Chaque jour qui passe, des évènements viennent nous tirer de nos altitudes avec nos idéaux d’un monde parfait et nous ramener les pieds sur terre à la réalité. En l’occurrence, il s’agit aujourd’hui de la polémique qui entoure le droit à l’accès à l’espace aérien belge, et par delà européen, par les compagnies du bled. La fameuse liste noire des avions n’ayant pas le droite de battre d’une aile dans le ciel occidental est bien une réalité aujourd’hui mais les rares compagnies du bled qui subsistent ne comptent se faire chasser sans avoir livré au préalable un bataille homérique.
Lorsqu’un avion se casse la figure cela coute très cher. D’abord en vies humaine qui, nous le savons tous sont à priori inestimables, (mais les avocats et les assurances ont réussi à se mettre d’accord sur un prix par tête de pipe – nlda), puis en matériel, et enfin, et c’est l’effet dont la rémanence est la plus grande: en confiance. Confiance dans la compagnie aérienne impliquée mais également dans toute l’aviation en général. Une aviation à l’arrêt c’est un énorme manque à gagner que je ne vais même pas essayer de chiffrer ici. Aussi, quand on commence à trop lui taper là où cela fait mal ( dans le portefeuille pour les rares qui n’ont pas compris – ndla), l’autorité riposte par des signes forts qui permettent de ramener le pognon la confiance. Dans le cas de l’aviation, faute d’un accord à l’échelle internationale, les européens se sont organisés et ont décidés de mettre en place une liste noire de compagnies qu’elle ne souhaite pas voire s’écraser sur leur sol survoler leur espace aérien. Mais comme toute intention, même bonne, qui passe trop facilement, elle comportait semble-t-il un agenda caché. Il s’agissait sous la couvert de sauver des vies d’empêcher à toutes les petites compagnies d’aviations qui pullulaient dans le ciel d’un secteur devenu soudainement trop petit de nuire.
Stavros Papaioannou, PDG de Hewa Bora Airways (source rtbf)
C’est en substance et si l’on en croit son PDG, Stavros Papaioannou (<ironie>un nom bien de chez nous vous en conviendrez </ironie>- ndla), ce qui s’est passé pour la compagnie Hewa Bora Airways de RD Congo. Elle a été interdite de voler au dessus du sol belge et bientôt européen vu que la commission chargée du suivit de la liste noire des compagnies/avions indésirables va bientôt se réunir. On est tenté à chaud de pousser un coup de gueule pour ce David contre le Goliath belge (rien que d’écrire Goliath belge ça me fait mourir de rire surtout quand David c’est le RDC – ndla). Car lorsque l’on creuse l’affaire et ce en se limitant aux faits, l’on voit des éléments troublants de tous les côtés. Tout d’abord l’avion a été précédemment immatriculé au Congo et depuis immatriculé à … Sao Tomé et Principé. C’est ce qui explique que l’interdiction de vol a été décernée par l’autorité de ce pays. Hewa Bora a donc cherché à dribbler la législation. Plus étrange est le fait que l’on apprend que l’avion de location utilisé pour déservir la Belgique est un ancien zinc de Air Gabon retapé suite à une inspection diligenté par la même direction. C’est donc un avion conforme qui est dans les airs. D’un autre côté, Sao Tomé est dans le collimateur des inspecteurs car il permet, à l’instar de ce qui se passe dans la marine, de décerner moyennant finance des numéros de matricule de complaisance. Mais alors, qui est-ce qui a donc pu attirer l’attention de la commission sur le cas particulier de ce petit pays ? Ne serait-ce pas le très gourmand Brussels Airlines (BA) ? Comme je vous l’ai déjà indiqué lors de papiers précédents, cette compagnie ne doit ses bons résultat que à sa quasi mains mise sur des destinations clefs spécifiquement en Afrique. Hors, l’histoire aidant, Kinshasa est une destination clef pour l’héritier de l’empire de la Sabena. Avec Hewa Bora, qui avait cassé les prix sur l’axe Kin-BXL, hors jeu BA se retrouve en position de monopole de fait sur la liaison directe Europe Afrique comme il l’est déjà dans des pays comme le Rwanda ou le Cameroun. Il peut même envisager de récupérer les créneaux ainsi libérés.
Un avion de Hewa Bora Airways (source 7sur7)
Ce que cette affaire révèle et qui est symptomatique dans le business de groupe internationaux en général et dans l’aviation en particulier, c’est la collusion quasi systématique entre les affaires privés et les affaires politiques. Il est vrai que c’est l’autorité politique qui a le pouvoir de légiférer en la matière, mais il ne faut pas être naïf car le « crime » profite à une compagnie qui bien que privée paie ses impôts dans le Royaume d’Albert II. Il ne faut donc pas s’étonner que dans sa riposte, Hewa Bora et … le gouvernement congolais s’en prennent directement au gouvernement belge sans passer par la case BA. Cette affaire rappelle en tout point celle de l’Avion Cargo rwandais qui avait été immobilisé par les même services de l’aviation belge provocant une réaction immédiate de l’autorité de Kigali qui avait cloué au sol les avions de Brussels Airlines. Que retenir de ce jeu de « je te tiens tu me tiens par la barbichette ?« . Premièrement, que le recours à l’autorité politique comme argument massue pour prendre l’avantage sur un marché doit cesser car il est pour moi assimilable à un cas de corruption manifeste. Que d’autre part si il y a une telle bagarre au sommet pour ces axes aériens c’est que le jeu en vaut réellement la chandelle et que les bénéfices sont substantiels. Si c’est bien le cas, comme je m’en doute, les passages qui empruntent ces vols méritent des avions surs et à la hauteur du prix exorbitant qu’ils déboursent. Mêmement, les compagnies du bled doivent être plus ambitieuse et ne pas nous proposer des avions bas de gamme et de seconde main. Non seulement la taille et le poids du marché le permettent mais tout manquement à ce standing sera exploité par nos compétiteurs occidentaux pour nous éliminer d’un jeu dans lequel nous sommes entré en connaissance de cause. A bon entendeur …
Un commentaire
Roberta
Tu as oublié de dire que Hewa Bora était censé avoir un codeshare avec SN… C’est pas clair leurs jeux à tous les deux.
Mais faut aussi nettoyer le bled… de sa propre corruption. En RDC, n’importe quoi vole (d’où l’interdiction), les contrôles tiennent de la corruption pure et simple, les avions appartiennent à des proches du pouvoir (sauf Hewa Bora, à un grec, puisque tu en parles). Les avions de RDC sont de véritables poubelles volantes. Ceux de Sao Tomé apparemment sont pareils, s’ils jouent à l’immatriculation de complaisance.
Et les assurances pour des avions immatriculés dans ces pays coutent très, très cher. En gros, parce que les avions ne sont pas controlés / controlés par des inspecteurs corrompus / sans pouvoir, les assurances (obligés de se couvrir) reviennent si chers qu’il est impossible de faire assurer un avion récent à prix décent.
http://tinyurl.com/l7jeom et (suite) http://tinyurl.com/mdg9fx
Les vols Paris-NY en classe éco sont souvent rentables parce que les compagnies aériennes arrivent à vendre des billets très très chers aux personnes qui se font rembourser le billet (clientèle d’affaire surtout quoi), et les billets vendus les moins chers servent à remplir l’avion. En Afrique, il n’y a pas trop de bussinessmen, ça n’aide pas à faire baisser le billet à des clients plus lambdas.
En plus on peut pas dire que les compagnies aériennes se gavent ; la pluspart sont à peines rentables (dont SN connue pour être mal en point malgré ses tarifs, et sur le point d’être rachetée).