Avec un tel titre, bon nombre d’entre vous vont zapper ce billet car ils pensent qu’il s’agit d’une énième dissertation sur le départ du Mollah Omar et ses conséquences politico-économique sur le bled. Loin de là, le président dont je veux parler aujourd’hui s’appelle Diouf, Pape Diouf.
Une célébre brève de comptoir veut que:
pour qu’un ancien président africain soit toujours en vie il faut qu’il soit tanzanien ou qu’il s’appelle Diouf.
Je dois avouer qu’à titre personnel jamais un patron du bled ne m’a jamais autant impressionné que Pape Diouf. En lisant en diagonale sa biographie on découvre un gars qui a suivit le parcours classique du blédard en Europe. Débarqué adolescent du Sénégal à Marseille pour faire l’armée c’est finalement dans la rue qu’il atterrit. Il passe de foyer d’accueil, en foyer d’accueil, et puis l’orgueil du bled se rappelle à lui et il se reprend en main pour devenir quelqu’un. Comme l’ascenseur social en France est propulsé par l’enseignement publique, Diouf s’inscrit à science po dans le but d’accéder en bout de parcours à l’ENA. L’ambition tourne court et il se retrouve journaliste sportif.
Après avoir organiser des jubilés pour des gloires du foot au bled, il décide de se reconvertir en agent de joueur. C’est qu’il a la main avec ces jeunes gamins. La chance fait qu’il tombe sur une génération de joueurs doués. De Antoine Bell à Drogba en passant par Desailly et Galas, ils sont tous sous son aile. Mais attention, le gars ne tombe pas dans le piège de se limiter aux blédards puisque il compte également des gars comme Grégory Coupet sans parler de la malheureuse épisode Rothen. Fort de cette aura il rentre à l’Olympique de Marseille de Robert-Louis Dreyfus et en 2 ans chrono en devient le président. Commence alors un retour en force du club phocéen qui redevient abonné à la Champion’s League. De belles performances durant 5 années certes mais pas de titre national ou international (l’intertoto c’est pas un titre sinon y’aurait pas toto dans son nom – ndlr).
Qu’on le sache bien, je ne suis pas un fan de l’OM. Mais Pape Diouf a un quelque chose qui en a fait un patron incontesté. Jamais je n’ai entendu le public de l’OM réclamer sa démission. Il y a bien des infiltrés du PSG qui ont essayé mais en vain. Mieux encore, à chacun de ses coup d’éclat pour montrer qui est le patron le public resserrait les rangs autour du gars. A chaque test match contre le PSG par exemple, le gars ressortait grandi. Le recrutement de Gerets a été également un des ses plus haut fait d’arme.
Mais il y a quand même eu des embrouilles, surtout avec ses collègues du conseil de surveillance. De ce que je lis et entends ce n’est pas une question de foot mais plutôt des égos qui s’affrontent et des mecs qui se la jouent virile pour montrer qui pisse plus loin. Pour un bledar vivant en Europe et en mal de role model à l’américain, ce mec est quand même une bonne référence. Et pour cause, contrairement à un Mohamed Dia ou à un Malamine « Airness » Koné, il ne joue pas la carte blédard. Il prend la France (et l’Europe) pour ce qu’elle est en lui parlant son propre langage avec une autorité et une hauteur qui inspirent la crainte et le respect. Pour un sport comme le foot, c’est l’image que les supporters veulent voir: ils veulent voir qu’il y a un gars costaud aux commandes. Et quand c’est le cas on s’en fout de sa couleur et de son accent. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Pape Diouf n’est pas un blondin, il a d’ailleurs toujours sa nationalité sénégalaise. Et si on le relance explicitement sur le sujet (intégration, minorité, racisme, Afrique, …) il en a des choses à dire. La leçon de l’histoire est sans doute là: la clef de la réussite pour un blédard est le fait d’accepter que sa réalité est une somme de réalités locales différentes et pas forcement incompatible. Mr Diouf, LPN vous salue et espère vous revoir bientôt dans ses colonnes.