Je reviens sur l’incident qui a marqué la visité du Secrétaire d’Etat américain Madame Hillary R. Clinton au bled. Lors d’une séance questions et réponses, Madame Clinton s’est montrée très remontée contre un étudiant qui venait de lui demander l’avis de son mari sur une question de politique extérieure, son domaine de compétence à elle. Une fois n’est pas coutume, c’est le cheminement mental de ce jeune homme plutôt que le fond de sa question qui retient notre attention: mais qu’est ce qu’il lui a pris ?
Le pétage de câble de Hillary R. Clinton a fait buzzer le Net et les médias en général et pour cause. Ce n’est pas tout les jour que l’on voit une personne à ce poste céder à un coup de sang en terre étrangère. Mais dans le cas présent, je soutiens la réaction de « Hilldog » et je pense même qu’elle aurait été en droit d’aller encore plus loin. Mais elle est resté très correcte dans son choix de mots tout en manifestant un agacement clair dans le ton et la gestuelle. Revenons à ce petit garnement. Il a amplifié la polémique en venant présenter ses excuses à Hilldog après la séance en citant « une erreur des interprètes dans la traduction de sa question » (il est francophone et a posé sa question en français – nlda). Mal lui en a pris car nous sommes en 2009 et tout est enregistré en 25 versions. Après recoupe des enregistrements il semble que les traducteurs ont bien traduit. Il a peut être fait une erreur en disant Clinton au lieu de Obama mais c’est tout aussi grave de se tromper de président à ce stade. La deuxième pierre, je la jette aux médias qui n’ont fait que des gros titres sur le coup de sang de Hilldog plutôt que sur l’impétuosité et le machisme déplacé de l’étudiant. Au lieu de « Un étudiant manque de respect à Hillary Clinton« , les journaux titraient tous « Hillary Clinton s’enerve en public » images à l’appui. C’est là encore l’illustration du fait que les médias ont des ordres de priorité en termes de sensationnel. Ainsi la colère d’une grande figure politique est plus intéressante que l’obscure étudiant qui a provoqué cette colère. Plus intéressante même que le sujet de la question dont ils ont volontiers laissé le traitement à un autre confrère (mais lequel ?).
http://www.youtube.com/watch?v=dgF_PZg3EwY
Le bled est encore une fois prisonnier d’une image non pertinente de l’étranger qui conduit à des erreurs diplomatiques à répétition. C’est surtout le cas quand il s’agit d’aborder les thèmes de société ou bien lorsque les minorités sont concernés. Bien sur le bled n’as pas le monopole de ce genre de bourde, mais c’est lui qui nous intéresse ici. Les bledards ont le droit d’avoir leur conception des choses, leur us et leurs coutumes. Mais une fois sur la scène international, il y a un ajustement a effectué et c’est dans cette exercice que les bledards pèchent. Ainsi il n’est pas très malin d’insulter publiquement les gays alors que le Ministre ou Maire en charge de signer l’aide l’enveloppe d’aide au développement l’est ouvertement dans son pays. C’est encore plus flagrant quand il y a une femme dans l’équation. La plupart des pays modernes ont des femmes dans des fonctions importantes et stratégiques voir au plus haut rang du pays. Traiter ses femmes selon les habitudes déplacés du bled par exemple en croyant qu’une femme n’est que la voix de son mari est extrêmement grave … et préjudiciable. Après l’incident de Kinshasa je pense que Mme Clinton y réfléchira à deux fois avant de donner un avis favorable à une implication accrue de son gouvernement dans les affaires RD Congolaise.
2 Commentaires
Jean Luc Houédanou
Ce n’est pas vraiment un « pétage de plombs » à mon avis : elle ne fait que donner un complément d’information à ce journaliste.
philcoub
« Traiter ses femmes selon les habitudes déplacés du bled », je pense que tu fais déjà là un jugement de valeur (trop généralisé), ce que tu reproches à la plupart des blédards.
De plus, je ne sais pas si le journaliste a bien exprimé ce qu’il voulait dire car le sens général de la question ne cadrait pas avec le contexte. Pourquoi évoquer Bill (volontairement) sachant qu’il n’a aucune fonction officiel et ne s’était jamais prononcé sur le sujet auparavant ? Ca le journaliste le savait, il n’est pas crétin je suppose.
En outre, ce journaliste ne représente personne à part lui-même et son canard; s’agissant de nos diplomates je ne crois pas qu’ils seraient assez indélicats pour prendre des positions hasardeuses en public et à l’étranger.
Enfin, la scène se passe au Congo et c’est plutôt Hillary qui aurait dû ne pas prendre la mouche et prendre de la hauteur par rapport à ce jeune journaliste qui au fond n’intéresse personne.