Juste quand je pensais que j’allais passer une semaine tranquille v’la t’y pas que mes potes adeptes de cinémas inondent ma boite mail. Vous connaissez nos amis biblos: ils sont convaincus que le bled est un seul pays qui tient sur cent mètres carrés. Aussi dès qu’ils entendent parler d’un film sur le bled, ils s’empressent de m’avertir des fois que je ne suis pas au courant de ce qui se passe « chez moi ». Mais que voulez vous, on a les amis que l’on mérite. C’est donc sur incitation extérieur que je vais vous parler du biopic « Winnie » de Darrell Roodt comme si je venais de le voir là à l’instant.
L’idée générale:
Il n’existe que deux « Winnie » dans la mémoire collective humaine. L’un est un ours imaginaire sur lequel Walt Disney a acquis des droits d’auteur. L’autre est une personne bien réelle dont la vie ne saurait se résumer à un film quand bien même il s’agirait d’un long métrage. Il faut dire que Anne Marie du Preez Bezrob avait déjà fait le gros oeuvre en proposant son livre « Winnie Mandela: Une Vie« . Le réalisateur sud africain Darrell Roodt fait un pas de plus, en direction de ceux qui sont trop fénéans pour lire un bouquin. Nous allons donc suivre la vie de Nomzamo Winfreda Madikizela depuis son bled natale, son aventure en ville, sa rencontre avec le leader sud africain. Plus important encore, nous allons voir son combat politique au premier plan une fois que son conjoint est jeté en taule.
Ce qu’il y a de bien:
D’entrée de jeu le titre du film rétablie une forme de justice en isolant le prénom de la protagoniste. Enlever le nom de famille qu’elle a reçu de Madiba renforce cette idée défendue par plusieurs que cette dame a un poids réelle dans le paysage politico-historique sud-africain qu’elle ne doit que à elle même.
Encore une fois la réalisation du film est impeccable. On a clairement une atmosphère « gros budget » qui témoigne de la santé du cinéma Sud-Af. Il n’empêche qu’une première bande-annonce du film (nlda: rappelez vous qu’il a été présenté en 2011 déjà au Festival de Toronto) m’avait fait un peu peur car elle proposait un traitement en mode « conte de fée » alors que ceux qui ont un peux fait attention à cette période de l’histoire savent que c’était un drame permanent.
Ce qu’il y a de moins bien:
Comme tout cela est quand même une entreprise commerciale, le film doit marche, comprendre: rapporter de l’argent. On décide donc de confier les deux rôles principaux à deux américains fraîchement importés de Hollywood. Si ces derniers se sentent honorés d’incarnés des légendes vivantes, leur collègues blédards éprouvent des difficultés à voire ce genre de rôles à l’étranger. Surtout quand on ne peut pas leur rendre la monnaie de leur pièce à Hollywood. C’est sans doute de là que découle les critiques sur l’imitation de l’accent de Mandela. Perso je l’ai trouvé plus convaincant que les tentative de Morgan Freeman, Sydney Poitier ou Dany Glover. Un dernier point sur lequel je bloque est le choix de Jennifer Hudson et son visage angélique en perpétuellement émerveillement. Les frêles épaules de l’américaine peuvent certes porter la superbe chanson de Diane Warren qui habille le film. Mais incarner le caractère bien trempé d’une Winnie endurcie par un demi siècle de lutte physique et mentale contre l’apartheid c’est une autre paire de manche.
Conclusion:
Enfin un film qui remet l’église au milieu du village. Je compte m’appuyer dessus pour continuer à défendre ma thèse comme quoi Madiba est celui qu’il est uniquement grace au travail et à l’engagement de Winnie. C’est elle qui a permis de le garder dans la mémoire collective et il faut le reconnaître à sa juste valeur. Dommage quand même ici que la forme trop belle du film masque le drame qui se joue dans le fond.
Le film:
Genre: Biopic
Réalisateur: Darrell Roodt
Acteurs: Jennifer Hudson, Terrence Howard, Wendy Crewson & Elias Koteas