Il arrive parfois que pendant la pause publicitaire l’on ait pas d’envie pressante. On reste alors devant le petit écran et on peut assister à des commentaires intéressants. Trois pubs viennent de s’enchainer devant mes yeux et le commentaire qui revient de manière invariable, à la fin de chacun d’entre eux est: « Pourquoi ils prennent pas de vrais blédards de chez nous pour tourner ces pubs, ils croient qu’un blédard peux pas être (homme d’affaire/hôtesse/pilote/ingénieur – biffez la mention inutile) ». Ben ouais tiens c’est vrai pourquoi toutes ces pubs n’ont pas la couleur locale ?
Comme vous le savez notre observatoire indépendant de la communication au bled suit un peu se qui se fait en matière de réclame. On a ainsi pu dégager plusieurs types de campagnes publicitaires. Il y a celle du produit international auquel l’on pardonne le recours à des figures internationales (donc non locales).
Il y a aussi les pubs cent pour cent locales qui pour se donner une dimension supérieure ont recours à des visages étrangers qu’ils soient familiers ou pas.
Quoi qu’il en soit, la réaction chauvine des blédards a fini par payer et on voit de plus en plus fleurir ça et là des publicités visuellement tropicalisée. Pour tout ceux de ma génération qui ont vu du jour au lendemain le gamin qui orne le pot de margarine BlueBand se transformé d’une tête blonde à un souriant petit blédard, ce n’est que justice.
Publicité des années 80 pour la margarine Blue Band
Un ami publiciste m’a expliqué que la situation précédente n’était pas le fruit d’un racisme primaire mais plutôt d’un problème de stock d’images. Il n’existait en fait pas, jusqu’à peu, de stock de ressources images ayant pour thématique le bled. On aurait imaginé que depuis le temps tous les thématiques classiques auraient eux une petite injection opportune d’une composante visuelle blédard, ce ne fût pas le cas. La transition a donc été brusque et a pris une aspect politique inattendu, ou plutôt un aspect social.
Un premier stock a donc été constitué avec la première population qui s’est prêté au jeu: j’ai nommé les noirs américains. Hélas, et tous les blédards vous le confirmerons, un noir américain n’est pas un africain, et inversement. Dans un second temps, les créatifs ont essayé de se rapprocher du pays cible en tournant ses séquences au moins dans la sous région. Ils ont même été amené à faire des sélections sur des critères physiques afin de dégager des traits typés. Ça ressemble méchamment à du profilage ethnique et bien que ce ne soit pas évident à assumer publiquement même si c’est la rue qui le réclame. Le résultat est que même si l’on nous propose aujourd’hui des publicités plus couleur local, il y a toujours besoin d’un « screening » avant lancement pour satisfaire une rue qui fait encore la nuance entre un deux blédards sur une affiche.
Publicité des années 2000 pour la margarine Blue Band
Aujourd’hui beaucoup d’eau à coulé sous les ponts et les affiches « étrangères » sont devenues minoritaires. Mais il n’empêche que l’imagerie populaire que véhiculent les bus de transport urbain, les tags, les devantures des échoppes, témoignent de la toute faiblesse de l’imagerie blédarde. Il m’a été donné de constaté un autre élément plus positif. Le regard que la population porte sur le acteurs du secteurs à changé. On est aujourd’hui fier de compte dans sa famille ou dans ses connaissances un mannequin ou un acteur/actrice. Ce ne sont plus des professions et donc des personnes que l’on associe à des moeurs légères, et rien pour ça, je soutiens ce mouvement blédo-centrique.