Mission: Impossible 2

construction d'un puitsJe viens de tomber sur un article qui m’apprend qu’il y a un regain au États-Unis pour les missions auparavant appelées de coopération et/ou humanitaires. En soit c’est une bonne chose car je suis convaincu que rien ne vaut le fait de tâter le terrain par soi -même. Mais au delà de cet engouement, n’y a-t- pas une foret cachée par cet arbre ?

Voyons le dossier dans plus de détails. Tout d’abord il ne s’agit pas de tous les américains. On parle ici de jeunes, éduqués à partir du niveau secondaire et supérieur. L’article insiste même sur le fait que leurs ainés n’étaient plus très chauds pour descendre au bled. Mais voilà, entre temps les USA ont fait avancer leurs pions pièces maitresses sur l’échiquier africain (la plupart du temps au dépend de la France). L’Obama-mania a fini par convaincre les derniers indécis que les africains d’Afrique étaient finalement des gens fréquentables et plus si affinité.

Comme je l’ai dit je suis un fervent partisan de la rencontre entre les peuples.  Au delà des raisons sociales évidentes, je pense qu‘on ne peut réellement compatir pour un pays que si on connait personnellement un habitant de ce pays. A défaut de ce lien personnel, notre empathie se limite à la demi heure après le Journal de 20h (en 2009 on dira plutôt après avoir reçu le tweet contenant la dépêche). Mais si tu connais personnellement (nom, prénom et adresse rien de moins) un rwandais et que tu apprends que, en ce mois d’avril 94, ça zigouille ferme dans le pays, tu ne dors plus de la nuit. Pareil si ton pote de lycée est un petit soudanais du Darfour ou un enfant soldat libérien.
Ce lien est donc une bonne chose mais il s’agit d’un effet de bord de la rencontre. Car le but premier est « de venir en aide aux population » en construisant un puits ici , une école par là, rectification… en participant à la construction d’un puits par ci et d’une école par là. Car soyons clair, des gamins du secondaire ou des bacheliers universitaires ne sont pas vraiment des experts. Ils amènent surtout des bras et une volonté qui honore leur jeunesse.

Image venant du blog d’un volontaire au Niger
echanges-culturels

Ce que je veux mettre en lumière ici c’est l’hypocrisie du système qui consiste à amener des gamins au bled sous couverts de plus bonnes intentions. J’ai croisé un de ses gamins l’autre jour et il était tout fier de m’expliquer comment il avait irrigué tout un village au bled avec sa classe. J’ai bien voulu lui expliquer que les bledards savent déjà faire cela. Que si son père l’autorise, j’ai 3 ou 4 cousins qui peuvent monter en Europe pour lui construire un école ou un hôpital, rectification…, pour participer à la construction d’un hôpital. Mais cousins non plus ne sont pas experts juste des gamins en 1 année de fac. Et le résultat serait le même car ils tisseraient des liens tellement fort que au moindre coup de feu le petit camarade européen irait hurler dans la rue pour que son pays sauve son pote blédard.

Mais voilà, la réalité est tout autre. Derrière des fausses démonstration de solidarité Nord-Sud , l’on cache un système sophistiqué de vacances « vertes » et on propage surtout une idée fausse du type d’aide dont les blédards ont réellement besoin. Qu’on me comprenne bien je ne suis pas contre ces voyages organisés dans le Sud, mais qu’on leur donne la dénomination qui convient et que l’on reconnaisse officiellement que ce qui est vu comme un effet de bord est en fait le but premier: créer des liens humains entre les peuples/pays afin de désamorcer les conflits de demain.  Et si pour y parvenir on doit organiser des matchs de foots bidons, des cours de djembé , des plantations de bananiers ou n’importe quelle activité de groupe pour laquelle on a priori besoin de personne en plus, faisons le car le résultat vaut tous les efforts déployés.

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6 Commentaires

Le volontariat est un morceau de la solidarité Nord-Sud, et je crois que tu as des choses à dire à propos de celle-ci en général. En tout cas j’aimerai lire l’avis votre avis à ce sujet 🙂 (en même temps, je devine qu’on pense sans doute la même chose).

Je connaissais le volontariat sous la forme ‘bon plan pour des vacances low-cost au soleil’, et sous la forme ‘je suis une nana qui me plait au Maroc, et j’espère qu’il se passera quelque chose’ entre nous deux la-bas’, mais la forme création de liens, c’est nouveau pour moi. Bah, pourquoi pas.

Mais en fait ça marcherait pas. Quand tu vas construire des hopitaux, tu donnes l’impression d’aider l’Afrique, de faire ça par philanthropie. Quand tu vas tisser des liens d’amitié en Afrique, c’est pour toi que tu fais ça. Le couillon qui te subventionne pour partir n’aimera pas cette vision des choses, et alors adios les bons plans vacances low-cost… et adios volontariat.

En même temps, faut pas se voiler la face, tout philanthrope agit parce qu’il en retire aussi quelque chose. Rien n’est complètement désintéressé. Ya même un médecin français qui a commencé comme ca et qui est devenu ministre.

Ce que vous dites n’est pas faux, mais partiel : il y a aussi des électriciens, des ingénieurs hydrauliques, des medecins, etc qui vont en Afrique pour mettre leur compétence au service des populations locales.
Cela est positif mais entretien le mythe que le blanc est « plus intelligent », qu’en dehors de lui point de salut.

Alors, Mesdames et Messieurs de la Diaspora Africaine, et là c’est mon coup de gueule perso, qu’attendez vous pour vous engager dans ce genre d’action, pour aller sur le terrains, aider, enseigner, construire ?

Durant 2 ans, j’ai parcouru près de 40 pays en Afrique, et je ne me souviens pas d’en avoir vu un seul !
Des « bledards » engagés et altruiste oui j’en ai vu, mais des Africain ayant recu une formation poussée dans tel ou tel domaine consacrant ne serait ce que ses vacances à aider sur le terrain pas un seul !
Vous DEVEZ y aller !
JJ

Suite

Je me souviens d’une conversation avec une tanzanienne.
Nous parlions du génocide au Rwanda. Elle racontait qu’au moment du Génocide les tanzaniens avait demandé au gouvernement de cesser de diffuser les images d’horreur à la télé.
Etonnement de ma part : mais pourquoi n’avez vous pas plutot demandé au gouvernement d’intervenir pour faire cesser ces massacres

réponse : mais nous (tanzanien) ne pouvons pas faire cela, on peut pas, c’est que les blancs qui peuvent faire ca …

cherchez l’erreur …
JJ

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