La reprise d’une chanson est toujours un exercice périlleux. Soit on fait mieux que l’originale et à ce moment là on vole littéralement une chanson. Soit on tombe à coté de la plaque et l’originale en sort grandi. Avec « In the Name of Love: Africa Celebrates U2 », Shawn Amos et Paul Heck proposent à des artistes du bled de rendre hommage à U2 <sarcasme>qui comme tout le monde le sait est hyper connu et respecté au bled</sarcasme>. Le groupe, et surtout son leader Bono, sont fortement impliqués dans les affaires du continent au point de truster l’image de porte parole du bled aux enfants du pays. Voyons, ou plutôt écoutons, ce que cela donne.
Mysterious Ways – Angélique Kidjo
Un curieux choix de production en entrée de ce CD. Les producteurs ont mélangé 14 styles dans une seule chanson. Le résultat est un peu confus à mon gout. Angélique Kidjo est pourtant impeccable … surtout quand elle ne chante pas en anglais.
Bullet The Blue Sky – Vieux Farka Touré
Le Vieux Farka tente de tirer la chanson vers lui mais les producteurs déconnent à chaque fois qu’ils essaient de rappeler à mes oreilles que c’est une chanson de U2 à la base.
Sunday Bloody Sunday – Ba Cissoko
La rencontre des styles est encore loupée, ça commence à bien faire. Ici c’est à cause de l’héritage de la ligne basse du morceau originale. Il doit exister un mixage sans ça fait par un vrai DJ qui retient seulement la mélodie de la guitare. Cissoko assure … sauf en Anglais.
Sometimes You Can’t Make It On Your Own – Vusi Mahlasela
Star en Afrique du Sud et inconnu sur le reste de la planète, Vusi fait un bon boulot ici. Mais il n’apporte rien de plus à la chanson originale sinon son accent SudAf. On dirait une chanson de Phil Collins maintenant, bizarre.
Where the Streets Have No Name – Tony Allen
Le batteur légendaire de Fela Kuti (je l’apprends en même temps que vous – ndlr) dirige cette reprise. Ça ressemble à de la musique de film. L‘AfroBeat c’est pas mon truc mais ce son sent bon les vacances. Dommage que l’interprète colle trop le style vocal de Bono.
I Still Haven’t Found What I’m Looking For – Cheikh Lô
Sans doute le titre qui s’éloigne le plus musicalement de U2. Cheikh assure mais l’original n’est pas spécialement menacé.
One – Keziah Jones
Sans doute la plus mauvaise reprise de One que j’ai jamais entendu. Suivant.
With Or Without You – Les Nubians
Rien d’africain dans cette reprise plutôt dance/club sinon Les Nubians qui ont déjà fait mieux vocalement.
Pride (In The Name Of Love) – Soweto Gospel Choir
Encore une version acapella de ce tube. Reprise correcte mais sans plus.
Seconds – Sierra Leone’s Refugee All Stars
Sérieusement, je connais rien de la musique du Sierra Léone mais ce titre ne m’incite pas à y jeter un coup d’oreille dans l’immédiat.
Desire – African Underground All-Stars avec Chosan, Optimus et Iyoka Iyeoka
Tiens, enfin des rappers africains. Les gars sonnent quand même trop américains: ils n’ont pas d’accent du bled. Sinon le mélange fait trop musique de la jungle. La prod a l’air d’adorer les mélanges baroques de 14 styles différents.
Love Is Blindness – Waldemar Bastos
Voilà sans doute le titre le plus sympa de l’album. Dommage qu’il intervient à la fin de l’album. Un angolais qui chante en anglais dans un style brésilien. Riens que ça.
Commentaires: N-ième tentative de cover manquée des meilleurs titres de U2 par des artistes parfois à contre emploi. C’est surtout la production qui pêche par des choix d’arrangements obscures aboutissant à des chansons souvent confuses. Ceux qui attendent les retombés financières de cet album attendrons longtemps. Il faut dire que le casting était plus World Music que Afrique car un disque africain sans artiste congolais ni maghrébin n’a pratiquement aucune chance de s’imposer.
Meilleurs titres: « Love is Blindness », « With Or Without You » et « I Still Haven’t Found What I’m Looking For »
Bonus Video: La promo de l’album
2 Commentaires
Etum
« un disque africain sans artiste congolais ni maghrébin n’a pratiquement aucune chance de s’imposer »
Je pense que là tu te trompes les bledards de la diaspora vont l’acheter sans oublier les amateurs de World Music pour la bonne conscience et pcq c’est U2
pec
Remarque génerale: je crois que l’on a tellement dit aux africains qu’ils ont le rythme dans la peau qu’ils se sentent obligés d’être original en tout et pour tout, quitte à faire n’importe quoi