La nationalité a souvent été décrite comme le premier pas vers l’intégration. Il est vrai que face à une population de plus en plus multicolore et multi-culturelle, il devient difficile de leur trouver un réel dénominateur commun. Le plus facile est donc de construire un enclos et d’affirmer que tous ceux qui sont à l’intérieur sont les nôtres et tous les autres sont …les autres. Mais voilà, suites aux révolutions sociales, industrielles, aux colonisations, guerres et autres exodes, tout se beau monde s’est mélangé au point où pas mal d’anciens autres sont devenu de nouveaux nôtres et plusieurs des nôtres nous ont quittés pour devenir des autres. La question du jour est donc qui est réellement avec qui ?
Le mois passé Rama Yade, affirmait qu’elle avait renoncé à sa sénégalité au profite de sa nationalité française. C’était sans ambigüité. Auparavant, et à la veille de chaque joute sportive mondiale, une flopée de sportifs ont eu à répondre à la même question et à trancher. Cette question surgit de plus en plus, au nord comme au sud, alors que plusieurs personnes moins médiatiques revendiquent le droit à une nationalité supplémentaire.
Que l’on me comprenne bien : ils ne veulent pas devenir des citoyens du monde, ressortissant d’un grand pays qui s’appelle la Terre. Non. Ils veulent simplement ne pas avoir à choisir entre la nationalité de leur père et celle de leur mère. Et si leurs grands-parents en ont 2 autres, il les leur faut aussi.
Cette revendication semble légitime mais pose un casse tête sociale, économique et politique aux gouvernants. Ils ont déjà du adapter la législation pour pouvoir taxer les ressortissants étrangers afin de compenser la perte des leurs qui vont s’installer à l’étranger. Puis ils ont naturalisé à la pelle tous les étrangers sur leur territoire pour contrer la pénurie de main d’œuvre et de cotisants pour les retraités de demain. Aujourd’hui, ils font le constat qu’un nombre croissant de leurs citoyens disposent d’une nationalité bis qui revient au devant de la scène en fonction de l’actualité.
Tout africain connait le cas de ces compatriotes qui font apparaitre par magie un passeport européen dès qu’un coup de feu retentit dans la capitale. De ces chinois, européen de l’est ou de l’ouest avec une carte nationale leur permettant de fuir le fisc et de venir s’enrichir au soleil. Tout européen connait le cas des ces africains et américains du sud arrivés comme apatrides qui, leur carte nationale en poche, retournent à leur ancienne ambassade réclamer un passeport car payer un visa pour aller chez soit c’est débile. Ces paradoxes peuvent être amusants comme lorsque lors du France-Sénégal du Mondial 2002 où les sénefs ont tourné explicitement le dos aux bleus. Mais ils peuvent aussi être dangereux, comme dans le cas de cet élu belge qui affirmait qu’il ne prendrait jamais les armes si l’armée attaquait son ancien pays.
Tous cela pour dire que je rejoins la position des états qui ont choisi de couper la poire en deux. Le citoyen a le droit de revendiquer autant d’origines qu’il veut et posséder une collection illimitée de passeport du moment qu’il accepte qu’un seul est administrativement en vigueur à la foi et il sera traité selon sa revendication du moment. Pour le reste libre au pays de faire le commerce de ses cartes de membres, après tout c’est tout ce qui lui reste pour attirer et fidéliser la clientèle.
Un commentaire
Roberta
« Que l’on me comprenne bien : ils ne veulent pas devenir des citoyens du monde, ressortissant d’un grand pays qui s’appelle la Terre. »
Moi je veux bien devenir citoyen de la Terre, je signe où ?
Pour moi ce bout de papier avec marqué passeport, ça me sert à voyager point barre. Et je m’en passerai volontiers d’ailleurs (du papier, quoique je voyage pas beaucoup non plus).
(Et j’ai pas d’origines africaines, c’est grave ?).