Nollywood est un réalité sociale et économique. Nous n’avons eu de cesse de le répéter sur ce blog. Alors que les industries cinématographiques européennes et outre atlantique sont épuisées, les yeux de cinéphiles sont tournés ailleurs. Il y a certes l’Asie, l’alternative historique, forte de son Bollywood et des cinémas Japonais, Chinois et Thai. Il faut désormais aussi s’intéresser au bled car le cinéma et un business qui se repose sur la créativité et en terme de créativité, les blédards ont des leçons a donner à plus d’un comme nous allons le voir.
Le problème:
Contrairement à ce que l’on peut croire on a déjà tout filmé au bled: des drames historiques, des drames politiques, de la romance, des meurs, du policier, de la comédie et même du porno (qui est, je le rappelle, le signe extérieur de la maturité d’un cinéma, merci au ougandais et au camerounais pour leur contribution). Mais quid de la science-fiction(SF) ? C’est quant même l’un des genres majeurs du secteur et il a toute sa place au bled. On regarde certes avec plaisir des films comme District 9 avec un certain plaisir mais le blédard n’est pas encore satisfait car l’encrage local n’est pas complet.
La solution:
Un « studio » de cinéma ghanéen (NINJA Films) se propose de relever se défi et se lance dans la production de films de SF ayant pour cadre le bled profond. Le résultat est la série de films « 2016 (Twenty Sixteen)« , »Bosam Besu (Devil May Cry) » ou encore « 12:00 (Twelve O’Clock)« .
On s’en doute nos amis ghanéens n’ont pas les moyens de l’ILM de Georges Lucas mais ils ont néanmoins la créativité de Georges Méliès. Ils décident d’exploiter la technique qui consiste à incruster dans des images réelles des images de synthèses crées à partir de jeux vidéos. Les personnages des jeux vidéos sont ainsi animés pour servir le scénario et ajouter à la scène d’action/horreur/suspens en fonction des besoins. Le résultat est visible dans la bande-annonce et ne donne lieu qu’à un commentaire : »Où puis-je me procurer ce film a.s.a.p ? »
http://www.youtube.com/watch?v=GXtOnRbNcmc
Pourquoi ça devrait marcher:
Ça va marcher pour la même raison que le studio indépendant américain The Asylum fonctionne. Nous sommes dans une époque où les « grands » studio ne prennent plus de risque et proposent de la science fiction à la gimauve (Twilight, Star Wars IV,V,VI ou encore Avatar). Il n’y a plus de place pour la fantaisie ou le gore dans sa forme la plus divertissante. Ces studios alternatifs, eux, ce sont affranchis de ces contraintes et tout est devenu possible à l’écran au grand bonheur des spectateurs. Un monstre alien qui parle akan ? Pas de problème. Un Terminator qui se balade sur une moto volante ? Pas de problème. Un karatéka qui évite un missile air-sol d’un pirouette ? Pas de problème. On retrouve donc ce fun qui caractérisait les films chinois avant qu’ils ne soient corrompus par les européens pour faire des films lents et par les américains pour donner du sens aux scènes d’action.
Pourquoi ça ne marchera pas:
Les « haterz » européens et américains ne vont pas se priver de faire la comparaison. Ils vont attaquer le contenant (la technique de montage et film) et le contenu (la plausibilité du scénario). Et nous allons leur rappeler que ce cinéma existe pour combler un vide qu’ils n’arrivent plus à combler et que de totue façon il ne s’adresse pas encore à eux.
Je note également que à chaque film les techniques d’animation et d’effets spéciaux s’améliorent. Le morphing est impeccable, les scènes de combat vivantes et les bruitages détonant. Cela ne peut aller que de mieux en mieux. Je réalise du coup que tous ces commentaires sur le fossé technologique entre le bled et le reste du monde sont à nouveau mis à mal: bien fait pour eux.