Voici en 5 minutes chrono ma critique d’un film que je n’ai pas (encore) vu. Je vais comme d’habitude uniquement me baser sur l’affiche (le plus dur à trouver), une recherche non approfondie sur le Net et mon humeur du jour. « Min yé » ou « Dis Moi Qui Tu Es« , certainement en langue bambara, est le dernier film que Souleymane Cissé a accouché dans la douleur après 14 ans de gestation.
L’histoire se passe dans les beaux quartiers chez les bourges. Un homme marié de longue date décide de céder à la tentation (et à la mode) et se met à fréquenter une deuxième femmes plus jeune. S’en suit une guerre (inévitable) entre les deux femmes, guerre dont sortira perdant … le mari. Jusque là, on ne voit pas trop la différence avec Obsession avec entre autre Idris Elba et Beyoncé. Sauf que là le sujet est traité au bled et les codes sont différents.
D’abord le gars épouse légalement la deuxième femme. Celle-ci devient officiellement la favorite de Monsieur. Ensuite la guerre entre les deux femmes n’est pas littéralement à couteaux tirés comme le sensationnalisme hollywoodien (et parfois aussi la vie) le veut. Il s’agit plutôt d’une succession de coups tordus et de manipulations, techniques moins salissantes que nos sœurs maîtrisent parfaitement. Là où l’histoire devient intéressante c’est quand le réalisateur décide de s’attarder sur la première femme. On apprend alors que celle-ci est une Miss Independant et qu’elle est sur le point de se barrer avec un petit jeune ( j’apprends que c’est une chose courante au Mali). Elle quitte donc notre héros malgré sa victoire plus que probable sur sa nouvelle rivale trop occupée à étaler son nouveau statut. C’est Sokona Gakou, une star du bled présentatrice de télé,qui interpréte la première épouse, et de ce que je lis d’elle et qu’elle ne s’est pas trop forcé pour rentrer dans le rôle, preuve si il en est que le film est basé sur du réel.
Voilà pour l’histoire. Palpitant n’est ce pas ? Hélas non car c’est raconté par un Monsieur de la vielle école. Il lui faut 2h pour présenter les faits… en bambara. J’ai rien contre la langue, mais c’est difficile de suivre 2 heures de sous titres sans se taper un torticolis. Surtout que je suis à 100% sûr que le sous titrage ne restitue pas la finesse des dialogues. Donc mauvais point pour l’ouverture internationale. Le film est non seulement long mais également lent dans le rhytme. Même la bande-annonce. Non, il y’a pas de bande annonce (un comble) mais des extraits. Mais rien qu’à les voir on sent déjà qu’on va se faire ch*** un maximum. Le cinéma est censé quand même divertir un peu. Mais voilà, Monsieur Cissé est auréolé d’un trophée conquis de haute lutte à Cannes (grâce à Yeleen « La Lumière » – ndlr: introuvable en boutique et sur le net à mon grand regret car je l’ai pas encore vu). Alors la critique ne va pas trop casser sur son dos. On ne souligne pas assez qu’il ne prend pas position dans le débat de la polygamie vu qu’il se contente de présenter les faits. C’est un peu une version africain de l’émission de télé réalité Strip Tease dans laquelle on suit les protagonistes sans s’impliquer. Bon, cette critique m’a au moins permis de trouver la réponse au retard et aux problèmes de budget du film: il y a pas moins de 7 directeurs de la photo au générique. C’est vrai qu’au finish cela donne un film beau mais c’est beaucoup de monde filmer pour filmer une épisode de Ma Famille … l’humour en moins.