Le nom est désormais familier pour tous ceux qui suivent l’actualité de la musique des musiciens africains en Europe. Pour tous les autres, « le Phénomène Ngulu » (« ngulu » est le nom donné au cochon dans la plupart des langues bantoues – ndla) est le nom donnée au trafic de visas vers l’Europe supposé ou constaté et orchestré (c’est le cas de dire) par les musiciens africains qui viennent effectuer une tournée en occident. Revenons sur une pratique en fin de vie.
Le 17 Février 2003, un coup de tonnerre retentissait dans le ciel de la musique africain: Shungu Wembadio alias Papa Wemba était interpelé à la frontière française. Que lui reprochait-on ? Selon les conclusions du procès qui s’en est suivit on lu reproche son « aide apporté au séjour irrégulier de clandestins sous couvert de ses activités musicales« . Le phénomène ngulu venait d’être révélé au grand jour. Pourtant le plan était sans faille. Tu t’enrôles dans une formation musicale genre Viva La Musica dans une fonction essentielle au bon fonctionnement de l’ensemble musicale. Puis tu embarques avec un visa en bonne et due forme avec le reste de la troupe dans une tournée européenne ou américaine au cours de laquelle tu disparais mystérieusement. Tu apparais à nouveau quelque mois plus tard dans une capitale européenne avec des papiers de réfugier et, à la prochaine vague de régularisation, tu deviens résident permanent. Coup de l’opération ? Quelques milliers d’euros à verser à la star qui est à l’origine de ce « visa artiste » (sans doute une nouvelle sous branche apparue après le visa étudiant et le visa touriste – ndla). Un superbe plan donc pour contourner la muraille qui entoure l’espace Shengen et qui ne bloque les passant que dans le sans Sud/Nord. Mais voilà ces consuls honoraires des pays européens ont sans doute eu les yeux plus gros que le ventre. D’une pratique qui était marginale, c’est devenu une chose systématique. A chaque tournée la composition de l’orchestre changeait. Il était difficile d’expliquer une telle déperdition de personnel en l’espace d’une seule année ( et parfois moins). Surtout lorsque l’on motive leur enrôlement par leurs qualités uniques dans le pays. De plus, quand on ouvre une dossier de demande de visa pour un « 15eme choriste » ou « 23eme danseur spécialisé en ndombolo variante katangaise« , ça fini par mettre la puce à l’oreille des autorités chargées d’octroyer les documents de voyage.
Sans vouloir revenir sur la polémique et la résolution de l’affaire Wemba, il faut remarquer qu’il y a du bon et du mauvais dans la découverte du pot au rose. D’une part ça remet les artistes au pas. Ils ont tendance à faire tout sauf de la musique car les temps sont durs et les budgets pharaoniennes des année 90 ont disparus. Plus négatif c’est que cela crée une jurisprudence néfaste à tous les autres artistes qui eux veulent vraiment bouger du bled pour montrer leur art. Aussi assiste-t-on depuis 3 ou 4 ans à des scandales de refus d’attribution de visas au grand dame des mélomanes en générale et des organisateur s de festivals en particulier. En 2008, le célébrissime Couleur Café comptais sur « Konono Numero 1 » pour casser la barque à Bruxelle et a fait choux blanc (jeux de mot involontaire – ndla). De même, d’autres groupes voient leur concert annulés car le temps que les autorités passent au peigne fin tous les dossiers de leur entourage, les dates de tournées sont déjà dépassées. J’ai l’air de stigmatiser les musiciens congolais dans mon billet mais le phénomène touche tous les groupes et formations d’Afrique et d’Amérique du Sud. Une suspicion systématique se manifeste dès que nos artistes veulent venir défendre leur travail à l’extérieur du bled. Il existe cependant au moins une parade derrière laquelle on retrouve les artistes. Il s’agit d’apprendre à travailler en parallèle avec deux formations. Une basée au pays et une autre à l’extérieur avec généralement un statut de résident européen. Il devient alors difficile de synchroniser musique et chorégraphie mais les équipes deviennent plus internationale ( car trouver un congolais doué à chaque poste relève de l’impossible – nlda ). L’artiste gagnera aussi en ouverture et en visibilité dans des publiques auxquels il n’aurait jamais eu accès sans cela. Comme quoi à toute chose malheur est bon.
2 Commentaires
pec
La théorie de la double formation est intéressante, mais ce n’est plus de l’art, c’est du bricolage. soit tu es un artiste du bled, et tu viens vendre ton talent basé sur ce que tu ressens là-bas, soit tu es un artiste d’ici d’origine blédard. Le cul entre deux chaises, je ne connais personne à qui cela a marché. Sauf si tu considères, le sis ouvent nommé dans ton papier Papa Wemba comme une réussite
mybookmart
La théorie de la double formation est très joli deux thumbs up pour cela 🙂