Nous connaissons tous les mystères qui entourent la fameuse « zone 51 » (area 51), cette espace militaire du sol américaine où seraient enfermés les plus grands secrets de tous les temps. Mais ce que les légendes urbaines ont omis de révéler au monde c’est l’existence de la plage 41 des adresses IP africaines et leur lourd secret, secret à la base du non développement de l’e-commerce au bled.
Pour faire du commerce, il faut une demande et une offre mais, surtout, il faut pouvoir instaurer une certaine confiance entre le vendeur et l’acheteur. Ainsi, si vous désirer vendre un produit, quel qu’il soit vous devez vous assurer que l’acheteur potentiel à la possibilité et surtout les moyens d’acheter celui-ci. La méfiance survient quand le vendeur se rend compte que son client essaye de l’arnaquer. Comme tout le monde le sait, seul le vendeur a le droit d’arnaquer: le client quant à lui est invité a accepter de se faire flouer. L’inverse, même encadré par des lois, est à proscrire.
Quel est le rapport avec l’e-commerce et la plage des IP africaines ? Et bien c’est que la majorité des pays africains occupent la classe A 41/8 dans le système IPv4. Bon ok, pour pas mal d’entre vous ce que je viens de raconter est du charabia alors laisser moi vous le traduire en petit nègre bon français. Les ordinateurs africains lorsqu’ils sont connectés à l’Internet sont pour la majeure partie d’entre eux regroupés dans un seul et même « quartier » que l’on nomme la plage 41.0.0.0 / 255.0.0.0. En clair, lorsqu’un internaute se connecte à l’Internet, il le fait via une numéro, la fameuse adresse IP, qui est la version moderne du numéro de téléphone. Par la suite, quelque soit le site qu’il visite, son hôte peut facilement savoir de quel partie du monde il vient grâce au numéro de son ordinateur. Si je reprend la comparaison avec le téléphone, il existe donc un indicatif international 41 qui correspond à l’Afrique et que les vendeurs identifient même avant de décrocher.
Il s’en suit que la quasi majorité des vendeurs (ces personnes méchantes, méfiantes et sans cœur qui ne veulent vendre qu’aux populations dont ils sont sur de l’honnêteté, de la probité… et surtout du portefeuille – ndla ) qui remarquent que l’acheteur est plus que probablement un blédard et qu’il a l’intention d’acheter sur le net décident … soit de bloquer la transaction bancaire, soit de la suspendre en attendant une vérification plus poussée. Je vous dit tout de suite que c’est généralement le premier choix qui est pris. A qui la faute ? Sans doute au millier de cas de fraudes à la carte bancaire réalisés au départ du bled et qui ont lieu sur la toile chaque jours 😀 .
Par conséquence, l’acheteur blédard possède un statut très très négatif dans sa relation avec le vendeur où qu’il soit dans l’univers de l’e-commerce. Car la confiance, le fameux socle qui lie le vendeur et l’acheteur a été rompue et cela est un sérieux coup de frein au développement des moyens et systèmes de paiement pour l’e-commerce basé sur Internet au bled. Car comment voulez-vous développer un système commercial si la transaction, qui est la plus importante étape du processus pour le vendeur, n’est pas garantie ?
A quand l’achat d’une bonne poule via le net au bled ? (source)
Bien sur on pourra toujours mettre en œuvre des politiques qui viseront à diminuer le nombre de fraudes mais on arrivera pas à me convaincre que les blédards ont le monopole de la fraude sur la planète. La fraude c’est comme l’intelligence et la bêtise, elle est répartie de manière homogène sur la surface du globe. Non ce que je veux démontrer c’est que la confiance du vendeur en l’acheteur est faible pour ne pas dire inexistante. Mais n’oublions pas que … l’inverse est tout aussi vrai !
Que l’on me comprenne bien, il n’y a pas que les transactions qui sont à revoir pour l’essor de l’e-commerce au bled, pour lancer un produit sur le net il faut aussi avoir des acheteurs capables et disposés à acheter un bien ou un service en ligne. Les blédards qui me font l’honneur de faire partie de leurs connaissances ne sont hélas pas représentatifs de tout le bled mais lorsque je leur demande ce qu’ils seraient prêts à acheter sur Internet la réponse est toujours la même. Pour ceux qui vivent hors du bled les sites d’achat de billets d’avions sortent en tête. Mais pour ceux qui sont basés au bled c’est la grande inconnue. Qu’ils soient hommes ou femmes, ils refusent d’acheter quoi que ce soit. Non pas par manque de moyens mais par manque de confiance vis à vis des vendeurs. Je n’achète que ce que j’ai touché ou vu de mes propres yeux, tel est la réponse que l’on me sert le plus souvent lorsque j’aborde le sujet.
La question qui se pose en définitif est comment faire du pognon dans le net africain si acheteurs et vendeurs ne se font pas un minimum confiance ? Chers lecteurs c’est la même question que je me pose et contrairement à l’atmosphère autour du sujet, moi je vous fait confiance car j’attends de vous des suggestions, des pistes, de solutions car moi je n’en ai pas … pour l’instant 🙁 .
4 Commentaires
Roberta
A lire aussi : http://subjectverbobject.com/2009/09/09/on-why-i-dont-hate-on-paypal-for-not-operating-in-sub-saharan-africa/
Techniquement, si on détecte bien l’Afrique avec 41/8, il existe aussi des bases de données qui donnent le pays d’une IP bien plus complet : GeoIP. Cette base est bien plus utilisée et plus fiable que le simple filtre sur 41/8. D’autres pays sont concernés aussi par ce blacklistage : Russie, Ukraine, Chine par exemple.
Tout le commerce repose sur la confiance. J’avais vu une étude à ce sujet, qui disait qu’en gros les pays où les gens se font le plus confiance sont aussi les plus riches : US en tête, suivi de la Scandinavie. (j’aimerai bien la retrouver, cette étude). A l’inverse au début du siècle, c’est en France et en Angleterre que le commerce tournait le mieux … et où les gens se faisaient le plus confiance.
Concernant les acheteurs, c’était pareil en Europe au début d’internet, les gens avaient peur d’acheter sur le net (du fait de la fraude à la CB, peur fondée sur des articles alarmistes de journalistes en mal de sensationnel et de banquiers incompétents). Lorsque les vendeurs auront confiance, les acheteurs pourraient prendre confiance rapidement aussi.
Mais parlons des vendeurs : au moins 90% des achats en ligne en France se font avec un vendeur en France, et au moins 95% des achats en France se font avec un vendeur en Europe. Qui au Cameroun pratique la vente en ligne ? Au lieu d’espérer un déblacklistage de 41/8 des boutiques françaises, pourquoi ne pas en ouvrir au bled ? En plus l’acheteur local, en plus de ne pas y être blacklisté, y gagnerai en frais de ports et en délai. (petite parenthèse : la vente en ligne suppose aussi des services postaux fiables, ce qui n’est pas toujours évident non plus).
Autre problème: le contrôle des changes. Dans certains pays, comme au Maghreb, c’est un bordel pas croyable pour avoir des CB qui acceptent les transactions en euros ou en dollars à cause du contrôle des changes. Il n’y a pas de contrôle des changes en zone franc CFA, mais pas sur que les banques se pressent pour filer de telles cartes. En fait j’ai même entendu parler d’une banque dans un pays d’Afrique francophone (au Bénin je crois) qui avait commencé à distribuer des cartes VISA utilisable sur le net. Elle a arrêté au bout de 6 mois : il y avait trop de fraudes. Voilà qui devrait interpeler…
Et oui, l’Afrique est connue pour ses fraudes. « Going to a cybercafé in Cotonou means two out of three computers are occupied by Beninese or Nigerian boys scamming rich Americans and Europeans. »
Les propriétaires de boutiques considèrent que 99% des achats africains sont des fraudes. Et inutile de porter plainte pour ceux qui se font avoir : les plaintes n’aboutissent jamais (d’une part parce que le fraudeur est loin à l’étranger, d’autre part parce que c’est l’IP d’un cybercafé, et pour finir à cause de la corruption policière). Le dernier 1% est pénalisé par ces 99% de fraudeurs. Ou en réalité, les 99% de non-fraudeurs sont pénalisés par le 1% qui passe ses journées à tenter de frauder.
Eddy
c’est bien le net, l’e-commerce, tout ca.
Mais ne serons nous pas en train de mettre la charrue avant les boeufs? Avant de vouloir se connecter virtuellement au bled, si nous connections physiquement d’abord? (voies fluviales, ferrées, aériennes, terrestres).
LPN
j’ai déjà abordé cet aspect des choses Eddy dans un billet précédent et les avis sur la question étaient largement partagés entre ceux qui pensent comme toi (.. et moi 🙂 ) et ceux qui disent que cela participe d’un même paquet et que l’on devrait être capable de développer les 2 en parallèle.
http://www.lepetitnegre.com/2009/09/02/pourquoi-lafrique-na-pas-besoin-dinternet/
Eddy
@LPN,
Aie, houla, houla! Je crois que j’ai une petite idée de qui était dans ton opposition. Bon alors laisse-moi rectifier avant que la tchamme ne déclenche (traduction pour les non-bledistes: c.à.d. avant que les esprits ne s’échauffent. De rien, de rien :))
Oui il vaut mieux que je précise ma pensée. Je ne dis pas qu’il ne faille pas développer nos capacités TIC ou connexions au réseau des réseaux. Seulement, s’il y’a le choix entre un nouveau central tout beau, tout puissant qui connectera tout Tchollire (= coin paumé du bled, pour les non bledards, de rien, de rien) au net, et une route qui desservira Tchollire, eh bien je préfère de très loin la route. C’est en ce sens que je parle de charrue avant les boeufs.
*voyons vois si j’ai échappé de justesse à l’échaffaud..*