L’autre jour je suivais un débat sur le rôle de l’impôt dans la société quand un des intervenant s’est déclaré partisan convaincu du suffrage censitaire. Pour lui, les temps difficiles que nous traversons justifiait la remise à l’ordre du jour de ce mode d’imposition d’un autre age. Déjà que l’on a du mal à accepter le principe même de l’impôt quel serait le positionnement des blédards sur le sujet ? Ou plutôt, comme me le fait remarquer un acolyte qui suit le même débat, n’est ce pas déjà là le système en vigueur dans nos contrées ?
Tout d’abord, j’ai du foncer sur la (sans doute) plus grand encyclopédie en ligne en plein milieu d’un débat. Mes souvenirs scolaires sur la centaine de systèmes d’extorsion de fonds privés par l’État étaient effectivement un peu rouillés. Ce n’est qu’après que j’ai compris l’argument maître de l’intervenant. Il partait du fait que toute personne qui paie des impôts désire avoir un droit de citer sur ce que l’on en fait. Ce droit s’exprimerait principalement dans la participation au choix des gestionnaires de cette masse d’argent. Et comme, de nos jour, l’État tire « un peu trop » sur la corde, fatalement, certains citoyens se trouvent à payer significativement plus que les autres. Pour les rares imposés qui ne fuient pas le pays pour raisons « fiscales », leur appétit de décider de la direction à suivre augmente proportionnellement avec leur niveau d’imposition. Ils en arrivent au point critique où décomplexé ils crient haut et fort: c’est moi qui paie donc c’est moi qui décide.
Évidemment un tel raisonnement simpliste se heurte à deux arguments tout aussi simplistes (?). Le premier est qu’il suppose que les non-votants acceptent de vivre dans un pays où il ne peuvent que subir la volonté d’autrui. Si l’on se réfère au bled, on en arrive à la situation où le blédard deviendrait quasiment otage de son propre pays vu que les lois internationales lui interdisent d’aller chercher son bonheur ailleurs. Pris au piège, celui-ci aurait recours au second argument: Rappeler que c’est de lui et de sa misère que les nantis tirent leur fortune. Ce qui est une variation du sempiternelle dilemme de la poule et de l’œuf qui se battent pour savoir qui doit la vie à l’autre.
Mais je l’ai dit au bled on n’aime pas trop l’impôt. Soit c’est parce qu’on a aucune confiance sur ce que l’État en fait, soit simplement parce qu’on a réellement pas les moyens de le payer. Cependant les besoins eux sont bel et bien là et il faut que quelqu’un paie. C’est là où les diverses aides extérieures entrent en jeux. Je ne parles pas de celle que combat Dambisa Moyo et ses allumnis. Je parle de l’aide qui sert à payer les fonctionnaires, l’armée et d’autres services de l’État bref toutes ces choses qui pour des raisons de souveraineté nationale doivent rester entre nous. Nos États vivent pour la plupart au dessus de leurs moyens et ce sont d’autres qui paient l’impôt pour nous. Par ce biais ils nous dépossèdent à la régulière de notre fameux droit de dire ce que l’on va faire de l’argent « publique ».
Celui qui paie a-t-il le droit de vie ou de mort sur celui pour qui il paie ? La réponse est évidement non. Toute la pertinence d’avoir des hommes d’État blédards est justement d’assurer à court terme une sortie de ce état anormal que constitue la survie sous perfusion de l’appareil de l’État. Si ils réussissent, ils auront rempli leur mandat. Dans le cas contraire, nous aurons été des mendiants toute notre vie. Vu que cela fait déjà cinquante que c’est le cas il va falloir penser à conclure.