controversée, on créé la haute autorité. Et après, ces élus s’en lavent les mains, ce n’est plus de leur ressort. Les hautes autorités ne sont généralement créés que parce que les députés et sénateurs n’ont pas de couilles. On en créé une dizaine par an, mais sont-elles réelleement utiles ? En ces temps où l’on parle de mieux dépenser l’argent de l’impôt, je suis sur qu’on peut en supprimer les deux tiers d’entre elles (et ainsi économiser le budget qu’elles consomment). En général, on se débrouille d’ailleurs pour que leur budget reste relativement faible, histoire que l’autorité ne serve à rien. Juste à dire qu’elle existe, par exemple pour financer un grand et beau bâtiment….
Et oui, les hautes autorités sont rarements réellements indépendantes, puisqu’elles dépendent du budget qu’on veux bien leur allouer. D’ailleurs la HALDE a été créée dès le départ pour servir à rien, mais se faire passer quand même pour un justicier social : http://www.actupparis.org/spip.php?article2114
Et comme par hasard, la polémique sur le budget de la HALDE ressort … en même temps que la polémique sur l’identité nationnale. Hé, vous avez pas encore compris à quel jeu joue Sarkozy et l’UMP ? Ils cherchent à récupérer les voix de l’extrème-droite (20% en France), en faisant campagne sur ses thèmes favoris.
MastaP
« Les sénateurs n’ont pas de couilles » ? je pense plutôt qu’ils sont rendus incompétents face aux propositions lois actuelles qui sont de plus en plus techniques et de moins en moins « politiciennes » qu’on leur soumet. On a alors le choix entre une assemblée de technocrates ou à une assemblé de bons parleurs adjoints de hautes autorités. C’est l »état d’avancement de la crise qui permettra d’opter pour l’un ou l’autre des systèmes.