Linguistiquement confus

langues du monde4 mois. Cela fait bientôt 4 mois que l’on poste sur notre modeste blog des articles en vrac en balançant dans la foulée avec un indifférence totale des liens vers des sites en français ou en anglais. Le résultat ? Aucun. Personne ne se plaint. Au début j’ai cru que c’est parce que nos billets ne sont lus que par mon acolyte et moi-même, mais non. J’ai vu les chiffres: vous êtes bien là et je vous en remercie au passage. C’est donc que nos lecteurs ne connaissent pas de frontière linguistique. Avec le recul je me rends compte que l’image est bien plus grande que cela.

Chers lecteurs nous somme tous « linguistically confused« . Ce qui se cache derrière cette expression, que je dois à ma sœur ainée, et qui est maladroitement traduite dans mon titre c’est une réalité quotidienne des femmes et hommes du 21eme siècle, que nous autres blédards connaissons depuis des lustres.  Pour vivre ou même simplement survivre, au bled, il faut tôt où tard passer une frontière géographique. Je vois ceux qui pensent directement à l’Europe mais ma réflexion est plus large. C’est le plus souvent une frontière régionale ou interne au pays entre deux régions. De toute les façon, il y a besoin de parler la langue de là où l’on va chercher fortune. Mais comme pour un blédard la destination n’est pas connue avec certitude, nous avons tendance à assimiler toutes les langues sur notre passage de peur de passer à coté de celle dont on aura réellement besoin. C’est de là que né la dite confusion. Un incertitude dans la vie qui nous place dans la peau d’un écolier qui apprend maths, biologie, géographie et sport car il ne sait pas encore si il sera astronaute, cuisinier ou simplement entraineur de l’équipe nationale de judo.

langue et mondialisation (taken from Do you speak future?)
langue et mondialisation

Il existe des gens par ici qui aiment alimenter l’idée d’un guerre des langues. Généralement, la plupart de leurs écrits convergent. Il s’agit de montrer qu’il y a un déclin inéluctable du  français au profit de l’anglais. Et certaines annonces fracassantes comme l’adoption de l’anglais comme première langue au Rwanda jettent de l’huile sur le feu. Mais si on lit entre les lignes de cette annonce sensationnelle on ne voit aucune mention du rejet complet du français. Car les frontières avec le Burundi et le RD Congo sont très fréquentées et on ne s’amuse pas à se débarrasser de cartes importantes dans son jeu.
Parallèlement à cette fausse guerre, il a des langues et dialectes locaux qui luttent pour survivre.  Luttent ? J’ose aller à contre courant de cette approche. Je remarque autour de moi que les blédards mettent un point d’honneur à comprendre et parler au moins une langue du bled. Certes plus on s’enfonce dans la diaspora et plus la maitrise est lamentable mais la détermination reste intacte. Pourquoi ?

Ce n’est pas seulement pour ne pas se taper la honte quand on rentre au bled (quoique). Ce n’est pas pour ne pas se sentir exclus des apartés de blédards en Europe et éviter que les blondins ne s’intéresse de trop près à nos affaires (quoique). C’est surtout parce qu’il y a des sujets, thèmes et expressions qui ne se conçoivent et n’existent que dans la langue du bled.
Avant le commerce et les sciences, les langues sont les principaux véhicules de la culture et des idées. Et tant que les langues de commerce n’auront pas intégré ces concepts, les langues du bled survivront. Que ceux qui ne me croient pas se rappellent du dernier zouk en français qu’ils ont  entendu ? C’était horrible n’est ce pas ? Mais le même texte en créole a soudainement une autre saveur. Pareil pour le coupé-décalé ou n’importe quelle chanson du bled. On injecte donc régulièrement des expressions et mot du « bled » (mot importé de l’arabe et signifiant village) dans toutes les langues qui n’ont pas la dite expression que l’on estime cruciale. Un exemple parmi tant d’autre l’avènement du « pchit » en Europe. Il n’y a donc pas lieu de s’alarmer de cette confusion des langues, c’est un bref passage d’instabilité nécessaire sur le chemin du village mondiale.

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2 Commentaires

Quand vous dites ‘frontière linguistique’, je pense aux incompétants qui servent d’hommes politiques à la Belgique, curieux 🙂

Ca fait 4 mois que vous balancez indifféremment des liens en français et en anglais ? Moi ca fait des années que je fais ça ! Et nous ne sommes pas les seuls !

L’anglais est historiquement la langue d’internet (invention ricaine et développée en premier la-bas), et cette meme langue sert de lingua franca moderne un peu partout. C’est la langue du grand pays qui joue au gendarme mondial avec plus ou moins de succès, du commerce internationnal, des blockbusters, du rock, de l’informatique, de l’aviation, des télécoms, du chewing-gum, du base-ball et des armes de destructions massives. En ne parlant qu’anglais, tu peux voyager et espérer pouvoir communiquer partout dans le monde. Bon, ça marche beaucoup mieux en Amérique du Nord, dans les iles Britanniques, dans l’Afrique de l’est et la Scandinavie qu’en Chine ou en Ukraine. Mais c’est pas en apprenant le cantonnais ou le suèdois que tu poura réserver un hôtel à Kiev. L’homme moderne parle donc (ou baraguine s’il est francophone ou hispanophone de naissance) l’anglais.

Il existe d’autres langues importantes dans le monde, mais aucune au meme niveau que l’anglais : le Français dans le vin, la diplomatie, l’art d’enculer les mouches, et une partie de l’Afrique, l’Allemand dans l’europe de l’est et la chimie, l’Espagnol en amérique du sud, le Russe dans l’europe de l’est et chez les nostalgiques du communisme.

A contrario, et puisque qu’il y a encore des francophones qui n’ont pas appris l’anglais au moins un minimum, ça veux dire que votre public (et celui des blogs que j’ai l’habitude de fréquenter) n’est pas constituté de ces français qui ne sont jamais sortis de leur Creuse natale et n’ont jamais appris l’anglais (ou tout oublié). Non, j’ai rien contre la Creuse, j’aurai pu la faire avec l’Ardèche aussi. Mais pas avec l’Afrique, je connais encore trop mal (quoi que… le Centrafrique ?).

Tant qu’à apprendre une lingua franca, on pourrait se demander s’il ne vaux mieux pas en apprendre une plus neutre culturellement, et très facile à apprendre, genre l’Esperanto. Sauf que pour le moment, c’est plus utile de parler anglais qu’une langue ‘construite’ ; l’esperanto je veux bien m’y mettre le jour où j’y verais un intérêt. Par exemple si le parlement européen décidait d’obliger les écoliers européens à l’apprendre pour en finir avec la tour de Babel européenne ? (23 langues officielles).

En tout cas les c…. qui luttent pour le déclin du français au profit de l’anglais, ce n’est pas l’Esperanto qu’ils défendent. Non ceux-là rêvent juste d’imposer l’usage de l’Anglais au lieu du Français. De remplacer une domination par une autre. Le truc inutile, sutout quand on sait à quel point la grammaire française est casse-gueule pour un étranger. Heureusement, ils ne sont pas dangereux, c’est juste, généralement, des anciens profs retraités qui ne sont jamais sortis de France ou de Belgique.

Parler anglais, ou toute autre langue étrangère, est d’autant plus facile que l’on désire le faire et comme on se sent attiré par la langue.

Parler anglais, de nos jours, c’est une image de réussite (le rêve américain), de prestige (la culture américaine, via la télé, le cinéma et la musique) et, aussi, de facilité (facile d’avoir utilité de l’anglais à l’étranger).

Enfin, parler anglais, pour en revenir à l’article original, c’est aussi une certaine richesse. La richesse concrète des articles et ressources en anglais; en plus de tous les motifs déjà cités.

Là où l’anglais peine encore, et d’où les langues natales tirent leur force, c’est l’attachement émotionnel à la langue. La langue maternelle, ou celle du pays d’où l’on tire ses origines pour les personnes bilingues, c’est encore une image affective, celle de la famille tout bonnement. Ca, c’est difficile à dépasser.

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