Je n’en crois pas mes oreilles/yeux: le Cameroun est sur le point de lancer une nouvelle compagnie aérienne. Les Dieux auraient-ils entendus mes complaintes sur les prix totalitaires (ndla: par opposition aux prix démocratiques) pratiqués par les compagnies européennes qui monopolisent le ciel du bled ? Auraient-ils confiés au fier peuple Camer de me permettre d’aller plus souvent siroter un vin de palme en tapant la carte sous le cocotier ? C’est ce que nous allons voir.
Tel le Phœnix qui renaît de ses cendres, la Cameroon Airlines, ou CamAir pour les intimes, va reprendre son envol. Pour l’occasion, la nouvelle compagnie a décidé de revenir avec le nom plus tendance 2010 de CamAirCo. La date du vol inaugural est fixée à quelque part au premier semestre 2011. La flotte « impressionnante » de départ est de quatre avions. Un pool d’une trentaine de pilotes est dans les dernières phases de rodage et de certification pour prendre les commandes des ces belles bêtes.
Comme chez LPN on est pas que des haterz qui voient le mal partout, il y a quand même lieu de souligner certains points positifs car il y en a. Tout d’abord, et c’est un point qui me tient à cœur, avec la mort de la CamAir toute une génération de camerounai(se)s avaient mis un trait sur le rêve de gosse d’avoir une carrière dans les airs. Pilotes, mécaniciens, stewards et hôtesses de l’air: tous ces jobs jouissant d’un certain prestige et d’une sympathie certaine sont à nouveau présents sur le marché du travail.
Il y a ensuite ce petit reste de chauvinisme blédard qui se réjouit de voir un autre compagnie d’envergure rejoindre les rangs de Ethiopian et Kenya Airways qui se sentaient un peu seuls ces temps-ci. Il y a enfin, la promesse de prix plus abordable dans un espace qui, sur le papier, appairait un peu plus concurrentiel.
Un avion de la CamAir du temps de sa superbe (source).
Cependant, un vieux dicton d’Afrique Centrale me trotte dans la tête: « Les danseurs ont changé mais le rythme est toujours le même« . C’est ce que je crains le plus avec CamAirCo. Voyez plutôt le tableau. le DG de la compagnie, Alex Van Elk, est un mundélé appointé par décret présidentiel. Il en va de même d’un nombre impressionnant de membres du conseil d’administration, qu’ils soient éminent universitaires ou fonctionnaires détachés par les ministères de tutelles. Cela me choque car nous somme en 2010 et il a été démontré à plusieurs reprises que le modèle de compagnie aérienne étatique est obsolète. Vous voulez un nom ? Je vous en donne sept: Sabena, Suissair, Alitalia, TAP mais aussi Air Afrique, Air Zaïre, et bien sur Cameroon Airlines.
Le salut d’une compagnie moderne tient dans son degré d’indépendance par rapport à l’État de tutelle. On attend d’une telle société qu’elle soit réactive, agressive, performante et qu’elle gagne de l’argent. Et si l’État veut sa part du gâteau, elle aura toujours les impôts versés par la compagnie: après tout ils sont faits pour cela. Dans le cas de la CamAirCo, je crois hélas que les dirigeants camerounais ont préféré suivre la maxime vietnamienne: « Si l’argent ne te permet pas d’obtenir quelque chose, Tu l’obtiendras avec beaucoup beaucoup d’argent« .