Si il y a une coutume universelle c’est bien celle de la dot. Que ce soit avec des vaches, des moutons, des pagnes, de l’huile, ou en sonnant est trébuchant, il faut à un moment ou à un autre passer à la caisse avant de pouvoir être publiquement reconnu comme mari et femme. Mais voilà que l’Ouganda déclare la pratique illégale. Il y aurait donc eu des dérives dans l’application de la coutume ? Quelle surprise !
La loi, c’est généralement la traduction dans les textes régissant la société de coutumes ancestrales. Ce qui amène à les mettre par écrit, c’est surtout le fait que l’on souhaite lever l’ambigüité sur l’interprétation de la coutume. C’est également le cas lorsque l’on se rend compte qu’une coutume à pris une importance considérable vu le nombre de personnes impliquées et que l’on ne peut pas la laisser entre les mains de personnes choisies « au hasard ». C’est, enfin, lorsqu’on se rend compte que les sommes en jeu sont trop importantes pour que l’État laisse perdurer une telle activité sans prélever le tribu qu’il se doit sur ces transactions. C’est pour ces trois raisons que la dot est mise à l’indexe aujourd’hui en Ouganda et , je l’espère, bientôt partout ailleurs au bled.
Car pour toute belle facette de la chose il existe un pendant négatif et les dérapages sont enregistrés tant auprès des familles que chez les (futurs) époux eux-même. Prenons par exemple l’ambigüité de la procédure. Elle existe essentiellement du côté des jeunes qui veulent simplement se marier et se retrouvent face à une foule de personnes leur annonçant mille choses contradictoires qu’ils doivent absolument passer par là pour être en conformité. Ils cèdent souvent car il n’ont aucun repère sur la jurisprudence (la charade affirme que les enfants n’ont jamais vu le mariage de leur parents – ndla) pourvu qu’à la fin on les reconnaisse comme mari et femme.
Mais il arrive aussi que les même jeunes soient parfaitement au fait des us et les utilisent à leur avantage l’un pour manipuler l’autre. Les homme ougandais avaient, semble-t-il, la fâcheuse tendance de croire que payer la dot (note au lecteurs européens: dans la majeure partie de l’Afrique c’est l’homme qui paie la dot, je sais ça m’énerve aussi ) leur donnait droit de vie et de mort sur leur femme. De la même manière, qui n’a jamais entendu une blédard qui estime qu’elle ne peux pas partir « comme ça pour rien« , qu’elle vaut plus de vache ou de casier de bières que sa copine ou qu’elle ne rentrerait pas dans l’église si elle n’y arrive pas en limousine. Il est clair que si tout ce charabia était consigné dans un texte ce serait plus facile pour tout le monde… surtout pour ceux qui paient.
Mais pourquoi se donner tant de mal ? Parce que cette coutume est bel est bien encrée et même à 10 heures en avion du bled, il est fortement conseillé d’y souscrire sous peine que la honte (menace suprême pour un blédard – ndla) rejaillisse sur toute la famille des futurs époux. Mais alors pourquoi rendre la chose illégale et pas plutôt légiférer ?
Mariage à Ourossogui (source)
Le but ici est de couper l’herbe sous les pieds de tous ces rapaces qui profitent de l’évènement pour saigner soit la famille en vis-à-vis soit le couple qui n’a même pas encore les moyens de démarrer dans la vie. La levée de bouclier des femmes ougandaises maltraitées et humiliées après avoir été dotées trouve ici son sens mais elle révèle également un aspect plus fondamental.
C’est que la dot traduisait jusque là le lien qui va unir les familles des époux. Mais aujourd’hui, dans le 21eme siècle de l’individualisme roi, la famille n’est pas nécessaire au couple. C’est généralement un garçon et un fille qui décident de faire un bout de chemin ensemble et pas une tractation entre deux familles. Plus encore, on note que régulièrement il ne sont pas du même village, du même pays et parfois du même continent: quel coutume suivre ? La réalité administrative imposée par l’obligation de passer devant le maire n’arrange rien car le mariage coutumier est inscrit dans la loi presque partout au bled. Mais heureusement la réalité économique permet de revoir les prétentions des uns et des autres à la baisse quitte même à faire fi de cette coutume. Merci les sub primes et Vive la crise !
7 Commentaires
Eddy
Légiférer la dot? Hum, je suis sceptique.
Tu imagines le jeune Nq’agula Mathlotesi portant plainte à sa future belle famille pour dot non conforme?
Quelque chose me dit que ce n’est pas forcément le genre d’action qui multipliera ses chances d’épouser enfin sa dulcinée. Surtout si, pour épicer le tout, (futur)beau-papa est condamné.
Citation: « Mais aujourd’hui, dans le 21eme siècle de l’individualisme roi, la famille n’est pas nécessaire au couple. » (fin de citation)
Parle pour toi là bas mon gars !!!!!
1. Qui t’a dit que c’est le siècle de l’individualisme roi? Il faut arrêter avec ces histoires que c’est les toubabs qui décident pour la terre entière.
2. Qui t’a dit que ce sont tous les couples qui estiment que la famille n’est pas necessaire?
Dear MastaP, you are asking for it, aren’t you?!
Citation: « Les homme ougandais avaient, semble-t-il, la fâcheuse tendance de croire que payer la dot (..) leur donnait droit de vie et de mort sur leur femme. » (fin de citation)
Ah zut. On m’aurait donc menti. lol.
Là par contre on peut légiférer. Mais ca n’a rien à voir avec la dot. C’est une autre ficelle de string.
MastaP
@Eddy – légiféré la dot est dans l’air du temps vu que personne ne veut s’en débarrasser pour de bon. Les procès en remboursement de dot se multiplient justement en Ouganda ( par exemple quand l’un des membre du couple est stérile ). Pour ta 2eme remarque, il faut comprendre « pas besoins de leur famille pour vivre car autonome ». Je ne dis pas que les gars et les gos ont renié leur famille, c’est juste qu’ils ne sont plus aussi financièrement dépendant d’eux et donc peuvent faire leurs propres choix, notamment en matière de mariage.
Eddy
Autant pour moi. J’avais compris légiférer dans le sens que c’est la loi qui dit comment ca doit se passer, avec les montants maxi (ou mini) autorisés, etc, etc.
Coup-sur-coup, 3 billets sur les pagnes, la dot et l’infidélité. Doit-on, chers capos de LPN, conclure des conclusions?
lutgarde
Le symbolisme de la dot est essentiel car il fait parti de l’identité d’un peuple .De nos jour , la dot est devenu une affaire de gros sous !! Et beaucoup de filles sont devenu des marchandises pour leur famille . C’est ça le problème !!!
JJ
Question : comment faire lorsque dans le pays du et de la mariée, c’est la famille de la femme qui doit doter (pays asiatiques) ?
😉
MastaP
@JJ – le problème reste le même car là c’est la famille du mari qui fait le rapace. Rappelles toi « les chasseurs de dot » des siècles passés en France, c’est le même combat.
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