Il est parfois de bon ton de revenir sur les débats après que les avis se soient déchainés dans la passion et, souvent, l’approximation douteuse. De quoi il retourne ? D’un des jeux vidéo les plus vendus ces 10 dernières années et créateur à lui seul d’un genre à part entière : Resident Evil.
Le roi du Survival Horror s’est illustré à nouveau sur nos consoles Next Gen (Xbox 360 et PS3) en mars 2009. Mais la polémique a commencé à bruisser dès les premières images diffusées sur Internet… En effet, les ennemies étaient, ô outrage, noir. Oui madame, NOIR !!!! VOUS AVEZ BIEN LU !!!
Rappel des faits : Resident Evil est un jeu qui nous place dans la peau de policiers, genre GIGN, qui débarquent dans un manoir après que des disparitions étranges aient eu lieu. Horreur, l’équipe se fait déchiqueter par des monstres et doit se réfugier dans un manoir infesté de zombie accro à la cervelle. Par ce simple pitch, un monument du jeu vidéo venait d’être jeter en pâture aux gamers avides de nouvelles sensations. Distillant peur et stress, le jeu se voulait un grand hommage au film d’horreur du genre. En 13 ans (1996-2009) et 7 jeux (hors les spin off en rail shooting), l’histoire n’est jamais allée très loin. Derrière les zombies, il y a les recherches d’Umbrella, giga méga worldcorporation spécialisée dans les armes bactériologiques qui aimerait bien mettre au point un virus pour transformer monsieur Tout le monde en uber soldat avide de chair fraiche et insensible aux balles. La ribambelle de personnages, Jill Valentine, Chris Redfield, Leon Kennedy, Rebecca Chambers, Claire Redfield (sans citer les héros secondaires qui de toutes façons crèvent à la fin du jeu afin d’expier leur dark past) ont tous mis à mal les projets mégalomaniaque de cette entreprise.
La rupture : La saga ronronnait tranquillement voire commençait à s’essouffler. Son créateur, Shinji Mikami, reprend tous depuis le début et nous gratifie d’un Resident Evil 4 hors norme. Fini les problèmes de caméra et les angles morts, fini les aller/retour incessants pour débloquer des portes, fini les zombies, fini le trouillomètre à zéro… On nous place dans la peau de Léon Kennedy, agent spécial du Président des USA qui doit sauver sa fille kidnappée par une secte et séquestrée… en Espagne ! Caméra au dessus de l’épaule, notre héros au gros muscle et au grand coeur se retrouve piégé dans un village de campagne rempli de gentils paysans transformés en zombie à cause d’un parasite et contrôlés par Lord Saddler, le chef religieux du coin. Long, nerveux, violent, intense et mythique, ce Resident Evil, à cent lieux de l’ambiance des premiers opus, est un véritable succès vidéo-ludique et relance alors la saga.
Le drame : oui, le drame. Resident Evil 5 est alors annoncé et reprend en tout point les éléments du 4, quitte à souvent donner un gout de copier/coller aux graphismes surboosté. Mais ô surprise, Capcom, l’éditeur du jeu, décide que le jeu se déroulera en Afrique.
Afrique = habitant noir = zombie noir = le joueur doit tuer des noirs pour survivre !
Et là, déchainement bien pensant et stigmatisation (si besoin en est) du jeu vidéo comme vecteur des maux de notre société, du racisme à l’explosion de la violence, en pensant par l’autisme social.
Annoncé au début comme devant se dérouler en Haïti, Capcom fait marche arrière et nous trimballe au Kijuju, pays imaginaire mais maintient tout de même le jeu dans un décor africain.
Étant un fan hardcore de la série, je me suis procuré le jeu, curieux de ce déchainement. Et là, le choc. L’histoire du jeu nous met dans la peau du duo Chris / Sheeva, le gros bras américain et la belle africaine spécialiste du combat rapproché. Ils travaillent pour un organisme de contrôle international et ont eu vent d’une transaction d’arme bactériologique. Et là, tout part en couille, les habitants, infestés par le même parasite (en boosté) que ceux de Resident Evil 4, se jettent sur nos héros qui doivent défendre leur peau. Au fil du jeu, on retrouve Tricell, compagnie pharmaceutique digne héritière d’Umbrella qui a étendu ses activités dans le pétrole. Au final, on stoppe le rêve nazi du grand méchant de transformer l’humanité en zombie afin d’en accélérer l’évolution.
Et là, je pose ma manette et je me rends compte que non, après avoir fini le jeu je ne me suis pas transformé en électeur du FN ni en partisan du Ku Klux Klan. Au contraire, Resident Evil est un des rare jeu qui parle de l’Afrique (avec Far Cry 2 ?) et se permet même d’aborder le thème des abus des sociétés étrangères qui ravagent le continent. A défaut d’être original ou courageux sur l’Afrique, le scénario a le mérite au moins d’exister.
Les critiques se reposent essentiellement sur l’aspect ludique donné au fait de tuer des noirs, désinhibant ainsi le tabou sous couvert de jeu et permettant à tous les joueurs de s’adonner à se plaisir interdit par ces salauds de bien pensant (surement bobo au passage !)
Critique curieuse au demeurant, surtout pour un jeu interdit au moins de 18 ans ! A cet âge, on est quand même censé savoir faire la part du « virtuel » et du « réel », ou alors c’est vraiment prendre ses contemporains pour de sombres crétins.
Plus grave, ces attaques envers Resident Evil recèle d’une idéologie plus nauséabonde qui est que l’amusement doit être un produit « propre, anesthésié et indolore ». C’est un peu comme si on taxait de raciste tous les films où des noirs se font tuer, comprenez, ça pourrait donner des idées aux esprits faibles… Du coup, les noirs doivent-ils être exclus du jeu vidéo pour cause de politiquement correct ? Ou alors en faire des héros noirs propre sur eux, modèle next-gen de l’eunuque inoffensif qui sauve le monde… mais là encore, on pourrait taxer de vision raciste du gentil noir banania qui sauve le blanc… Peut-être que le jeu vidéo suivra la même voie que le cinéma avec de la blaxploitation vidéoludique où des héros noirs, sauvent des noirs, tuent des méchants blancs le tout à viser du consommateur noir, histoire de développer un communautarisme consumériste. Mais a t-on vraiment envie de ça ?
Surtout que tout ça, c’est surtout oublier deux éléments majeurs :
1. Le premier est que le combat contre le racisme est large. Le jeu vidéo doit être surveillé par les associations pour prévenir les abus, mais en aucun cas, cette lutte ne doit dériver sur une stigmatisation à postériori où les « noirs » devraient être considérés comme un groupe à part. Pour moi, un zombie blanc ou un zombie noir est avant tout un ZOMBIE, j’ai sans doute une vision naïve de la chose, mais les noirs et les blancs étant égaux pourquoi leur interdire d’être zombie (ou un méchant quelconque) ? Le racisme, c’est avant tout l’exclusion et le déni de l’autre… du coup, il y a quelque chose qui ne tient pas dans la volonté de ne pas avoir d’ennemis noirs dans un jeu vidéo…
2. A moins d’être un facho AVANT de jouer, TOUT LE MONDE s’en branle que les zombies soient noirs. Les gens jouent à Resident Evil parce que c’est Resident Evil et qu’ils savent qu’ils vont avoir droit à du grand spectacle et de l’action non stop ! Quand on joue à GTA San Andreas (Dans le top 10 des plus grosses ventes au monde), les gens ne se disent pas « oh mon dieu, je vais incarner un noir, c’est dégueulasse » ou « ha ouais, c’est un gangsta, comme tous les noirs » et s’ils pensent ça, c’est qu’ils sont racistes AVANT de toucher à ces jeux vidéo.
Pour finir, ce qui me désole le plus, c’est que tout le bruit autour du jeu à occulter le fait que Resident Evil 5 était globalement décevant, sans surprise ni saveur. Au final, le jeu garde un mode 2 joueurs bien pensé, de très beaux graphismes et des boss très réussis mais il restera, hélas, avant tout LE jeu de la polémique sur la place des noirs dans le jeu vidéo, place qui doit encore être trouvé, au vu de la visibilité limitée de cette population dans nos jeux.
Et voilà, le troll est lancé 😉
10 Commentaires
Klash
Bonne analyse, en effet, c’est pas les jeux qui rendent faf.
En revanche, Capcom a grave abusé sur les costumes alternatifs !! Autant le fait de tirer sur un méchant noir, c’est avant tout tirer sur un méchant, autant avoir Bouana Sheeva en peau de bête et Chris Safari, c’est vraiment donner une image de merde de l’Afrique…
Sonic
quelle daubasse ce RE5, la vraie polémique, c’est le grand foutage de gueule pour les joueurs…
PKRG
@Klash :
Oui j’ai éludé cette partie pour ne pas trop m’étendre. J’ai bloqué aussi sur ça, Capcom doit aimer les polémiques je pense… Les costumes sont bien abusés en effet
prodigy
ses juste pour dire que tu a raison tout et dit pas besoin de faire des commentaires sur la polémique en gros ses la foutaise je veux juste reprendre une petit erreur résident evil 4 sa se passe en Espagne au nord et pas au Portugal voila revanche je voulez dire au créateur du site que je kiff ton site continue mec merci chao
PKRG
Merci prodigy, j’ai corrigé l’article 😉
langedu54
Un jeu raciste ?! Haha ! C’est la plus grosse connerie dite sur Resident Evil 5 ! Certes, le jeu n’est pas parfait mais il est loin d’être raciste même en voyant les costumes. Ils sont restés dans le mode Africain, ils vont pas nous mettre un Chris en racaille en Afrique ^^ » Réfléchissez avant de dire que ce jeu est raciste ! Car Resident Evil 4 se déroule en Espagne et personne n’a jamais rien dit car ont tiraient sur des Espagnols. Juste parce que c’est sur des noirs que l’ont tirent ?! Bref un méchant reste un méchant peu importe sa couleur car dans ce cas dans Resident Evil, les créateurs sont raciste contre les chiens ?
kiwi
Je suis noir pas africain mais je ny vois aucun probleme on devrait dedramatiser il devrait dedramatiser un peu maintenant ont peu meme plus dire au noir quil sont noir sans etre accuser de racisme voila quoi je dit pas quil y en a pas et je ne chercherais pas a changer leur façon de penser mais nous devrion arreter nous mettre dans la position de victime et avancer
Le Voyageur
C’est la plus intelligible analyse que j’ai jamais lue sur RE5 et cette polémique raciale de merde! Dans le MONDE REEL des Blancs armés partent en Afrique pour buter des Noirs (bad guys!) afin de libérer d’autres Noirs et on ne parle JAMAIS de racisme. Alors, pourquoi et qui exactement à parler de racisme anti-Noir dans ce RE5 qui reflète la réalité?
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