La reconversion après le mandat national suprême c’est dur. J’ai eu l’occasion de le montrer pour nos frères blédards mais c’est également le cas pour nos voisins un peu plus au Nord. Tenez, prenez Tony Blair, en quittant le 10 Downing Street il est apparu sur le radar du bled, Pourquoi ? Tentons de voir clair dans ce choix de carrière pour le moins surprenant.
A 56 ans, Anthony Charles Lynton Blair n’est pas un vieux. Surtout étant donné les standards actuels de l’espérance de vie en générale et de la vie politique en particulier. Non, Tony Blair est encore dans la fleur de l’âge et il peut servir. Mais servir qui ? Telle est la question. Une chose est claire: il ne peux pas retourner dans les affaires anglaises, cela ne se fait pas de ce côté ci de la méditerranée.
Une autre chose est devenu clair la semaine dernière, l’Europe, l’institution, ne veut pas de lui, elle non plus. Contrairement à son calcul initial, sa stature internationale héritée de son passage aux plus hautes fonctions britanniques a joué en sa défaveur. Qu’à cela ne tienne, son calcul initial était de se mettre au service de la paix dans le monde. Pour se faire il met sur pied la Tony Blair Faith Foundation. « Faith » (La Foi), ? Sérieusement ? Eh bien oui , et pas le concept général, il s’agit bien de cette « foi » là, celle des églises, des mosquées, des synagogues, des monastères et j’en passe. Blair est convaincu que c’est là, la racine du problème qui mine les relations entre les peuples. Faire coexister les religions sainement permet de (re)établir la paix et d’éradiquer la pauvreté comme il a si bien montré lors de l’intervention en Iraq.
Tony Blaire en croisade (source)
Mr Blair a l’air de s’attaquer à une énorme montagne et il est intéressant de voir qui va le suivre sur ce chemin. Un européen autre que le pape qui s’avance « religieusement » à découvert ça passe mal en Europe de l’Ouest . C’est que Blair a quasiment fait un « coming out » religieux en affichant tel un Bush être souvent guidé par sa « foi » dans ses choix et ses décisions. Cette révélation est mal passée en Angleterre où on lui a demandé de mettre son côté obscure en veilleuse. Mais maintenant qu’il est libre de ses « mouvements » Blair cherche un terrain propice. Il est devenu médiateur avec le Moyen-Orient mais également, et c’est ce qui nous intéresse, médiateur avec le bled.
Car le bled, c’est bien connu, les discours au parfum religieux cela ne nous effraie pas, pire mieux ça attire l’attention. Alors lorsque ce discours et associé à un discours sur le pognon business on est toute ouïe. Quels pays ont-été les plus réceptifs à ce nouveau « sorcier blanc » (d’où le titre de ce billet, vous avez compris le jeu de mot ? malin n’est-ce pas ? – ndla) ? Le Rwanda et la Sierra Léone.
Son cheval de bataille: la Africa Governance Initiative. Son programme: aider. Aider ? Ce mot est trop général voire vague. Et c’est là où Blair pose un problème. Ne sachant pas ce qu’il fait exactement et ce en quoi il aide, on lui attribue tous les changements ératiques constatés dans les pays « bénéficiant » de ses conseils. Par exemple les rwandais lui attribuent le revirement anglophone du pays au détriment du français. C’est oublier que Blair, lui, est francophile et passe toutes ses vacances dans sa propriété du sud de la France. Blair affirme amener avec lui un carnet d’adresse impressionnant contenant investisseurs et businessmen près à relancer (entre autre) le tourisme en Sierra-Leone. J’en suis fort aise mais il est étrange que ce soit un néophyte qui stimule l’intérêt économique dans un pays. D’autant que pour ce faire il utilise un langage plus proche du politique et de religieux que de la froide logique commerciale.
Tony Blair apparaît incontestablement comme « un croisé » aux yeux de pas mal d’observateurs. Il est mû par une passion pour son sujet qui oblige à adopter une réaction binaire. Soit on est allergique à l’odeur de souffre qui entoure tout ce qui est mystique (ou tout simplement allergique au « petit-déjeuner d’affaire en prière » a.k.a « Prayer Breakfeat » -ndla) et on évite le monsieur. Soit on est ouvert à ses propositions et son engagement et on le fréquente au risque de le voire truster le devant de la scène. Car en terme de hold-up d’image, je ne vois pas de différence entre l’approche Blair et l’approche Bono.
Un commentaire
Eddy
Que Blair nous excuse et qu’il aille tranquillement cultiver ses patates. Quand il était prime minister avec tout ce pouvoir a sa disposition il n’a pas pu jouer le médiateur, c’est maintenant qu’il est parti qu’il le fera?
Qu’il aille à picadilly circus amuser la galerie.